Comme nous l'avons précédemment évoqué, l'intérêt des institutionnels joue un rôle considérable sur Bitcoin et son adoption. Pour autant, c'est loin d'être le seul élément à exercer une influence sur le cours des événements. Dans cet article, nous étudierons plusieurs facteurs qui ont ou auront un impact sur son avenir, afin que vous puissiez vous faire une idée des différents scénarios envisageables. Quel est le futur de ce cash numérique décentralisé, qui suscite à la fois enthousiasme et méfiance ? Tirons (ou plutôt trions) les cartes ensemble pour tenter de le savoir.
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Le positionnement des États
Bien que décentralisé et n'appartenant à aucun pays ou entreprise, Bitcoin joue une partie de son avenir sur le positionnement que prennent et prendront les États à son égard. Comme nous l'avons vu dans l'article précédent, les législateurs de la majorité des pays du monde ont encore du mal à se prononcer clairement. Leurs avis restent souvent ambigus et changeants.
Le positionnement de nombreux pays tend néanmoins à s'éclaircir, les législateurs commençant progressivement à s'informer et à comprendre les enjeux derrière Bitcoin et les cryptomonnaies. Il s'agit pour eux d'un sujet délicat, impliquant des facteurs écologiques, économiques, sociaux et politiques.
Du cadre réglementaire à l'adoption en tant que monnaie officielle, en passant par sa reconnaissance en tant qu'actif à part entière, différents éléments du ressort des États entrent en jeu pour l'avenir de Bitcoin.
La régulation du secteur
Le cadre réglementaire
La réglementation est évidemment un facteur déterminant pour l'avenir de Bitcoin. Si les législateurs d'une grande partie du continent africain ne se sont pas encore penchés sur son cas, la majorité du reste du monde a statué sur son caractère légal ou non. Comme vous pouvez le constater sur la carte ci-dessous (qui aura peut-être évolué au moment où vous lirez ces lignes), la légalité l'emporte largement.
Mais cela ne suffit pas à promettre un avenir radieux à Bitcoin. En effet, si la légalisation est un point de départ essentiel, le cadre réglementaire doit être étudié dans son ensemble, notamment en ce qui concerne le régime fiscal et les règles d'utilisation qui s'appliquent à Bitcoin.
Ainsi, un régime fiscal trop contraignant et/ou des règles d'utilisation trop complexes peuvent freiner son adoption en repoussant une grande partie des utilisateurs. À l’inverse, un cadre simple et souple concernant sa taxation, sa comptabilisation et son utilisation pourrait faciliter son intégration dans le système financier traditionnel.
Le cadre accordé aux entreprises, qu'elles proposent des services autour de Bitcoin ou qu'elles participent à sa sécurisation via le minage, joue également un rôle primordial. Si certains comme la Chine se montrent toujours réticents, d'autres, comme l'Indonésie entendent bien profiter de cet actif pour attirer des capitaux sur leurs territoires.
En résumé, une bonne partie de l'avenir de Bitcoin dépendra de la latitude qui sera laissée aux agents économiques pour l'épouser.
La chasse à l'anonymat
Bitcoin serait beaucoup plus apprécié par nos dirigeants s'ils parvenaient à le contrôler. L'arrestation des deux responsables du wallet Samourai en avril 2024 tend en effet à le prouver.
Cet outil, qui permet d'anonymiser les transactions sur Bitcoin, a apparemment déplu aux autorités des États-Unis qui ont décidé d'arrêter ceux qui l'ont développé. Ceux-ci sont accusés d'avoir participé au blanchiment de milliers de bitcoins, les tenant pour responsables de l'utilisation qui a (en partie) été faite de l'outil.
Bien que les accusés ne semblent pas blancs comme neige pour diverses raisons, cette action a incontestablement porté ses fruits, décourageant plus d'un développeur à créer et proposer des solutions permettant d'anonymiser Bitcoin. Ainsi, des wallets comme Phoenix et Wasabi ont aussitôt retiré leurs produits des États-Unis, craignant d'avoir des problèmes à leur tour.
