Ethereum : retour sur une année 2023 haute en couleur
Lancée en 2015, la blockchain Ethereum a démocratisé le concept de smart contract. S’en sont ensuivi plusieurs années d’évolution au cours desquels Ethereum a été un vivier d’innovation. L’année 2023 se clôture, c’est le moment opportun pour faire une rétrospective de l’année d’Ethereum.
Ethereum : bilan à la fin 2022
The Merge : la transition au Proof of Stake
Avant d’entrer dans le vif du sujet, revenons sur l’état d’Ethereum avant le passage en 2023. Ainsi, septembre 2022 a été marqué par une mise à jour majeure d’Ethereum, à savoir The Merge.
Pour rappel, la mise à jour The Merge est venue modifier le système de consensus d’Ethereum. Ainsi, cette mise à jour a finalisé la transition du Proof of Work au Proof of Stake.
Cela a notamment apporté des modifications en termes d’architecture. Désormais, Ethereum est une blockchain à deux couches :
- Consensus layer : qui gère la couche de consensus et héberge les nœuds validateurs ;
- Execution layer : la couche applicative d’Ethereum, où s’exécutent l’EVM et l’ensemble des smart contracts ;
Néanmoins, à la fin de l’année 2022, une pièce majeure manque encore au Proof of Stake : les retraits. En effet, à l’approche de 2023, les validateurs n’étaient toujours pas en mesure de retirer le collatéral de leur nœud, ou même les récompenses accrues.
La décentralisation
Peu après The Merge, un phénomène inquiétant a été observé sur Ethereum. En effet, la majorité des transactions validées sur le réseau étaient OFAC compliant, à savoir qu’elles respectaient les recommandations de l’Office of Foreign Assets Control des États-Unis. Une situation que Morgan nous avait alors parfaitement expliquée.
En pratique, cette censure est survenue après l’ajout de Tornado Cash à la liste noire du Trésor américain. Une situation de censure dramatique sur une blockchain. L’ensemble des acteurs de l’écosystème s’accordait sur le fait qu’il fallait lutter contre cette censure en 2023.
Maintenant que nous avons fait un bref tour de la situation d’Ethereum à la fin de l’année 2022, voyons comment celle-ci a évolué en 2023.
L’année 2023 d’Ethereum
Comme nous venons de l’aborder, 2023 était une année pleine de défis et d’atermoiements sur Ethereum. Après les nombreux reports de The Merge et du passage au Proof of Stake, les attentes des utilisateurs étaient à leur plus haut.
Shanghai : la libération des ETH
L’année a plutôt bien commencé pour Ethereum avec le déploiement au mois d’avril de la tant attendue mise à jour Shanghai. Il s’agit là de la mise à jour la plus attendue, car c’est elle qui ouvre la possibilité de retirer les ETH déposés en staking.
De surcroît, elle a également permis aux validateurs de récupérer les récompenses jusqu’ici accumulées par leur nœud. À ce moment-là, de nombreux détracteurs d’Ethereum prédisaient une fuite massive des ETH.
Finalement, depuis l’ouverture des retraits, 6,2 millions d’ETH ont été retirés. Toutefois, ces retraits ont largement été compensés par les dépôts massifs. Ainsi, depuis l’ouverture du consensus layer, le nombre d’ETH déposés en staking n’a cessé d’augmenter. Une victoire d’Ethereum contre ses détracteurs.
2023 : l’année des layers 2 sur Ethereum
En 2022, Ethereum a changé la direction de sa feuille de route, notamment vis-à-vis du problème de scalabilité. Ainsi, les développeurs ont pris la décision d’orienter le réseau vers un paradigme dit « rollup-centric », à savoir que la scalabilité passerait par l’avènement des rollups.
Pour rappel, les rollups sont des solutions de seconde couche d’Ethereum. Ces derniers proposent un écosystème semblable à Ethereum avec une implémentation de l’EVM, tout en disposant de bien meilleures performances.
Vous l’aurez sans doute remarqué, l’année 2023 aura été marquée par l’essor massif des layers 2 sur Ethereum. Ainsi, en un an, la TVL des L2 a été multipliée par plus de 3 en passant d’un peu plus de 4 milliards de dollars à près de 16 milliards de dollars.
En tête de file de cet écosystème, nous retrouvons 3 solutions qui ont marqué 2023 :
- Arbitrum, avec 8 milliards de dollars de TVL, a notamment fait parler de lui lors de son airdrop ;
- Optimism et ses 4,5 milliards de dollars de TVL, qui a, lui aussi, réalisé un airdrop à ses premiers utilisateurs ;
- Base, le layer 2 de Coinbase, qui bien qu’il ait été lancé bien après ses concurrents, a su attirer 680 millions de dollars de TVL.
