Le futur de Bitcoin

Comme nous l'avons précédemment évoqué, l'intérêt des institutionnels joue un rôle considérable sur Bitcoin et son adoption. Pour autant, c'est loin d'être le seul élément à exercer une influence sur le cours des événements. Dans cet article, nous étudierons plusieurs facteurs qui ont ou auront un impact sur son avenir, afin que vous puissiez vous faire une idée des différents scénarios envisageables. Quel est le futur de ce cash numérique décentralisé, qui suscite à la fois enthousiasme et méfiance ? Tirons (ou plutôt trions) les cartes ensemble pour tenter de le savoir.

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Le positionnement des États

Bien que décentralisé et n'appartenant à aucun pays ou entreprise, Bitcoin joue une partie de son avenir sur le positionnement que prennent et prendront les États à son égard. Comme nous l'avons vu dans l'article précédent, les législateurs de la majorité des pays du monde ont encore du mal à se prononcer clairement. Leurs avis restent souvent ambigus et changeants.

Le positionnement de nombreux pays tend néanmoins à s'éclaircir, les législateurs commençant progressivement à s'informer et à comprendre les enjeux derrière Bitcoin et les cryptomonnaies. Il s'agit pour eux d'un sujet délicat, impliquant des facteurs écologiques, économiques, sociaux et politiques.

Du cadre réglementaire à l'adoption en tant que monnaie officielle, en passant par sa reconnaissance en tant qu'actif à part entière, différents éléments du ressort des États entrent en jeu pour l'avenir de Bitcoin.

Le cadre réglementaire

La réglementation est évidemment un facteur déterminant pour l'avenir de Bitcoin. Si les législateurs d'une grande partie du continent africain ne se sont pas encore penchés sur son cas, la majorité du reste du monde a statué sur son caractère légal ou non. Comme vous pouvez le constater sur la carte ci-dessous (qui aura peut-être évoluée au moment où vous lirez ces lignes), la légalité l'emporte largement.

Map monde de la légalité du Bitcoin et des cryptomonnaies
Map monde de la légalité du Bitcoin et des cryptomonnaies

Mais cela ne suffit pas à promettre un avenir radieux à Bitcoin. En effet, si la légalisation est un point de départ essentiel, le cadre réglementaire doit être étudié dans son ensemble, notamment en ce qui concerne le régime fiscal et les règles d'utilisation qui s'appliquent à Bitcoin.

Ainsi, un régime fiscal trop contraignant et/ou des règles d'utilisation trop complexes peuvent freiner son adoption en repoussant une grande partie des utilisateurs. À l’inverse, un cadre simple et souple concernant sa taxation, sa comptabilisation et son utilisation pourrait faciliter son intégration dans le système financier traditionnel.

Le cadre accordé aux entreprises, qu'elles proposent des services autour de Bitcoin ou qu'elles participent à sa sécurisation via le minage, joue également un rôle primordial. Si certains comme la Chine se montrent toujours réticents, d'autres, comme l'Indonésie entendent bien profiter de cet actif pour attirer des capitaux sur leurs territoires.

En résumé, une bonne partie de l'avenir de Bitcoin dépendra de la latitude qui sera laissée aux agents économiques pour l'épouser.

L'adoption étatique

L’adoption étatique de Bitcoin est un autre facteur qui influencera son avenir. En plus d'autoriser son usage pour payer des biens et des services, des pays pourraient décider d'offrir à leurs citoyens la possibilité de l'utiliser pour s’acquitter de leurs obligations fiscales en offrant à Bitcoin un cours légal.

À l'heure de l'écriture de ces lignes, seuls deux pays ont déjà franchi le pas : le Salvador et la Centrafrique. Si l'aventure continue en Amérique Centrale, elle aura cependant été de courte durée en Centrafrique où le pays a revu sa copie quelques mois seulement après l'adoption initiale.

Le fait de voir d’autres États adopter Bitcoin comme monnaie officielle ou outil d'indexation pourrait être un levier très puissant pour son adoption. Certains États ou Banques centrales pourraient aussi adopter une stratégie d'acquisition de bitcoins (si ce n'est pas déjà le cas), comme ils le font pour d'autres actifs. Bitcoin deviendrait alors, encore plus qu'il ne l'est aujourd'hui, un facteur géopolitique clé.

Vous l'aurez compris, le positionnement des États aura quoi qu'il arrive une incidence importante sur la façon dont Bitcoin se développera.