Satoshi Nakamoto n'était peut-être pas trop prudent en choisissant l'anonymat...
Si c'est une première concernant Bitcoin, cette affaire fait cependant écho à celle de Tornado Cash, un outil qui permet d'anonymiser les transactions sur Ethereum et dont les créateurs ont aussi été arrêtés.
Le message semble clair : la chasse à l'anonymat aura un impact évident sur le développement de Bitcoin et des services qui l'entourent.
L'adoption étatique
L’adoption étatique de Bitcoin est un autre facteur qui influencera son avenir. En plus d'autoriser son usage pour payer des biens et des services, des pays pourraient décider d'offrir à leurs citoyens la possibilité de l'utiliser pour s’acquitter de leurs obligations fiscales en offrant à Bitcoin un cours légal.
À l'heure de l'écriture de ces lignes, seuls deux pays ont déjà franchi le pas : le Salvador et la Centrafrique. Si l'aventure continue en Amérique Centrale, elle aura cependant été de courte durée en Centrafrique où le pays a revu sa copie quelques mois seulement après l'adoption initiale.
La Suisse, aussi, se montre particulièrement ouverte à l'utilisation de Bitcoin. Il est par exemple possible d'utiliser le BTC pour payer ses impôts dans le canton de Zoug. L'administration du canton de Tessin l'accepte aussi pour le paiement de certains services. Enfin, il est possible de régler les factures de la caisse maladie suisse Atupri en bitcoin.
Le fait de voir d’autres États adopter Bitcoin comme monnaie officielle ou outil d'indexation pourrait être un levier très puissant pour son adoption. Certains états ou banques centrales pourraient aussi adopter une stratégie d'acquisition de bitcoins (si ce n'est pas déjà le cas), comme ils le font pour d'autres actifs. Bitcoin deviendrait alors, encore plus qu'il ne l'est aujourd'hui, un facteur géopolitique clé.
Vous l'aurez compris, le positionnement des États aura quoi qu'il arrive une incidence importante sur la façon dont Bitcoin se développera.
Le positionnement de la finance traditionnelle
Comme évoqué dans l'article précédent, les acteurs du secteur privé ont eu une incidence importante sur la façon dont Bitcoin s'est développé. Le comportement qu'adoptera le monde de la finance, en particulier, devrait continuer de jouer un rôle majeur pour Bitcoin.
En effet, comme l'a prouvé le succès du lancement des ETF Bitcoin au comptant aux États-Unis, les acteurs de la finance traditionnelle ont les capacités de mettre un coup de projecteur important sur Bitcoin. Certains d'entre eux, comme BlackRock, ont même le pouvoir d'influencer directement les décisions des États et institutions internationales.
Ainsi, ces mastodontes du monde de la finance pourraient être à l'origine de nouveaux produits financiers construits autour de Bitcoin, provoquant un afflux de liquidités croissant et sa légitimation en tant qu'actif financier à part entière. Fatalement, cela se ressentirait sur son prix dont l'appréciation jouerait un effet boule de neige.
En effet, si la hausse du prix du Bitcoin ne dit rien de ses véritables qualités fondamentales (qui sont ce qui importe vraiment), il est évident qu'elle participe et participera à attirer de plus en plus d'investisseurs et de potentiels utilisateurs. Combien d'entre nous sont arrivés sur ce marché par cupidité et y sont aussi restés par intérêt idéologique ?
Bien sûr, l'implication croissante d'acteurs privés pourrait aussi avoir une incidence néfaste sur la décentralisation du Bitcoin et plus globalement sur l'ensemble de ses caractéristiques intrinsèques. Beaucoup craignent que leur ingérence dénature progressivement Bitcoin, d'un point de vue idéologique mais aussi technique.
