Pourquoi 21 millions d’unités ? – Quels sont les mystères qui entourent le choix de ce nombre si particulier qui porte sur ses épaules les fondements de cet or numérique baptisé « Bitcoin » ? Comment Satoshi Nakamoto est-il parvenu à ce chiffre et pourquoi cette limite fixe est-elle si importante ? Est-elle vraiment fixe d’ailleurs ? Nous allons découvrir tout cela en détail en sein de cet article de l’Encyclo du Coin.
21 millions : le nombre d’or du Bitcoin
Bitcoin, un or numérique à 21 millions d’unités
21 millions d’unités, pas une de plus. C’est l’une des règles inaliénables qui constituent le code source de Bitcoin (BTC). Il n’y en aura jamais plus, mais pourquoi ? En est-on vraiment sûr ? En cette période d’inflation et d’impression monétaire à gogo, nous pourrions en effet douter de la véracité de cette limite et de sa capacité à ne pas être altérée. Et pourtant… En informatique, « code is law ». Et c’est ce que nous allons voir.
Dès sa création, le protocole Bitcoin a été conçu pour produire une quantité limitée de bitcoins. Mais le chiffre de 21 millions n’est pas clairement explicité. Il se déduit simplement des paramètres de fonctionnement du protocole défini par Satoshi Nakamoto. En effet, comme vous le savez, le réseau Bitcoin est sécurisé par les mineurs. Toutes les 10 minutes, ces derniers valident un bloc contenant les dernières transactions effectuées sur le réseau. De ce fait, ils sont en charge de la sécurisation du réseau et de son bon fonctionnement. Mais tout travail mérite salaire. Et pour récompenser ces mineurs, la blockchain Bitcoin les rémunère en… bitcoins. En 2009, c’était un petit pactole de 50 bitcoins par bloc miné reçus par le chanceux mineur. Un pactole aujourd’hui, mais quelques centimes seulement à l’époque. Tout est relatif évidemment.

Toutefois, tous les 210 000 blocs, soit tous les 4 ans environ, ce nombre est divisé par 2… devenu 25 bitcoins en 2013, 12,5 bitcoins en 2016 et 6,25 depuis 2020. Cette quantité continuera d’être divisée par 2 jusqu’en 2140 pour tendre vers un total de 21 000 000 d’unités produites. Comment rémunérera-t-on les mineurs ensuite ? Uniquement via les frais de transaction que dépensera chaque utilisateur du réseau. Car ces frais, eux, ne disparaîtront pas.
L’objectif de cette limite de 21 millions est donc d’intégrer une rareté intrinsèque à cet or numérique. Plus les mineurs minent, moins ils reçoivent de récompenses pour leurs efforts. Plus il est difficile d’en miner, plus l’actif est rare.
Qui contrôle Bitcoin ?
Le programme informatique à la base de Bitcoin est piloté par une centaine d’informaticiens ayant la possibilité d’agir sur son code source. Et pour faire partie de ce nombre réduit, la sélection est drastique. Il faut typiquement avoir déjà soumis une proposition d’évolution adoptée par la communauté ou saluée par ses pairs, permettant ainsi d’être coopté au sein du groupe. Ces informaticiens ont la possibilité de modifier le code source. D’accord, mais pas à n’importe quelle condition.
Ils pourraient en effet proposer une mise à jour permettant de rehausser la limite de 21 millions. Seulement, encore faudrait-il que cette mise à jour soit acceptée et déployée sur le réseau Bitcoin. Or, celui-ci est composé de dizaines de milliers de machines, appelées « nodes » (nœuds), réparties à travers le globe. Tout le monde a la possibilité d’installer chez soi un node, en téléchargeant le programme Bitcoin Core.

Lorsqu’une nouvelle version du protocole est publiée par un développeur, chaque propriétaire de node a la possibilité de la télécharger et de l’installer ou de ne pas le faire. Du coup, il est évident que si une mise à jour visant à augmenter le nombre de bitcoins en circulation venait à être proposée, elle n’aurait aucune chance d’être acceptée par la communauté. En effet, si vous augmentez le nombre de bitcoins en circulation, cela revient plus ou moins à détruire le réseau Bitcoin. Impossible que les membres impliqués de la communauté bitcoin ayant installé chez eux un node l’acceptent. Il est donc très peu probable qu’une telle modification voit le jour.
Et que se passe-t-il si les nodes ne trouvent pas un consensus ? Imaginons qu’une partie non négligeable de nodes acceptent une mise à jour, tandis que l’autre moitié la refuse. Qu’arrivera-t-il alors au réseau Bitcoin ? Il se produit alors ce que l’on appelle un « hard fork ». Le réseau se divise en 2 ; un premier réseau tournant sur l’ancienne version et l’autre sur la nouvelle mise à jour. Ces réseaux sont désormais distincts, mais partagent le même historique jusqu’au moment de leur séparation.
21 millions de bitcoins : un jeu de prédictions sur l’avenir ?
21 millions, une analogie avec la masse monétaire en 2009 ?
Le chiffre de 21 millions de Bitcoin est devenu emblématique au fil des années. Mais pourquoi 21 ? Et pourquoi pas 100 ? Ou 15 ? Nul doute qu’il ne s’agit pas là simplement du chiffre porte-bonheur de monsieur Nakamoto. L’objectif était plutôt de trouver un équilibre allant dans le sens de la praticité d’utilisation. A l’époque de sa conception, difficile pour Satoshi d’imaginer quel serait l’avenir du Bitcoin. Serait-il voué à rester méconnu, utilisé par quelques initiés ? Ou serait-il synonyme d’adoption massive de la part de tous les habitants de la planètes ? Dans les 2 cas, le nombre total d’unités, prévu dès le départ pour être fixe, ne devait pas être choisi à la légère. Car une fois arrêté, impossible de revenir en arrière.
Comme le dit Satoshi Nakamoto dans un e-mail adressé à Mike Hearn, le choix du nombre définitif de bitcoins en circulation a été difficile. Il lui a fallu envisager au mieux l’avenir et faire une prédiction. Tout l’objectif de Satoshi était de faire en sorte que les prix en bitcoin soient autant que possible similaires aux prix en dollar de l’époque. Si Bitcoin restait un secteur de niche, il allait valoir bien moins qu’un dollar. Mais s’il était adopté par le commerce mondial, il allait naturellement valoir bien plus.

