Santander émet pour 20 millions de dollars d’obligations sur Ethereum

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La finance classique a déjà fait plusieurs incursions sur blockchains, notamment lorsque la Société Générale avait émis des obligations tokenisées sur Ethereum en avril dernier. Cette fois, c’est le groupe bancaire espagnol Santander qui s’y met, en émettant une obligation annoncée comme “gérée de bout en bout via blockchain”. Mais est-ce une réelle avancée pour l’heure ? Nous allons le voir ensemble dans cet article.

Des obligations supposément “end-to-end” sur Ethereum

Dans un communiqué de presse publié ce 12 septembre, le groupe Santander annonce avoir utilisé la “nouvelle technologie disruptive” de “la blockchain”, pour émettre 20 millions de dollars d’obligations. Très enthousiasmée par cette technologie, la banque Santander explique que cette émission d’obligations est “plus rapide, plus efficace et plus simple” grâce à l’utilisation de la blockchain Ethereum.

Une des branches du groupe bancaire, Santander Securities Services, agit en tant “qu’agent de tokenisation” et est le dépositaire des clés privées liées aux tokens. Dans le même temps, la Santander Corporate and Investment Banking (CIB) tient le rôle de courtier pour l’émission.

Une fois de plus, c’est la blockchain Ethereum (ETH) qui a été utilisée pour cette tokenisation d’obligations. La banque s’est appuyée sur les services de la startup londonienne Nivaura, spécialisée dans les solutions de numérisation et d’automatisation des processus clés des marchés financiers ; ainsi que sur les conseils juridiques du cabinet d’avocats international Allen & Overy.

“Santander est à l’avant-garde de la profonde transformation numérique du secteur financier et cette émission en est un exemple. Nous voulons tirer profit de toute technologie qui peut accélérer ce processus (…) et la blockchain est l’une de ces technologies”, José García Cantera, directeur financier de Banco Santander.

Contacté, Vivien Brunot, expert blockchain à PwC, nous a expliqué qu’il s’agissait d’une avancée intéressante :

“La grande nouveauté dans cette émission est le fait qu’il y ait un système de double token, permettant que le cash soit représenté sur une blockchain – publique, qui plus est. A mon sens, c’est vers là que va aller le marché dans le futur, c’est donc une étape majeure. Les stablecoins étant appelés à être un sujet d’intérêt sur l’année à venir au sein des milieux financiers traditionnels, il s’agit d’une étape de plus, laquelle s’inscrit dans un mouvement de fond.”

L’ombre du gadget marketing

Même s’il est toujours agréable de voir les banques s’ouvrir à des innovations qu’elles ont un certain temps préféré ignorer, il convient de se demander si cette émission d’obligations n’est pas plus un coup marketing de Santander – surfant sur la hype “blockchain” – qu’une véritable innovation.

Sébastien Meunier, directeur au cabinet de conseil Chappuis Halder avait déjà été critique à ce sujet à l’époque de l’émission d’obligations par la Société Générale. Il a fait la déclaration suivante au Journal du Coin à propos de l’opération effectuée par la Banque Santander :

“Le seul intérêt de ces obligations, c’est si l’acheteur veut recevoir les coupons en ETH. Sinon, cela reste un produit centralisé, géré entièrement par Santander, dans lequel Ethereum est utilisé comme un logiciel tiers. Il se trouve qu’existent justement déjà des dizaines de logiciels tiers pour émettre des obligations. [Ce nouveau fonctionnement] introduit de nouveaux risques en termes de gestion des fournisseurs de services. (…) Pour ce pilote, le nombre d’intermédiaires a même augmenté avec la participation de la startup Nivaura et des avocats Allen & Overy. C’est donc essentiellement un exercice de marketing (…)”.

S’il n’est pas question de critiquer par principe les initiatives de modernisation bancaire,  il semble pour le moins que “la révolution blockchain” puisse tout aussi bien poser question. Quel rôle reconnaître à ces nouveaux actifs tokenisés ? Réelles innovations financières ou coups de com’ occasionnels ? Au moins, le débat semble désormais ouvert.

Rémy R.

Issu d’une formation universitaire en Sciences, je m’intéresse aux blockchains et à Bitcoin depuis 2013 et en ai même miné à l’époque. La bulle qui s'en est suivie m'en a détourné, mais je m'y suis replongé depuis 2017 et les étudie depuis avec passion.

Commentaires

Une réponse à “Santander émet pour 20 millions de dollars d’obligations sur Ethereum


Maxime
Vous passez à côté de la question du risque de cotrepartie, celui de vendre sans être payé. En passant par ethereum, un système d'escrow peut garantir que l'argent sera bien remis et vérifiant que l'acteur est solvable. Et en soit, c'est une petite révolution.
Répondre · Il y a 5 ans

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