« Décriminaliser Bitcoin » : la Tunisie franchit un pas supplémentaire décisif
Bitcoin, nouveau chouchou de la Tunisie ? – Le roi des cryptomonnaies arrive à faire retourner la veste des pays autrefois sceptiques. C’est la Tunisie qui devient aujourd’hui encore plus crypto-friendly, en dépénalisant notamment certaines opérations relatives à Bitcoin (BTC).
Les bitcoiners n’ont pas leur place en prison
Le 12 juin, le ministre tunisien de l’Economie, Ali Kooli, a partagé son souhait de changer la loi sur les cryptomonnaies. En effet, il souhaiterait dépénaliser la possession et le minage de cryptomonnaies ainsi que leur utilisation comme moyen de paiement. Il a déclaré qu’il allait « changer la loi, on ne peut pas mettre un jeune tunisien en prison pour avoir acheté des Bitcoins ».
Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Marouane Abassi, avait déjà évoqué en 2020 la nécessité de suivre Bitcoin et la blockchain. Il avait notamment invité à une surveillance efficace des cas d’utilisation du BTC. En outre, la Tunisie et l’Afghanistan cherchaient, en 2019, des moyens d’émettre des obligations basées sur Bitcoin, afin de sauver leur économie.
Selon Abassi, le pays avait créé un groupe spécial pour se pencher sur les mécanismes d’une obligation souveraine en Bitcoin et sur ce que les cryptomonnaies et la blockchain pouvaient offrir. La Banque centrale tunisienne s’est penchée dès 2019 sur les possibilités de numérisation de sa monnaie.
Le FMI à tout prix ?
La Tunisie peut-elle aller jusqu’à donner cours légal à Bitcoin, comme le Salvador ? Le pays discute actuellement avec le FMI sur la taille du programme de prêt pour faire face à la crise. Le 21 mai dernier, Abassi avait déclaré lors d’une audition au Parlement que « si nous ne négocions pas avec le FMI, personne n’acceptera » d’octroyer à la Tunisie le financement externe dont elle a besoin.
Sans surprise, le FMI a réagi défavorablement et fortement à la décision du Salvador de faire de Bitcoin une monnaie nationale. En effet, le Salvador a sollicité un prêt de plus d’1 milliard de dollars auprès de l’institution de Bretton Woods, une opération potentiellement compromise depuis que le pays a indiqué légaliser Bitcoin. La Banque centrale tunisienne, quant à elle, semble pour le moment vouloir rester dans les bonnes grâces du FMI.
Le Salvador et la Tunisie affichent leur volonté d’accueillir les cryptomonnaies. Et en France ? Eric Woerth veut défiscaliser les plus-values sur les cryptomonnaies. Bitcoin et ses cadets s’imposent progressivement dans le paysage financier. Certains gouvernements et régulateurs ont compris qu’il faudra désormais composer avec, plutôt qu’essayer vainement de les exclure du système monétaire et financier.