Puisque le fonctionnement de Bitcoin repose sur un consensus décentralisé, son avenir est l'affaire de tous. C'est donc à ses utilisateurs et aux acteurs du réseau de veiller à ce qu'il conserve ses fondamentaux.
Le contexte global
Beaucoup considèrent que Bitcoin est un actif de « crise » qui profite et profitera de la déliquescence de nos sociétés et particulièrement de nos économies. Que cela soit vrai ou non, il est certain que le contexte global dans lequel évoluera Bitcoin aura un impact important sur son avenir.
Le climat économique et social
Le futur de Bitcoin est étroitement lié à l’évolution du climat économique et social mondial.
Comme nous l'avons déjà évoqué au sein de cette Encyclopédie, les économies mondiales montrent des signes de fragilité. La déliquescence de nos économies est un phénomène complexe, alimenté par une multitude de facteurs interdépendants, allant des politiques économiques bancales aux crises financières récurrentes. Dans ce contexte problématique, les qualités de Bitcoin pourraient en faire une solution toute trouvée.
Vous l'avez compris en lisant l'article « Bitcoin face aux monnaies traditionnelles », les monnaies fiduciaires actuelles, soutenues non pas par des actifs physiques tels que l'or mais par la confiance dans les gouvernements émetteurs, sont menacées par l'augmentation exponentielle de la masse monétaire et les dettes nationales croissantes.
Ces monnaies dettes pourraient se trouver en difficulté si la confiance des utilisateurs venait à s’éroder. Si la situation économique actuelle pousse déjà certains à s'informer et à anticiper le pire, quelques faillites bancaires et une baisse importante du pouvoir d'achat pourraient ouvrir les yeux à un plus grand nombre. Et ce ne serait pas la première fois ! Nous vous invitons à relire cet article qui évoque entre autres les crises ayant eu lieu à Chypre, au Liban et en Amérique latine si vous n'en êtes pas convaincu.
Ainsi, l'Histoire nous a montré qu'en période d'incertitude économique, le peuple recherche légitimement des alternatives lui permettant d'échapper à ses problèmes.
Si les dirigeants actuels ne parviennent pas à redresser rapidement la barre en imposant des changements drastiques, Bitcoin pourrait émerger comme une alternative viable, en raison de sa rareté programmée et de l'absence de contrôle par une autorité centrale pouvant en faire une réserve de valeur de référence.
Du point de vue du contexte social, de nombreux éléments joueront aussi sur le futur du Bitcoin. Comme vous pouvez le lire dans cet article, les tensions sociales, l'insécurité, le manque d'éducation et la pauvreté peuvent par exemple être des freins majeurs à l'adoption du Bitcoin. À l'inverse, le rejet de la figure étatique et le délitement des démocraties pourraient motiver de plus en plus de citoyens à recourir à tel outil.
Le problème est donc très complexe, car de nombreux facteurs sociaux interconnectés, et qui s'opposent parfois, entrent en jeu. En d'autres termes, une partie de ceux qui auraient tout intérêt à adopter Bitcoin n'en ont pas forcément la possibilité, tandis qu'une partie de ceux qui le peuvent n'y voient pas (pour l'instant) l'intérêt.
Les conflits géopolitiques
À l'heure où des conflits font rage dans plusieurs régions du monde, il est légitime de se poser la question de l'utilisation qui sera faite de Bitcoin en cas de crise géopolitique majeure ou de conflit armé mondial.
À condition que sa volatilité s'atténue, le BTC pourrait servir de valeur refuge, au même titre que l'or. Le jeton présente non seulement la faculté d'être plus facilement « transportable », mais aussi plus facile à dissimuler, ce qui peut s'avérer être un véritable avantage pour ceux devraient fuir ou seraient victime de pillage.
Le jeton pourrait aussi être utilisé par les gouvernements pour contourner les sanctions internationales, mais aussi par les particuliers qui ne voudraient pas subir de contrôle sur leurs capitaux.
