Les Nations Unies exhortent la Fed à revoir sa politique monétaire contre l’inflation
Planche à billets ou krach boursier ? – Pour illustrer le concept de « cercle vicieux », il suffit d’observer les interventions monétaires des banques centrales. En particulier de celle qui a le plus d’impact sur le monde : la Réserve fédérale américaine (la Fed). Cette dernière a imprimé des quantités phénoménales de dollars à cause de la crise économique des restrictions Covid. Elle doit désormais combattre l’inflation qu’elle a provoquée. Cela, en menaçant de faire s’écrouler les marchés financiers. Notamment ceux des pays émergents, comme s’inquiètent les Nations Unies. À moins peut-être de… réimprimer. Bis repetita.
L’ONU au bord de la crise de nerfs face aux agissements de la Fed
Cela n’aura échappé à nul consommateur, les prix flambent en même temps que l’inflation galope dans tous les pays du monde. La faute en revient principalement, non pas au conflit en Ukraine, mais aux quantitative easing (QE, ou « assouplissement quantitatif ») et autres impressions monétaires menées par les banques centrales autour du monde, avec en tête la Réserve fédérale US.
En effet, la masse monétaire (M1) des dollars étasuniens a tout simplement explosé en 2020/2021, comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous. Elle est passée de moins de 4 000 milliards de dollars avant les premières restrictions Covid (mars-avril 2020), à plus de 20 000 milliards de dollars depuis la fin de 2021. Soit un joli +400% !
Et beaucoup de banquiers centraux dans le monde – ceux de la Banque centrale européenne (BCE) notamment – ont fait de même. Non, l’inflation dramatique actuelle ne sort pas du seul chapeau du conflit ukrainien. Ce n’est que l’ultime goutte qui a fait déborder un vase rempli plus qu’à ras bord.
Les Nations Unies demandent à la banque centrale US de calmer ses hausses de taux
Ce déversement d’argent, inédit dans son gigantisme, a donc provoqué une inflation qui n’a plus rien du « transitoire » ou de « temporaire » claironné par la Fed il n’y a même pas un an. Dans un récent rapport de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement, c’est la réponse à cette inflation qui est dénoncée.
En effet, la Réserve fédérale mène des hausses de taux directeur hyper agressives pour tenter de juguler l’inflation de plus en plus en roue libre. En plus de faire chuter les bourses à chaque annonce, l’ONU dénonce le fait que ces augmentations de taux « frappent le plus durement les plus pauvres ».
« (…) Environ 90 pays en développement ont vu leur monnaie s’affaiblir par rapport au dollar cette année. Même de plus de -10 % pour plus d’un tiers d’entre eux. (…) Les prix des produits de première nécessité comme les denrées alimentaires et l’énergie ont grimpé en flèche. (…) Un dollar plus fort ne fait qu’aggraver la situation, en augmentant le prix des importations dans les pays en développement. Les conséquences sont dévastatrices pour les pauvres du monde entier. (…) »
Les analystes des Nations Unies considèrent ainsi que les hausses de taux d’intérêt des États-Unis pourraient « réduire de 360 milliards de dollars » les revenus futurs des pays en développement (hors Chine).
Tout aussi dramatique, cette force du dollar provoquée par la Fed va augmenter le poids des dettes des pays qui ont été contractées dans la monnaie étasunienne. L’ONU exhorte donc les banques centrales à calmer rapidement leurs hausses de taux directeur. Et pourquoi pas, aller jusqu’à réimprimer de l’argent magique, comme la Banque d’Angleterre récemment, qui a déjà rebouclé son cercle vicieux.