Comme le montre le site L2Beat, les layers 2 permettent à Ethereum de traiter environ 5 fois plus de transactions. Ainsi, Ethereum traite en moyenne une grosse dizaine de transactions par seconde, alors que l’ensemble des L2 qui évoluent en parallèle peuvent en traiter plus d’une quarantaine.
À noter que les layers 2 de type Optimistic Rollup restent les L2 les plus utilisés. De leur côté, les zk-Rollups ont tout de même largement évolué en 2023 avec le lancement de plusieurs mainnets, tels que celui de zkSync Era.
Lido menace Ethereum
En parallèle du passage au Proof of Stake, de nombreux protocoles dits de Liquid Staking ont vu le jour sur Ethereum. Pour rappel, ces protocoles permettent de participer au staking d’Ethereum, sans avoir à bloquer ses ETH dans un validateur. En effet, le protocole Lido va émettre un jeton qui représente le dépôt en ETH, qui pourra ensuite être échangé sur un DEX ou utilisé dans la DeFi. Cela permet de rendre bien plus liquide le marché du staking sur Ethereum.
Toutefois, le succès de Lido a été tel qu’il commence à menacer Ethereum. Effectivement, le protocole Lido concentre actuellement 31,7 % de l’ensemble des ETH déposés en staking. Une situation dangereuse, car elle pourrait mener à une centralisation excessive autour du protocole. Cela ferait de Lido un point de défaillance unique du système Ethereum.
Espérons qu’en 2024 de nouvelles solutions viennent rétablir cette situation de monopole grandissante.
Lutte contre la censure
Comme nous l’avons abordé précédemment, en parallèle de l’affaire Tornado Cash, Ethereum a été témoin d’un important phénomène de censure en 2022. Heureusement, celui-ci semble avoir été résolu en 2023.
Ainsi, un peu plus de 30 % des blocs produits sur Ethereum appliquent les recommandations de l’OFAC. Cela représente une diminution de plus de moitié en comparaison avec 2022, où jusqu’à 70 % des transactions étaient OFAC compilant.
Cette diminution a notamment été permise par FlashBot. En effet, l’entreprise a petit à petit publié son code source manière ouverte. Par conséquent, de nouveaux opérateurs, basés hors des USA ont pu démarrer leur activité. Cela a nettement réduit la dépendance du réseau Ethereum vis-à-vis des bloc proposer et bloc producer nord-américains.
Des millions de dollars perdus en hacks
Malgré ces évolutions et transitions réussies, 2023 n’aura pas été toute rose pour autant pour Ethereum. En effet, le réseau a une fois de plus été la proie des hackers et autres arnaqueurs.
Ainsi, l’année 2023 n’aura pas échappé aux attaques de protocoles DeFi, notamment sur Ethereum.
Parmi les attaques les plus marquantes, nous avons le hack de Euler Finance en mars dernier avec près de 200 millions de dollars dérobés. Une vulnérabilité était présente dans les arrondis de montants.
Nous pouvons également citer le hack de Curve Finance en juillet dernier et ses 60 millions de dollars dérobés. Le protocole était sujet à une faille de type reentrancy.
Ou encore de Kyber Network qui s’est fait dérober plus de 50 millions de dollars à la fin du mois de novembre.
Il ne s’agit là que des plus gros cas de hacks. Malheureusement, il existe des dizaines d’autres cas, tels que Sturdy Finance, Conic Finance ou encore Balancer.
Ainsi, malgré l’essor et l’innovation constante de la DeFi, les smart contracts restent fréquemment sujets aux failles et aux attaques. Espérons que cette tendance aux hacks puisse être enfin endiguée en 2024.
Les évolutions à venir en 2024
Comme nous venons de le voir, 2023 a été une année riche en évolution et en innovation sur Ethereum.
Évidemment, les développeurs ne vont pas relâcher leurs efforts en 2024 et de nombreuses mises à jour sont déjà envisagées.
Ainsi, au premier trimestre de 2024, la mise à jour Cancun-Deneb devrait être déployée sur le mainnet d’Ethereum. Cette mise à jour introduira notamment l’EIP-4844, aussi connu sous le nom de « Proto-Danksharding ».
Sans entrer dans le détail, cette mise à jour vise à créer un nouveau type de transaction dédiée au stockage de données on-chain. Cette évolution permettra entre autres une nette amélioration des performances des layers 2 ainsi qu’une réduction des frais de transactions sur ces solutions de seconde couche.
Toutefois, aucune date exacte n’a pour le moment été annoncée. Cependant, les retours des développeurs durant les divers devnets semblent jusqu’à présent positifs.
Quoi qu’il en soit, l’année 2024 promet, elle aussi, de nombreuses évolutions sur Ethereum. Peut-être sera-t-elle aussi l’année d’un nouveau bull run et pourquoi pas de nouveaux records au niveau du cours de l’ETH.