Conçu pour pallier aux dérives des banques et des gouvernements, Bitcoin pourrait ainsi révéler son plein potentiel pour sauver les meubles en cas de problèmes graves ayant un impact global.
Les innovations technologiques et services en devenir
Développement technologique et adoption vont de pair. L'accélération de l'un entraînerait sûrement l'accélération de l'autre.
Le projet a déjà bien évolué depuis 2009, et de nombreuses améliorations sont actuellement à l'étude et en cours de développement.
Il nous est impossible de savoir lesquelles aboutiront tant elles sont nombreuses. Nous vous en présentons néanmoins quelques-unes ci-dessous qui pourraient avoir un impact sur le futur de Bitcoin. Certaines exigent une modification de Bitcoin Core, d'autres non. Afin de rendre ce papier lisible, nous les classons ci-dessous par catégorie, mais nombreuses sont celles qui ont leur place dans plusieurs d'entre elles.
Ici, nous n'évoquerons pas les innovations qui visent à faire évoluer la proposition de valeur de Bitcoin. Ces dernières ont en effet été détaillées dans cet article. Bien entendu, le fait que Bitcoin puisse être utilisé pour d'autres usages que celui qu'avait prévu Satoshi Nakamoto pourrait bien changer la donne et impacter son avenir !
Les améliorations en matière de conservation et de sécurité
OP_VAULT : une protection contre le vol
L'OP_VAULT, aussi connue sous le nom de BIP-345 datant de mars 2023, est une proposition d’amélioration qui permettrait de créer des vaults, c’est-à-dire des coffres-forts numériques ayant pour but de protéger les bitcoins qu'ils contiendraient contre le vol.
Ce BIP propose deux nouveaux codes tapscript (c’est-à-dire des commandes de bases qui exécutent une fonction spécifique et prédéterminée) : OP_VAULT et OP_VAULT_RECOVER.
Ces opcodes, en association avec l'OP_CHECKTEMPLATEVERIFY (BIP-0119), permettraient aux utilisateurs de définir un délai et une adresse de récupération pour dépenser les bitcoins contenus dans un vault. Si un voleur tentait de dérober les bitcoins contenus sur un vault, son propriétaire aurait un certain temps pour réagir et rediriger les bitcoins en question vers une autre adresse sécurisée.
Le BIP-345 nécessiterait un soft fork pour être intégré dans le protocole Bitcoin. La création de vault sur Bitcoin a été envisagée depuis 2014 et a fait l'objet de plusieurs propositions depuis 2016. Pour l'instant, nul ne sait si cela finira par être effectif.
Fedimint : les banques chaumiennes fédérées
Fedimint (abréviation de Federated Chaumian Mint, ou « banque chaumienne fédérée » en français) vise à offrir une solution intermédiaire entre la gestion individuelle et la délégation totale de ses bitcoins à un tiers de confiance.
Avec ce protocole, les BTC d'un individu sont gérés par une communauté plutôt que par un tiers de confiance unique, comme c'est le cas avec les plateformes d'échange centralisées. Les transactions sont faites de manière confidentielle, c’est-à-dire sans que la communauté sache qui transfère combien de bitcoins à qui.
Fedimint représente un compromis pouvant aider à l'adoption de Bitcoin, les fonds étant sécurisés par des gardiens de confiance de la communauté, les autres membres pouvant se contenter d'y déposer leur BTC pour ensuite les dépenser comme bon leur semble.
Miniscript : une nouvelle approche de la programmation sur Bitcoin
Miniscript est une innovation lancée par Blockstream en 2018 qui résout les limitations rencontrées par les développeurs de portefeuilles Bitcoin. Le langage de programmation natif de Bitcoin, le Script, limite les développeurs de portefeuilles aux fonctionnalités de base telles que l’envoi et la réception. Miniscript leur permet d'aller au-delà, et de créer une variété de conditions sous lesquelles les bitcoins d’une adresse peuvent être dépensés, de manière sécurisée.