Le positionnement de la finance traditionnelle

Comme évoqué dans l'article précédent, les acteurs du secteur privé ont eu une incidence importante sur la façon dont Bitcoin s'est développé. Le comportement qu'adoptera le monde de la finance, en particulier, devrait continuer de jouer un rôle majeur pour Bitcoin.

En effet, comme l'a prouvé le succès du lancement des ETF Bitcoin au comptant aux États-Unis, les acteurs de la finance traditionnelle ont les capacités de mettre un coup de projecteur important sur Bitcoin. Certains d'entre eux, comme BlackRock, ont même le pouvoir d'influencer directement les décisions des États et institutions internationales.

Ainsi, ces mastodontes du monde de la finance pourraient être à l'origine de nouveaux produits financiers construits autour de Bitcoin, provoquant un afflux de liquidités croissant et sa légitimation en tant qu'actif financier à part entière. Fatalement, cela se ressentirait sur son prix dont l'appréciation jouerait un effet boule de neige.

En effet, si la hausse du prix du Bitcoin ne dit rien de ses véritables qualités fondamentales (qui sont ce qui importe vraiment), il est évident qu'elle participe et participera à attirer de plus en plus d'investisseurs et de potentiels utilisateurs. Combien d'entre nous sont arrivés sur ce marché par cupidité et y sont aussi restés par intérêt idéologique ?

Bien sûr, l'implication croissante d'acteurs privés pourrait aussi avoir une incidence néfaste sur la décentralisation du Bitcoin et plus globalement sur l'ensemble de ses caractéristiques intrinsèques. Beaucoup craignent que leur ingérence dénature progressivement Bitcoin, d'un point de vue idéologique mais aussi technique.

Puisque le fonctionnement de Bitcoin repose sur un consensus décentralisé, son avenir est l'affaire de tous. C'est donc à ses utilisateurs et aux acteurs du réseau de veiller à ce qu'il conserve ses fondamentaux.

Le contexte global

Beaucoup considèrent que Bitcoin est un actif de « crise » qui profite et profitera de la déliquescence de nos sociétés et particulièrement de nos économies. Que cela soit vrai ou non, il est certain que le contexte global dans lequel évoluera Bitcoin aura un impact important sur son avenir.

Le climat économique et social

Déliquescence de nos économies

Effondrement des monnaies dettes

Inflation incontrôlée

Accroissement des inégalités

Reparler des exemples de Chypre, Liban... Si nos économies continuent de se dégrader, cela pourrait profiter à Bitcoin et pousser les citoyens à se détourner des systèmes traditionnels. Adoption accrue en période d'incertitude économique ? Recherche d'alternative ?

Bitcoin s'affirmera-t-il comme réserve de valeur de référence ?

La pire chose qui pourrait arriver serait que nos institutions redressent la barre.

Au même titre que le cadre réglementaire, le contexte social peut avoir un impact positif ou négatif sur l’adoption de Bitcoin.

D’un côté, le contexte social peut mener à l’adoption de Bitcoin, créant des opportunités et des motivations pour son usage. Par exemple, dans les pays où le système financier est instable, corrompu ou censuré, Bitcoin peut offrir une alternative sécurisée, transparente et libre pour accéder à des services financiers. Au sein de la population connectée et éduquée, il peut susciter l’intérêt et la curiosité grâce à son potentiel technologique et économique.

De l'autre côté, le contexte social peut aussi entraver l’adoption de Bitcoin. Comme vous pourrez le lire dans cet article, l'insécurité, le manque d'éducation et la pauvreté peuvent être des freins majeurs à l'adoption de Bitcoin.

Par ailleurs, s'il existe des pays où le système financier est stable, régulé et efficace. Échanger ou épargner en bitcoins peut sembler inutile ou risqué en comparaison avec ce qu'offrent les monnaies traditionnelles. De plus, une population âgée, méfiante ou conservatrice peut être la source d'une indifférence ou d'un rejet de Bitcoin à cause de son caractère nouveau et éminemment disruptif.

Vous constaterez donc que le problème est très complexe, car de nombreux facteurs sociaux interconnectés, et qui s'opposent parfois, entrent en jeu. En d'autres termes, une partie de ceux qui auraient tout intérêt à adopter Bitcoin n'en ont pas forcément la possibilité, tandis qu'une partie de ceux qui le peuvent n'y voient pas forcément l'intérêt.

Les conflits géopolitiques

Bitcoin actif refuge en cas de crise géopolitique, de guerre ?

Bitcoin utilisé pour contourner les sanctions internationales ?

