Les DAO loin d’être décentralisées ? Le rapport de Chainalysis fait froid dans le dos
Chainalysis met les points sur les « i » – Le concept d’organisation autonome décentralisée (DAO) est né dans les balbutiements du réseau Ethereum (ETH). Ces organisations ont pour but de décentraliser la gouvernance d’un protocole. Malheureusement, en pratique, ces derniers s’avèrent hautement centralisés autour d’une poignée d’acteurs.
Qu’est-ce qu’une DAO ?
Une DAO (ou decentralized autonomous organization) est une structure inédite à l’écosystème du web 3. Celle-ci permet de distribuer la gouvernance d’un projet.
En pratique, les fondateurs d’un DAO vont émettre des jetons, couramment appelés jetons de gouvernance. Ces jetons seront, par la suite, distribués aux acteurs de ce protocole ainsi qu’à sa communauté.
Chaque jeton représente un pouvoir de vote qui pourra être utilisé pour participer aux prises de décisions relatives aux évolutions et améliorations du protocole. Bien que, sur le papier, la DAO est censée permettre une décentralisation de la gouvernance, la réalité est toute autre.
Des DAO un tantinet centralisées
Le 27 juin, Chainalysis, l’entreprise spécialisée dans l’analyse de blockchain, a publié un rapport alarmant sur la situation des DAO. En effet, après une étude de plusieurs DAO, la société a découvert qu’en moyenne, moins d’1 % des adresses détenait 90 % de la puissance de vote.
« Cela a des implications significatives pour la gouvernance des DAO. Par exemple, si une petite partie des 1 % de détenteurs les plus importants travaillaient ensemble, ils pourraient théoriquement mettre en échec les 99 % restants sur n’importe quelle décision. »
Rapport de Chainalysis
Cette centralisation des jetons entraîne un important biais sur les systèmes de votes se voulant décentralisés. Celle-ci semble biaisée sur l’intégralité du processus de vote.
En fait, tous les utilisateurs n’ont pas la possibilité de proposer une amélioration ou modification du protocole. En effet, il faut en moyenne détenir 0,1 à 1 % de l’ensemble des jetons de gouvernance pour effectuer une proposition de vote. Par conséquent, seuls quelques acteurs éminents détiennent ce pouvoir.
De surcroît, en moyenne, les adresses détenant entre 1 et 4 % de l’ensemble des jetons ont la possibilité de faire passer n’importe quelle proposition, au détriment du reste de la communauté.
Un exemple vaut mille mots : Solend
Plus tôt ce mois-ci, le protocole Solend a fait face à un problème de taille. En bref, une importante position de dette était en passe d’être liquidée par le protocole. Sa liquidation aurait pu entraîner une cascade de liquidations, néfastes pour le protocole.
Pour pallier ce problème, les développeurs ont souhaité prendre le contrôle des fonds pour les liquider de gré à gré (OTC). Pour ce faire, ils ont créé une proposition via le module de gouvernance du protocole. C’est à ce moment que le problème de centralisation de la gouvernance est entré en jeu.
En effet, la proposition a été acceptée avec 1,1 million de jetons SLND en faveur et 30 101 contre. Cependant, sur les 1,1 million de jetons déployés en faveur de la proposition, 1 million provenait d’une seule et même adresse.
Cela illustre parfaitement bien le problème engendré par une trop grande centralisation des jetons dans les mains d’une seule adresse. Ainsi, celle-ci est en mesure d’orienter le résultat d’un vote supposément décentralisé, comme bon lui semble.
Des alternatives aux gouvernances trop centralisées
Évidemment, les problèmes engendrés par une trop grande centralisation des jetons autour d’un même acteur sont largement connus. De ce fait, certains protocoles ont cherché des alternatives pour créer des systèmes de gouvernance s’abrogeant de cette faiblesse.
Chainalysis met ainsi en avant la proposition de Dream DAO. Dans ce système, la gouvernance est gérée par les détenteurs de NFT SkywalkerZ. Pour chaque NFT acheté par un donateur, un nouveau SkywalkerZ est réservé à un futur Gen Zer qui pourra rejoindre le DAO en tant que membre votant. Son intégration au processus de gouvernance aura alors été gratuite.
D’autres protocoles, tels qu’Optimism, ont fait le choix de découper leur gouvernance en 2 entités indissociables, où seule une entité dispose d’un système de vote basé sur un jeton.
Les DAO peuvent également ouvrir la voie à de nouveaux types d’attaques. Justement, le protocole Beanstalk a récemment fait les frais d’une attaque dite de gouvernance.