Miniscript est disponible depuis mai 2023 et est déjà utilisé par les wallets Liana et Trident Wallet. De nombreux autres projets devraient bientôt se pencher sur cet outil pour en développer de nouveaux.
Minscript est conçu pour minimiser les erreurs humaines dans l’écriture ou la vérification de code, et améliore ainsi la sécurité.
Les améliorations visant à alléger la blockchain
CISA : réduire la taille des transactions
CISA (pour Cross-Input Signature Aggregation) est un protocole qui permet de réduire le poids des transactions Bitcoin en agrégeant les signatures de plusieurs entrées en une seule signature. Il pourrait améliorer la scalabilité et la confidentialité du réseau Bitcoin, tout en en réduisant les frais de transaction.
La CISA tire parti de l’algorithme de signature Schnorr. En combinant les signatures, la CISA peut aussi potentiellement améliorer la sécurité des transactions, rendant plus difficile pour un attaquant de manipuler les signatures individuelles.
UTreeXO : alléger l'état de la blockchain
Proposé par Thaddeus « Tadge » Dryja, chercheur au MIT Digital Currency Initiative, UTreeXO est un projet qui vise à réduire la taille de l’ensemble des sorties de transactions non dépensées (UTXO), qui représente l’état actuel de la blockchain Bitcoin.
Au lieu de stocker tous les UTXO, UTreeXO utilise un accumulateur cryptographique, qui est une structure de données compacte permettant de prouver l’appartenance d’un élément à un ensemble sans révéler son contenu. Ainsi, les nœuds qui utilisent Utreexo n'ont besoin de se baser que sur l’accumulateur et les preuves correspondantes pour valider les transactions.
Cela diminue l’espace de stockage, la bande passante et le temps de synchronisation nécessaire. En plus d'alléger la blockchain, l'UTreeXO améliorerait aussi sa scalabilité.
UTreeXO est compatible avec la version actuelle de Bitcoin et ne nécessite pas de modification du consensus.
ZeroSync : améliorer la synchronisation des nœuds
Initialement développé sur Ethereum, ZeroSync est un projet qui vise à améliorer la synchronisation des nœuds du réseau Bitcoin.
Le projet est déjà bien avancé et un prototype fonctionnel a notamment permis aux utilisateurs de valider l’état et l’historique des transactions de la blockchain, sans avoir à en télécharger l’intégralité ni avoir à faire confiance à un tiers. Il ne peut cependant pas encore vérifier les signatures des transactions, et doit encore être amélioré en matière de rapidité et de sécurité.
En réduisant le temps, le coût et l’espace de stockage nécessaire pour participer au réseau, ZeroSync pourrait aider à démocratiser l’utilisation des full nodes. Il pourrait aussi mener au développement de layers 2 sur Bitcoin, démultipliant alors l'horizon des possibles avec notamment la possibilité d'y déployer toute la DeFi.
Les améliorations en matière de confidentialité
Comme nous l'avons précédemment évoqué, la confidentialité n'est pas le fort de Bitcoin. L'amélioration de ce paramètre pourrait cependant être à double tranchant pour son adoption.
En effet, si les utilisateurs seraient sûrement ravis d'avoir la possibilité d'effectuer des transactions anonymes garantissant le respect de leur vie privée, les gouvernements et les régulateurs ne verraient sans doute pas la chose d'un bon œil.
Le risque est donc qu'ils tentent par tous les moyens d'interdire Bitcoin s'il devient trop anonyme à leur goût.
PTLCs : améliorer le caractère privé des transactions
Les PTLCs (Point Time Locked Contracts) sont des contrats conditionnels qui peuvent remplacer les HTLCs (Hash Time Locked Contracts) dans les canaux de paiement du Lightning Network. Sans entrer dans des détails techniques qui pourraient être compliqués, les PTLCs peuvent améliorer le caractère privé des transactions et utiliser moins d'espace de bloc.