La vision de la communauté et les cas d'usage

Ironiquement, la communauté Bitcoin qui souhaiterait voir les conservateurs du monde financiers actuels s'ouvrir au changement, est elle-même très conservatrice en ce qui concerne Bitcoin. Le moindre changement au sein du protocole est très longuement étudié et débattu avant d'être appliqué par le biais des BIP.

Depuis 2009, les choses ont cependant bien évolué et les possibilités offertes par Bitcoin sont de plus en plus nombreuses.

Aujourd'hui, Bitcoin est principalement utilisé à des fins spéculatives et en tant que réserve de valeur. Il est encore rare que le jeton soit utilisé comme monnaie d'échange pour des biens ou des services. Quand c'est le cas, le peu de commerces et de professionnels qui les acceptent transforment souvent immédiatement les BTC reçus en monnaies fiat pour éviter de subir la volatilité du cours du jeton.

Mais d'autres cas d'usages ont vu le jour, et sont loin de faire l'unanimité.

Une partie de la communauté reste très attachée au projet originel de Satoshi Nakamoto : celle d'un cash électronique échangeable de pair à pair. Ils considèrent que Bitcoin se suffit à lui-même comme réserve de valeur et moyen d’échange. Ils ne veulent pas s’éloigner de ses principes fondamentaux qui sont la simplicité, la sécurité et la décentralisation, craignant de compromettre la stabilité et la fiabilité du réseau.

D'autres cependant y développent de nouveaux outils, permettant notamment de voir les avancées d'Ethereum arriver sur Bitcoin. Ils y voient une opportunité de renforcer l’utilité et la valeur de Bitcoin, en lui offrant de nouvelles fonctionnalités et possibilités.

Comme nous l'avons vu précédemment personne ne peut imposer sa vision aux autres, et la communauté doit forcément se mettre d'accord pour avancer. Néanmoins, il est possible pour les nouveautés qui ne demandent pas de modifier le code de Bitcoin Core d'être mise au point par des individus isolés, laissant le choix aux usagers du réseau de les utiliser ou non.

Voici quelques-unes des utilisations actuelles qui n'avaient pas été prévues par Satoshi, et qui pourront avoir des conséquences importantes sur l'adoption de Bitcoin et le prix de son jeton.

Différence entre ceux qui voient l'innovation d'un bon oeil car des frais supplémentaires et donc survie du réseau et ceux qui se disent que c'est une atteinte à l'idée originelle.

Horodatage et preuves numériques

La fonction d'horodatage des blocs et l'immuabilité de la blockchain sont utilisées par certains pour créer des preuves numériques irréfutables.

Des sociétés, comme la start-up française Woleet, offre des applications qui utilisent Bitcoin pour permettre à leurs clients d'horodater et de certifier (à l'aide de signatures électroniques) n'importe quel type de documents numériques.

Bien que possible dès le premier bloc, il aura fallu attendre quelques années que la blockchain ait fait ses preuves en termes de résilience pour que ces solutions soient crédibles, et même reconnues légalement par de nombreux Etats.

Peu répandue et peu consommatrice de ressources, cette utilisation de Bitcoin passe inaperçue aux yeux de la communauté et n'impacte aucunement le fonctionnement du réseau.

Les comptes multisignature et les dépôts fiduciaires

Le langage Script offre des possibilités très limitées en termes de programmation de contrats intelligents, mais elles ne sont pas pour autant inexistantes.

Les deux utilisations les plus courantes qui en sont faites sont :

  • Les comptes multisignatures : il s'agit de comptes pour lesquels un nombre de signatures prédéfini est nécessaire pour déclencher des transactions. Les signatures sont distribuées aux différents participants, et les BTC ne peuvent être envoyés que s'il y a suffisamment de signatures pour une transaction.
  • Le dépôt fiduciaire (escrow en anglais) : Bitcoin peut servir à désigner un tier de confiance pour arbitrer un paiement entre 2 parties qui ne se méfient l'un de l'autre. Cette fonctionnalité est utilisée pour sécuriser des transactions faisant intervenir des événements ayant lieu en dehors de la blockchain. Par exemple si un utilisateur commande de la marchandise en ligne et paye en Bitcoin, il peut faire appel à un escrow, capable d'annuler la transaction s'il ne reçoit pas ses biens.

Les ordinals

Ordinals sur Bitcoin

Lancés en janvier 2023 les Ordinals sont l'exemple même d'une innovation qui offrant de nouvelles possibilités qui divise la communauté. Elle permet d'associer des données numériques (texte, images, vidéos...) à des satoshis (la plus petite fraction d'un bitcoin).

