Airdrop sur les L2 en 2024 : entre pluie de jetons et frustration communautaire
L’année 2023 avait été marquée par le premier essor des layers-2 (L2) et autres rollups sur Ethereum. En 2024, cet élan s’est largement poursuivi, amenant les L2 d’Ethereum à plus de 60 milliards de dollars de TVL cumulées. En parallèle de cette expansion, plusieurs rollups ont dévoilé leur jeton de gouvernance via un airdrop. Starknet, ZKsync, Scroll ou encore Blast, les airdrops de layers-2 se sont multipliés. Entre distributions colossales et frustrations communautaires, les jetons de L2 ne sont pas passés inaperçus.
L2 en 2024 : airdrops en pagaille
En 2024, plusieurs Layer-2 majeurs ont pris la scène d’assaut avec des airdrops massifs. Une stratégie déjà éprouvée par Optimism en 2022, puis Arbitrum en 2023.
Évidemment, un airdrop a pour objectif de récompenser les premiers utilisateurs tout en stimulant l’activité sur les L2. Starknet, zkSync, Mode Network, Blast et Scroll se sont tour à tour lancés dans la course aux utilisateurs.
Starknet : 700 millions de jetons STRK pour inaugurer l’année
Début 2024, la Fondation Starknet frappe un grand coup en annonçant l’airdrop de 700 millions de jetons STRK.
De quoi raviver la ferveur autour de Starknet, qui pouvait jusqu’ici peiner à attirer les utilisateurs. Un plan bien huilé non ? Eh bien, pas tout à fait.
Rapidement, des voix s’élèvent. Les récompenses sont jugées insuffisantes par une partie des utilisateurs. De plus, le processus de sélection des adresses éligibles soulève de nombreux débats.
Une situation dramatique pour Starknet, dont l’airdrop n’aura eu comme seul effet de diviser sa communauté.
Mode Network et Blast : des débuts prometteurs
Dans cette ambiance partagée, Mode Network et Blast ont tenté une approche différente. En effet, les deux projets ont mené des campagnes de points en amont de l’airdrop. Une méthode qui permet de mesurer l’activité de chaque utilisateur et de les récompenser à la hauteur de cette activité.
Mode ouvre la danse le 7 mai, avec la distribution de 500 millions de jetons MODE à ses utilisateurs. Une fois n’est pas coutume, cet airdrop a été reçu de manière mitigée par les utilisateurs. En effet, les plus gros portefeuilles et les influenceurs ayant partagé leurs liens de referral ont, semble-t-il, été les grands gagnants de cet airdrop. Au plus grand désarroi des petits utilisateurs.
Quant à Blast, le layer-2 a distribué 17 milliards de jetons via son airdrop à la fin du mois de juin. La réception communautaire de cet airdrop aura été relativement similaire à celle de Mode. Un échec de plus.
ZKsync Era : l’airdrop de tous les espoirs… et des déceptions
Avec 3,6 milliards de jetons distribués à près de 700 000 adresses, ZKsync semblait avoir toutes les cartes en main pour réussir.
Pourtant, à peine quelques semaines après l’annonce, les chiffres parlent d’eux-mêmes : la TVL chute et les volumes s’effondrent. Les utilisateurs fuient pour une autre blockchain. La « malédiction des L2 » frappe encore. Entre déception et farming intensif, Zksync illustre que les airdrops ne suffisent plus pour construire une base d’utilisateurs fidèles.
L’autre face des airdrops : qui farm qui ?
Si 2024 reste une année particulièrement riche en airdrops, elle marque également un important changement de paradigme. En effet, les airdrops ne sont plus des événements magiques, à l’exception de quelques cas épars, capables de créer une adoption durable.
D’après les données compilées par L2Beat, les chiffres parlent d’eux-mêmes. La TVL et l’activité sur ZKsync Era se sont effondrées quelques semaines après l’airdrop.
Et cela se comprend, les « airdrop farmers » venus uniquement pour l’airdrop, ont déjà mis les voiles vers une autre chaîne.
Et cela n’impacte pas seulement ZKsync. En effet, la majorité, si ce n’est tous les L2, ayant mené des airdrops ont vu leurs métriques s’effondrer dans les jours qui ont suivi la distribution.
Enfin, certains projets ont mal géré l’annonce et les critères de leur airdrop. Entre promesses floues, manque de transparence et sélections arbitraires, les airdrops ont parfois généré plus de frustration que d’enthousiasme. Les utilisateurs, lassés de voir des projets profiter de l’engouement autour des airdrops sans réelle stratégie à long terme, ont répondu par leur départ.
La chute s’arrêtera-t-elle ?
Au-delà des déceptions liées aux airdrops eux-mêmes, le cours des tokens de L2 a principalement chuté après leur airdrop. Certains ont profité des récentes hausses du marché crypto, sans pour autant atteindre ou dépasser leur ATH.
Plusieurs facteurs expliquent cette dégringolade, et les allocations substantielles aux investisseurs institutionnels n’y sont pas étrangères.
De nombreux projets L2 ont réservé une part importante de leurs tokens aux venture capitalists (VC) et autres investisseurs en parallèle de leur airdrop communautaire. Si cette stratégie permet d’assurer un financement au projet, elle est loin d’être parfaite. En effet, ces acteurs, en quête de retours sur investissement rapides, peuvent exercer une pression vendeuse significative dès que leurs jetons sont débloqués.
Une situation qui avait entraîné la colère des détenteurs de jetons STARK. Face à la pression, la Fondation Starknet avait revu le calendrier de déblocage des jetons dédiés aux investisseurs. Sans pour autant réussir à maintenir le cours de son jeton.
Au fil de l’année, les airdrops des layers-2 sont devenus des événements de plus en plus anecdotiques, suite à de nombreuses déceptions. Toutefois, le récent airdrop du layer-1 Hyperliquid pourrait bien amener d’autres projets à proposer des jetons 100 % communautaires.