Elles utilisent les signatures Schnorr.
Silent Payments
Silent Payments est un système dont l'objectif est d'accroître la confidentialité des transactions sur Bitcoin. Il permettrait à un destinataire de publier une adresse publique unique, qui serait modifiée par les expéditeurs afin d'envoyer leurs BTC à une adresse différente. Les bitcoins seraient tout de même reçus par le destinataire à la bonne adresse.
Il serait ainsi possible d'effectuer des paiements anonymes.
Les améliorations en matière d'inclusion et d'expérience utilisateur
Machankura : envoyer des bitcoins par SMS
Déjà live depuis plusieurs mois, Machankura est une application développée par une entreprise privée à but lucratif. Elle permet d'envoyer et recevoir des bitcoins sans internet ou smartphone, via des SMS gratuits.
Elle utilise la technologie USSD, qui permet d’effectuer des actions avec son téléphone portable en composant des codes spécifiques (par exemple #144#). Disponible dans plusieurs pays d'Afrique, son utilisation est encore très limitée. Les frais élevés et l'aspect custodial du service peuvent en repousser certains, mais le projet est une porte ouverte à l'inclusion de toute une population non connectée.
Bisq : une plateforme d'échange décentralisée accessible à tous
Bisq est une plateforme d'échange décentralisée qui permet à tous d'échanger des bitcoins contre des monnaies fiat ou d'autres cryptomonnaies sans avoir besoin de passer de KYC. Le code du projet est quant à lui open source.
Bisq permet de contourner facilement les restrictions qui peuvent être mises en place par les autorités, pour permettre à tous ceux qui le souhaitent d'échanger librement des BTC.
L'évolution des wallets et des plateformes d'échange
Les portefeuilles permettant de stocker, envoyer et recevoir des bitcoins et d'autres cryptomonnaies sont de plus en simples à créer et à utiliser. Ils offrent généralement un niveau de sécurité acceptable, permettant de détenir ses jetons à 100 %, parfois même sans avoir besoin de conserver une seed phrase.
Le développement de portefeuilles aux contraintes quasiment invisibles pour l'utilisateur est un vecteur très important d'adoption. Les travaux menés à ce sujet, tels que ceux sur l'account abstraction, auront à coup sûr un impact majeur sur le futur de Bitcoin (et de l'ensemble des cryptomonnaies).
Porte d'entrée classique pour accéder aux cryptomonnaies, les plateformes d'échanges jouent un rôle important dans la démocratisation du Bitcoin. Elles s'adaptent aux demandes du public qui n'aime pas changer ses habitudes, et proposent de plus en plus de produits qui ressemblent à ceux des banques traditionnelles (cartes de paiement, possibilité de détenir des monnaies fiat, services annexes, etc.).
Obligées de se plier aux contraintes des régulateurs tout en cherchant à avoir un maximum de clients, elles joueront un rôle indéniable dans l'avenir de Bitcoin et des cryptomonnaies.
Les améliorations concernant la scalabilité
Starkware et les STARKs
Depuis juin 2024, Starware a alloué un fond d'un million de dollars pour faire avancer la recherche sur l'OP_CAT.
Si l'OP_CAT était déployée sur Bitcoin, StarkWare pense être en mesure de connecter Starknet à Bitcoin, et d'en faire un layer 2 de cette blockchain. Pour ce faire, l'équipe compte utiliser la même méthode que sur Ethereum, que nous vous avons décrite ici. Il s'agit de publier des preuves à divulgation nulle de connaissance sur Bitcoin, les STARKs (Scalable Transparent Argument of Knowledge), pour valider par lots les transactions ayant eu lieu sur le layer 2.
Cela permettrait d'améliorer grandement la scalabilité de Bitcoin, mais aussi de créer un bridge natif et sécurisé pour transférer des bitcoins du layer 1 vers le layer 2.