Les satoshis sont numérotés en fonction de leur ordre d'apparition sur la blockchain (à l'instar des numéros sur les billets de banques). Ils deviennent ainsi tous uniques, et donc non fongiles. Il est ensuite possible d'y associer des données grâce à un processus nommé « inscription ».

Les satoshis deviennent donc des NFT (Non Fungible Token), et apporte à Bitcoin toutes les possibilités qui vont avec ce type de jeton. Vous pouvez vous reporter à notre chapitre sur les NFT METTRE UN LIEN VERS L'ARTICLE pour plus d'information à ce sujet.

La création et l'échange d'art et d'objets de collection numériques sur Bitcoin sont complètement différents de l'utilisation financière pour laquelle le réseau avait été conçu.

Le développeur qui en est à l'origine, Casey Rodarmor, a travaillé de son côté, sans avoir besoin de l'aval de la communauté car il n'a pas eu besoin de modifier le code source de Bitcoin. Il a profité de l'augmentation de la taille des blocs permise par SegWit et Taproot, et a « déguisé » les données inscrites sur les satoshis en code, pour qu'elles puissent être insérées sur la blockchain malgré les limites en vigueurs.

Si cela à permis d'élargir les possibilités d'utilisation de Bitcoin, les millions de NFTs créés et échangés ont aussi eu d'autres conséquences sur le réseau. La hausse de l’activité a engendré plusieurs fois une importante congestion sur le réseau, ce qui a entraîné une augmentation significative des frais de transaction (financières ou non) et de la taille de la blockchain.

Car l'invention de Casey, initialement destinée à la création d'art et de NFT, a été « détournée » en mars 2023 par un certain Domo qui l'a utilisé pour créer les BRC20, (la version Bitcoin des ERC20 d'Ethereum) qui sont des jetons fongibles. La plupart de ceux qui existent sont des memecoins qui n'ont aucune utilité et encombrent simplement la blockchain.

Toutes ces nouveautés ont soulevé des préoccupations au sein de la communauté, les utilisateurs du système de paiement originel étant pénalisés par ces nouvelles fonctionnalités. Aussi certains présentent les Ordinals comme l'exploitation d'une faille dans Bitcoin Core, et ont proposé une version du logiciel (la v27) permettant d'empêcher d'en créer de nouveaux (ce qui sont déjà sur la blockchain y resteront).

Les mineurs seront donc bientôt (courant 2024) libres de l'installer ou non, suivant s'ils trouvent cette utilisation du réseau légitime ou non. Les BTC qu'ils reçoivent du fait de l'augmentation des frais, et l'intérêt du public pour les Ordinals sont deux éléments qui permettent de douter quant à leur prise de position.

S'ils sont loin de faire l'unanimité, les Oridinals semblent néanmoins avoir ouvert la voie à une nouvelle vague d’innovations sur Bitcoin. Comme vous pourrez le lire ci-dessous, certaines solutions permettant de conserver les avantages offerts par les Ordinals en supprimant leur impact néfaste sur le réseau devraient bientôt être disponibles.

Le futur de Bitcoin : Aspects technologiques

Développement technologique et adoption vont de pair. L'accélération de l'un entraînerait sûrement l'accélération de l'autre.

L'orientation des développements est aussi intimement liée à la vision de la communauté comme nous venons de l'évoquer. En effet, Bitcoin n’a pas de roadmap officielle et évolue selon les contributions et les consensus de la communauté. Les avancées technologiques qui sont possibles ne verront peut-être pas le jour si elles s'opposent à la vision du plus grand nombre.

Quoi qu'il en soit, le projet a déjà bien évolué depuis 2009, et de nombreuses améliorations sont actuellement à l'étude et en cours de développement.

Il nous est impossible de savoir lesquelles aboutiront tant elles sont nombreuses. Nous vous en présentons néanmoins quelques-unes ci-dessous qui pourraient avoir un impact sur l'adoption. Certaines exigent une modification de Bitcoin Core, d'autres non. Afin de rendre ce papier lisible, nous les classons ci-dessous par catégorie, mais nombreuses sont celles qui ont leur place dans plusieurs d'entre elles.

Les améliorations du protocole Ordinal

Protocole Rune : l'amélioration « officielle » des BRC20

Développé par Casey Rodarmor, l'homme derrière Ordinal, ce protocole a été implémenté sur Bitcoin à partir du premier bloc (840 000) qui a suivi le halving du 20 avril 2024. Cette date à été choisie par l'équipe pour marquer les esprits. La renommé du développeur et le « marketing » autour du projet en a fait un événement très attendu par la communauté.