Néanmoins, le fait que le bitcoin soit divisible en petites unités, appelées satoshis, le rendait facilement utilisable dans ces 2 configurations. Typiquement 1 bitcoin équivaut à 100 000 000 satoshis. Cela laisse de nombreuses possibilités d’exprimer les prix en satoshi ou en bitcoin.
A l’époque, en 2009, la masse monétaire mondiale contenant l’ensemble des pièces, billets et comptes courants contenait 20 340 milliards de dollars, selon les données du World Factbook de la CIA. Ainsi, on peut penser que Satoshi a conçu le nombre d’unités de Bitcoin pour qu’il puisse un jour être utilisé à la même échelle. 21 millions de bitcoins, chacun subdivisé en satoshis, nombre constitué de 9 digits. Dans ce scénario, le prix d’un bitcoin dépasserait le million de dollars.
21 millions, en lien avec le halving ?
Une autre raison possible proviendrait du fonctionnement intrinsèque du Bitcoin. Si Satoshi avait déjà prévu que le temps de bloc serait de 10 minutes afin d’optimiser le fonctionnement technique du réseau, il lui restait à définir la période de halving et le nombre d’unités de Bitcoin. A un intervalle de 10 minutes, 4 années représentent 210 384 blocs, ou 210 000 en arrondissant. Ainsi, une limite de 21 millions serait un moyen mnémotechnique simple de retenir les principales grandeurs qui constituent le cœur du fonctionnement du réseau Bitcoin.
Il est possible que le chiffre de 21 millions soit donc issu d’un mélange de ces 2 considérations. Une chose est certaine : ce choix a été complexe et est loin d’être dû au hasard.

Bien sûr, ce nombre a également été sujet à des hypothèses plus ou moins farfelues, comme la rumeur selon laquelle le stock d’or mondial pourrait être compacté en un cube de 21 mètres de côté. Sauf que la quantité d’or totale extraite varie d’année en année et les dimensions du « cube » évoluent donc dans le temps.
21 millions, un nombre qui ne sera jamais atteint
Fin du suspens ! Il n’y aura jamais 21 millions de bitcoins produits, et encore moins en circulation. Typiquement, le bloc 164 246 produit en janvier 2012 n’a donné que 48,24 bitcoins au lieu de 50. Le bloc 501 726 produit en décembre 2017 n’en a quant à lui généré aucun.
De plus, un grand nombre de bitcoins ont été perdus depuis la naissance de la blockchain Bitcoin, le 3 janvier 2009. C’est le cas des 50 premiers bitcoins créés par le bloc de genèse. Il y aussi ceux perdus par Mt Gox ou par les utilisateurs lors de transferts erronés, ou encore oubliés sur des disques durs jetés aux ordures. On peut prendre comme exemple les 7 500 bitcoins perdus par James Howells qu’il tente actuellement par tous les moyens de récupérer. Et bien sûr, plus d’1 million de bitcoins minés par Satoshi Nakamoto sont probablement perdus à jamais.

Au final, on estime à environ 3,7 millions le nombre de bitcoins perdus depuis la création de la blockchain Bitcoin, soit 17,5 % de la quantité totale.
21 millions, le nombre d’or du XXIème siècle ? Sans aller jusque-là, il est clair que la limite fixe du réseau Bitcoin tire ses origines d’une réflexion approfondie de Satoshi Nakamoto. À une époque où jouer avec la monnaie en imprimant des quantités astronomiques d’argent ne fait plus peur à nos institutions bancaires, il peut être rassurant de pouvoir compter sur une alternative disposant d’une limite fixe et indérogeable. Quant à l’adoption de cette nouvelle monnaie par la population, tout dépendra des directives économiques menées par nos dirigeants et à quel point ils parviendront à conserver la confiance de leur population dans l’euro et le dollar. Dans certains pays, le virage vers Bitcoin a déjà commencé.