Le cours du bitcoin
Bien entendu le prix du bitcoin a un impact significatif sur l'avenir du réseau et les utilisations qui en seront faites.
Si, pour une raison ou pour une autre, son prix tombait à zéro ou restait bas suffisamment longtemps, l'exode des mineurs (devenus non-rentables) porterait atteinte au niveau de sécurité du réseau.
Cela contribuerait à créer une réaction en chaîne, incitant les utilisateurs à vendre et décourageant le développement d'innovations telles que celles évoquées précédemment.
À l’inverse, une augmentation significative du cours du Bitcoin offrirait fatalement un coup de projecteur à cet actif. Beaucoup le découvrent lors de phases d'hyper-spéculation qui, critiquables ou non, ont le mérite de financer l'innovation dans le secteur et d'aider à le faire connaître.
Le prix joue et jouera donc un rôle essentiel dans l'avenir du Bitcoin, qu'il s'agisse de sa sécurisation, de son intérêt en tant que réserve de valeur mais donc aussi de son adoption (le prix découlant lui-même de ce facteur, tel un ouroboros). Le passé nous a d'ailleurs montré que c'est en augmentant sur une échelle de temps de plus en plus longue que le cours du Bitcoin a permis de légitimer l'intérêt de sa proposition de valeur.
L'évolution du cours est cependant difficile à prédire, et il n'existe aucune certitude à ce sujet. Certains tentent d'anticiper la progression à long terme de ce dernier en développant des modèles basés sur la cyclicité et le rythme d'émission des bitcoins, tels que la fameuse Bitcoin Rainbow Chart.
Malheureusement, si les modèles proposés collent souvent parfaitement avec les événements passés, ils montrent fréquemment leurs limites pour prédire ceux du futur. En effet, leurs créateurs s'arrangent toujours pour les faire correspondre à leurs propres biais, quitte à les ajuster avec le temps.
Ainsi, s'il n'existe aucune solution miracle pour anticiper l'évolution du cours du bitcoin, une chose est sûre : ses caractéristiques intrinsèques font de lui une parfaite alternative aux monnaies dettes qui, par conception, sont programmées pour se dévaluer.
Et du coup, que va-t-il se passer ?
Tous les facteurs développés dans cet article (confiance, intérêts des institutionnels, législation, adoption, développement technologique, etc.) sont interdépendants et forment un problème complexe.
Par exemple, une légalisation de Bitcoin et la mise en place de régimes fiscaux avantageux dans les plus grandes puissances économiques mondiales entraîneraient forcément une adoption grandissante, ce qui impliquerait un développement technologique accéléré. Une faille technologique majeure pourrait à l'inverse conduire à une perte de confiance des utilisateurs.
Difficile aussi de prédire ce qu'entraînerait des événements comme le réveil des portefeuilles de Satoshi Nakamoto ou la découverte de son identité...
Au risque d'en décevoir certains, nous ne savons pas lire l'avenir dans une boule de cristal, et n'avons donc aucune certitude quant à ce qui arrivera à Bitcoin. Nous pouvons en revanche vous donner une vision globale de sa proposition de valeur qui offre généralement à ceux qui l'ont comprise certaines convictions. Là est le principal intérêt de l'Encyclopédie du Coin.
Alors, Bitcoin atteindra-t-il de nouveaux sommets ? Son adoption explosera-t-elle ? Sa proposition de valeur évoluera-t-elle ? Quelles que soient les réponses à ces questions, le début de cette encyclopédie consacré à la création de Satoshi Nakamoto devrait vous avoir convaincu d'une chose : Bitcoin est un OVNI qui mérite d'être étudié sous toutes ses formes. Le plus grand risque que vous pourriez prendre serait de ne pas vous y intéresser !
Si vous avez fait le tour de nos articles sur Bitcoin, vous pouvez continuer votre découverte de l'univers des cryptomonnaies et de la blockchain en passant à Ethereum.