Le protocole représente en quelque sorte comme une amélioration de ce que proposent les BRC20 sur Ordinal. Il permet de déployer facilement des jetons fongibles sur Bitcoin.

Il simplifie et à améliore l’efficacité des transactions Bitcoin en utilisant le modèle des UTXO pour réduire la congestion et les frais de transactions liés aux Ordinals. Il résout notamment le problème principal des BRC20 qui engendrent une création excessive d'UTXO.

L'équipe autour de Roadrmor présente Rune comme la étant la version « officielle » des ERC20 sur Bitcoin, car conçue par le créateur d'Ordinal. Aujourd'hui, les runes et les BRC20 se font concurrence, et de très nombreux projets sur Ordinals sont déjà positionnés pour utiliser Rune.

Le protocole est encore très jeune et des améliorations sont attendues afin qu'il puisse être pleinement exploité.

Aujourd'hui l'immense majorité des Runes sont des memecoins, et la spéculation à court terme fait rage. On devrait cependant assister prochainement aux déploiements de nouveaux altcoins (METRRE UN LIEN VERS LE CHAPITRE) ayant une utilité réelle.

Protocole TAP : une autre amélioration des BRC20

Le protocole TAP (Tokenised Asset Protocol), développé par Benny, à aussi pour objectif d'améliorer les BRC20. Benny étant beaucoup moins connu que Casey Roadarmor, le protocole est beaucoup moins populaire même s'il a été annoncé bien avant et est déjà lancé.

Il en est pour l'instant à ses balbutiements, mais devrait permettre, à terme, de déployer des jetons, des plateformes de swap, des bridges, des jeux et de nombreuses autres choses sur le réseau Bitcoin.

Protocole Atomicals

Le protocole Atomicals s'est inspiré du protocole Ordinal. Il ne s'appuie pas dessus pour son fonctionnement, mais permet aussi de déployer des jetons fongibles (les ARC20) et non fongibles sur Bitcoin, ainsi que d'autres fonctionnalités.

Nous n'entrerons pas dans les détails techniques ici car Atomical est encore très peu développé et utilisé, mais promet d'être intéressant si l'équipe arrive à délivrer ce qu'elle annonce.

Les améliorations en matière de sécurité

Securité

OP_VAULT : une protection contre le vol

OP_VAULT est une proposition d’amélioration qui permettrait de créer des vaults, c’est-à-dire des coffres-forts numériques ayant pour but de protéger les bitcoins qu'ils contiendraient contre le vol.

Un vault est une adresse spéciale, qui permet de définir un délai et une adresse de récupération pour dépenser les bitcoins qu’il contient. Si un voleur tentait de dérober les bitcoins contenus sur un vault, son propriétaire aurait un temps pour réagir et rediriger ses bitcoins vers une autre adresse sécurisée.

Fedimint : les banques chaumiennes fédérées

Fonctionnement de Fedmint
Fonctionnement de Fedimint

Fedimint (abréviation de Federated Chaumian Mint (ou « banque chaumienne fédérée » en français) vise à offrir une solution intermédiaire entre la gestion individuelle et la délégation totale de ses bitcoins à un tiers de confiance.

Avec ce protocole, les BTC d'un individu sont gérés par une communauté plutôt que par un tiers de confiance unique, comme c'est le cas avec les plateformes d'échanges centralisées. Les transactions sont faites de manière confidentielle, c’est-à-dire sans que la communauté sache qui transfère combien de bitcoins à qui.

Fedimint représente un compromis pouvant aider à l'adoption de Bitcoin, les fonds étant sécurisés par des gardiens de confiance de la communauté, les autres membres pouvant se contenter d'y déposer leur BTC pour ensuite les dépenser comme bon leur semble.

Les améliorations pour alléger la blockchain

CISA : réduire la taille des transactions

CISA (pour Cross-Input Signature Aggregation) est un protocole qui permet de réduire le poids des transactions Bitcoin en agrégeant les signatures de plusieurs entrées en une seule signature. Il pourrait améliorer la scalabilité et la confidentialité du réseau Bitcoin, tout en en réduisant les frais de transaction.

UTreeXO : alléger l'état de la blockchain

Proposé par Thaddeus « Tadge » Dryja, chercheur au MIT Digital Currency Initiative, UTreeXO est un projet qui vise à réduire la taille de l’ensemble des sorties de transactions non dépensées (UTXO), qui représente l’état actuel de la blockchain Bitcoin.

Au lieu de stocker tous les UTXO, UTreeXO utilise un accumulateur cryptographique, qui est une structure de données compacte permettant de prouver l’appartenance d’un élément à un ensemble sans révéler son contenu. Ainsi, les nœuds qui utilisent Utreexo n'ont besoin de se baser que sur l’accumulateur et les preuves correspondantes pour valider les transactions. Cela diminue l’espace de stockage, la bande passante et le temps de synchronisation nécessaires.

UTreeXO est compatible avec le protocole actuel de Bitcoin et ne nécessite pas de modification du consensus.

Les améliorations concernant la confidentialité

PTLCs : améliorer le caractère privé des transactions

Les PTLCs (Point Time Locked Contracts) sont des contrats conditionnels qui peuvent remplacer les HTLCs (Hash Time Locked Contracts) dans les canaux de paiement du Lightning Network. Sans entrer dans des détails techniques qui pourraient être compliqués, les PTLCs peuvent améliorer le caractère privé des transactions et utiliser moins d'espace de bloc.

Silent Payments

Le Silent Payments est un système dont l'objectif est d'accroître la confidentialité des transactions en bitcoins. Il permettrait d’envoyer des bitcoins à une adresse unique pour chaque transaction, même si le destinataire a fourni une adresse réutilisable (hors chaîne).

Liquid Network : un layer 2 pour améliorer la scalabilité et la confidentialité de Bitcoin

Liquid Network est une deuxième couche qui permet de transférer de Bitcoin de manière plus rapide et confidentielle que le layer 1. Elle permet aussi d'émettre et de transférer d'autres jetons (stablecoins...).

Les améliorations qui démultiplient les possibilités

L'OP_CAT et la BIP 420

L'OP_CAT est opcode (code opérationnel) qui avait été désactivé par Satoshi Nakamoto en 2010 pour des raisons de sécurité.

La proposition d'amélioration BIP 420 parue le 22 avril 2024 et écrite par Udi Wertheimer, co-fondateur de Taproot Wizards, propose de le réintroduire sur Bitcoin.

L'OP_CAT permet la concaténation de deux valeurs présentes sur la pile. Cela démultiplierait les possibilités de créations de contrats intelligents par les développeurs. Ils pourraient, en quelques dizaines de lignes de code, déployer des bridges avec d'autres blockchains, créer des plateformes d'échanges décentralisées, vérifier des preuves à divulgations nulle de connaissances, etc...

Au cas où il serait accepter par la communauté, ce BIP changerait profondément l'usage de Bitcoin qui deviendrait bien plus qu'un simple système de paiement électronique de pair à pair.

Un simple soft fork suffirait à le mettre en place.

ZeroSync : améliorer la synchronisation des nœuds

Initialement développée sur Ethereum, ZeroSync est un projet qui vise à améliorer la synchronisation des nœuds du réseau Bitcoin.

Le projet est déjà bien avancé et un prototype fonctionnel a notamment permis aux utilisateurs de valider l’état et l’historique des transactions de la blockchain, sans avoir à en télécharger l’intégralité de la ni faire confiance à un tiers. Il ne peut cependant pas encore vérifier les signatures des transactions, et doit encore être amélioré au niveau de la rapidité et de sa sécurité.

En réduisant le temps, le coût et l’espace de stockage nécessaires pour participer au réseau, ZeroSync pourrait aider à démocratiser l’utilisation des full nodes. Il pourrait aussi mener au développement de layers 2 sur Bitcoin, démultipliant alors l'horizon des possibles avec notamment la possibilité d'y déployer toute la DeFi.

Miniscript : de nouvelles fonctionnalités pour les wallets Bitcoin

Miniscript est une innovation lancée par Blockstream en 2018 qui résout les limitations rencontrées par les développeurs de portefeuilles Bitcoin. Le langage de programmation natif de Bitcoin, le Script, limite les développeurs de portefeuilles aux fonctionnalités de base telles que l’envoi et la réception. Miniscript leur permet d'aller au-delà, et de créer des exigences de dépenses plus complexes, de manière sécurisée.

Miniscript est disponible depuis mai 2023 et est déjà utilisé par les wallets Liana et Trident Wallet. De nombreux autres projets devraient bientôt se pencher sur cet outil pour en développer de nouveaux.

Simplicity : dépasser les limites de Bitcoin Script

À l’instar de Miniscript, Simplicity est un langage de programmation développé par Blockstream et conçu pour surmonter les limitations de Script.

Son objectif est aussi de permettre des transactions complexes, tout en limitant les coûts et en préservant la sécurité. Il pourrait offrir de nouvelles possibilités pour l’innovation et la confidentialité, grâce à la possibilité de créer des contrats intelligents.

DLCs : des contrats intelligents sur Bitcoin

Les DLCs (Discreet Log Contracts) sont des smart contracts sur Bitcoin qui utilisent des signatures d’oracle pour s’exécuter de manière décentralisée.

Ils permettent de lancer ou non un transfert de jetons en fonction de l'issue d'un événement déterminé par un (ou plusieurs) oracle(s). Une fois que l'événement a eu lieu, l'oracle publie un « rapport » sur l'issue de l'événement que le destinataire du transfert peut utiliser pour réclamer ses fonds. L'oracle n'a pas besoin de connaître les termes du contrat (ni même de savoir qu'un contrat a été conclu).

RGB : très bon pour Bitcoin

RGB (Really Good for Bitcoin ou « Très Bon pour Bitcoin » en français) a pour objectifs d'ouvrir de nouvelles possibilités pour Bitcoin, telles que les NFT, les stablecoins et la finance décentralisée.

Il s'agit d'un protocole qui permet de créer des smart contracts et qui fonctionne comme un layer 2 de Bitcoin ou un layer 3 de Lightning Network. Il améliore la confidentialité et la scalabilité du réseau et pourrait venir résoudre le problème de congestion créé par l'arrivée des Ordinals.

Taro : d'autres jetons sur Bitcoin

Taro permet de créer et d'autres tokens que les BTC sur la blockchain Bitcoin. Il utilise la mise à jour Taproot. Grâce à Taro on pourrait voir arriver une multitude de jetons sur le réseau dont les stablecoins, à l'instar d'Ethereum et des tokens ERC-20.

BitVM : un optimistic rollup sur Bitcoin

BitVM est un paradigme de calcul qui offre la possibilité d’exprimer des contrats Bitcoin Turing-complets. Il peut être implémenté sans modifier les règles de consensus du réseau, c'est à dire sans avoir besoin des développeurs « habilités » à coder Bitcoin Core.

BitVM permet d'exécuter et de vérifier des calculs off-chain, à la manière des optimistics rollups déployés sur Ethereum. Sa mission principale est néanmoins différente de ces derniers. Elle vise à étendre les capacités de programmation de Bitcoin, et non pas à augmenter sa scalabilité.

Ce changement de paradigme ouvre la porte à de nouvelles fonctionnalités, tout en continuant de profiter de la sécurité du protocole sous jacent, Bitcoin.

Nous pourrions voir apparaître une multitude d'applications décentralisées « complexes », à l'instar de ce qui existe sur Ethereum et son écosystème.

SatoshiVM : un Zk Rollup sur Bitcoin

Satoshi VM est une deuxième couche de Bitcoin compatibles avec la Machine Virtuelle Ethereum qui utilise le BTC comme gas et les preuves à divulgation nulle de connaissance pour transmettre ses informations au layer 1.

Rootstock (RSK) : les contrats intelligents EVM sécurisés par Bitcoin

Rootstock est un projet open source qui propose une blockchain permettant de déployer des contrats intelligents compatibles avec la Machine Virtuelle Ethereum (EVM) profitant de la sécurité du réseau Bitcoin.

Chaque contrat intelligent déployé sur Rootstock peut également être déployé sur Ethereum avec une compatibilité totale.

Les améliorations qui concernent l'inclusion

Programmeur devant un ordinateur

Machankura : envoyer des bitcoins par SMS

Logo de Machankura

Déjà live depuis plusieurs mois, Machankura est une application développée par une entreprise privée à but lucratif. Elle permet d'envoyer et recevoir des bitcoins sans internet ou smartphone, via des messages SMS gratuits.

Elle utilise la technologie USSD, qui permet d’effectuer des actions avec son téléphone portable en composant des codes spécifiques (par exemple #144#). Disponible dans plusieurs pays d'Afrique, son utilisation est encore très limitée. Les frais élevés et le côté custodial peuvent en repousser certains, mais le projet est une porte ouverte à l'inclusion de toute une population non connectée.

Bisq : une plateforme d'échange décentralisée accessible à tous

Bisq est une plateforme d'échange décentralisée qui permet à tous d'échanger des bitcoins contre des monnaies fiat ou d'autres cryptomonnaies sans avoir besoin de passer de KYC.

Le code du projet est open source.

Bisq permet de contourner facilement les restrictions qui peuvent être mises en place par les autorités, pour permettre à tous ceux qui le souhaitent d'échanger librement des BTC.

Le prix du bitcoin

Développement en tant qu'actif.

Positionnement des gros poissons et de la finance mondiale.

Bien entendu le prix du bitcoin a un impact significatif sur l'avenir du réseau et les utilisations qui en seront faites.

Si, pour une raison ou pour une autre, son prix tombait à zéro ou restait bas suffisamment longtemps pour que le minage coûte plus cher au mineur que ce qu'il leur rapporte, il est certain que la plupart d'entre eux quitteraient le réseau. Celui-ci deviendrait alors moins sécurisé, ce qui contribuerait à créer une réaction en chaîne incitant les utilisateurs à vendre, ce qui ferait encore chuter le cours etc...

source : https://www.tradingview.com/chart/BTCUSD/ZVZbpaA9-Bitcoin-is-going-to-zero/

À l’inverse, si une adoption massive avait lieu, et que chaque humain se mettait à avoir besoin de Bitcoin pour l'un ou l'autre des cas d'usage décrits plus haut, le prix du jeton, ne manquerait pas d'augmenter.

L'évolution du prix et cependant difficile à prédire, et il n'existe aucune certitude. Ceux qui ne jurent que par l'analyse technique avancent que le prix n'a pas de rapport avec les fondamentaux, et qu'il suffit d'observer le passé du marché avec les bons indicateurs pour savoir de quoi demain sera fait.

Voici l'un des plus connu ci-dessous :

Bitcoin Rainbow chart : source : https://www.blockchaincenter.net/en/bitcoin-rainbow-chart/

Malheureusement, si les modèles proposés collent souvent parfaitement aux événements passés, ils montrent fréquemment leurs limites pour prédire ceux du futur. En effet, les utilisateurs s'arrangent toujours pour les faire correspondre avec ce qui arrive, quitte à les ajuster avec le temps.

Ceci peut faire oublier aux nouveaux arrivant que l'ancienne version d'un même modèle n'a pas permis de prédire correctement certains événements alors qu'elle collait parfaitement avec le passé. À titre d'exemple on peut voir que la version 2020 du même indicateur n'a pas permis d'identifier clairement le top du bull run de 2021.

Aussi, il n'existe aucune recette magique pour connaître le futur prix du bitcoin. Il est forcément corrélé à tous les autres facteurs évoqués dans cet article et, tout comme les monnaies fiat, s'appuie avant tout sur l'utilité du jeton et la confiance qu'ont les utilisateurs dans le système.

Et du coup, que va-t-il se passer ?

Tous les facteurs développés ici (confiance, intérêts des institutionnels, législation, adoption, utilité, développement technologique...) sont interdépendants et forment un problème complexe.

Par exemple, une légalisation de Bitcoin et la mise en place de régimes fiscaux avantageux dans les plus grandes puissances économiques mondiales entraîneraient forcément une adoption grandissante, ce qui impliquerait un développement technologique accéléré. Une faille technologique majeure pourrait conduire à une perte de confiance des utilisateurs, menant éventuellement à une interdiction.

Difficile aussi de prédire ce qu'entraînerait le réveil des portefeuilles de Satoshi Nakamoto ou la découverte de son identité...

Au risque d'en décevoir certains, nous ne savons pas lire l'avenir dans une boule de cristal, et n'avons donc aucune certitude quant à ce qui arrivera pour Bitcoin comme pour le reste. Aussi, nous vous laissons le soin de déterminer par vous-mêmes les probabilités des différents éléments évoqués dans cet article, afin de dessiner vous-même le scénario qui vous semble le plus crédible.

Bitcoin atteindra-t-il de nouveaux sommets ? Son adoption explosera-t-elle ? Sa proposition de valeur évoluera-t-elle ? Quelles que soient les réponses à ces questions, le début de cette encyclopédie consacré à Bitcoin devrait vous avoir convaincu d'une chose : Bitcoin est un OVNI qui mérite d'être étudié sous toutes ses formes. Le plus grand risque que vous pourriez prendre serait de ne pas vous y intéresser !

Si vous avez fait le tour de nos articles sur Bitcoin, vous pouvez continuer votre découverte de l'univers des cryptomonnaies et de la blockchain en passant à Ethereum.

Chapitre 1 : Bitcoin - Partie a

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