BNP Paribas et JP Morgan alliés sur la blockchain : le réseau Onyx fait cocorico
La TradFi inspirée par la DeFi ? – Le géant bancaire français BNP Paribas est le deuxième groupe bancaire en Europe. Désormais, il négocie des tokens numériques sur le réseau blockchain de JP Morgan pour des prêts d’actifs à court terme. Le système de blockchain de JP Morgan, Onyx Digital Assets, a vu le jour en décembre 2020. Jusqu’à présent, il a traité plus de 300 milliards de dollars de transactions d’État.
BNP Paribas opte pour la blockchain Onyx
La blockchain Onyx traite spécifiquement le marché des rachats journaliers (repo). Il s’agit d’un marché juteux évalué à environ 12 000 milliards de dollars. Les banques peuvent prêter des bons symboliques du Trésor américain pendant quelques jours sans que les actifs ne quittent leurs bilans. Cela aide à gérer les demandes de liquidités imposées aux institutions depuis la crise financière de 2008.
Les emprunteurs peuvent ensuite échanger les tokens contre des liquidités. Ainsi, ils peuvent augmenter leur garantie pour l’utiliser sur les marchés dérivés. Onyx utilise le token de paiement numérique de JP Morgan, le JPM Coin. Ce dernier a fait son entrée à peu près au même moment que sa plateforme blockchain.
Des smart contracts automatisés régissent les transactions sur ce réseau blockchain. Onyx se targue d’ailleurs de permettre « l’échange atomique quasi instantané de garanties contre de l’argent ».
Le responsable de l’ingénierie de BNP Paribas, Joe Bonnaud, a déclaré que l’adoption d’Onyx par la banque était plus que l’exploration d’une preuve de concept. La banque gérait 612 milliards de dollars d’actifs au début de l’année. Cette décision aidera, selon le groupe, à utiliser la blockchain à mesure que les cycles de négociation et d’exploitation des marchés évoluent. La banque rivale Goldman Sachs avait déjà rejoint Onyx en juin dernier.
« Nous considérons cela comme faisant partie de nos efforts pour utiliser la technologie pour l’ensemble du cycle de vie des transactions et des opérations à mesure que le marché évolue. »
Joe Bonnaud, responsable de l’ingénierie de BNP Paribas
BNP Paribas fait partie d’un consortium de banques françaises expérimentant un projet de blockchain de la banque centrale. En effet, la banque négocie des titres de créance dans le cadre de la recherche sur les monnaies numériques de banque centrale (MNBC).
JP Morgan : blockchain, pas Bitcoin
JP Morgan adoptant la blockchain ? Cela pourrait en surprendre quelques-uns ! Son PDG, Jamie Dimon, n’a jamais cessé de critiquer Bitcoin au fil des ans. Jamie Dimon a été l’un des partisans les plus virulents du slogan « blockchain, pas Bitcoin ». Ce slogan est celui d’acteurs institutionnels, fatigués de la crypto en 2018. Ces derniers qualifiaient par exemple le Bitcoin de « l’or des fous », encore considéré « sans valeur » il y a peu.
Les blockchains telles qu’Onyx diffèrent grandement de Bitcoin et d’Ethereum. Ces derniers sont des réseaux publics décentralisés. Toute personne disposant du bon équipement peut rejoindre et utiliser les blockchains décentralisées. À l’inverse, JP Morgan contrôle qui valide les transactions Onyx et décide finalement quelles institutions peuvent accéder à son réseau.
JP Morgan a développé et vendu la plateforme de blockchain d’entreprise open source Quorum au géant Ethereum ConsenSys en août 2020. Quorum permet aux entreprises de déployer leur propre blockchain (centralisée donc). D’ailleurs JP Morgan a rejoint un tour de financement de 65 millions de dollars de ConsenSys un an plus tard. Malgré le scepticisme de Jamie Dimon, JP Morgan a discrètement commencé à offrir à ses clients les plus riches l’accès à une demi-douzaine de fonds cryptos l’année dernière.
JP Morgan a également réalisé un « investissement stratégique ». Le groupe a effectivement investi dans la société d’analyse blockchain TRM Labs en février. Cette société aide à tracer les flux cryptos illicites pour faciliter les questions réglementaires. Le directeur d’Onyx, Tyrone Lobban, a par ailleurs déclaré que JP Morgan explorait l’accès institutionnel aux marchés financiers décentralisés via Onyx.
Après avoir franchi le pas des smart contracts en 2020, c’est très logiquement que le deuxième plus grand groupe bancaire d’Europe s’intéresse à la blockchain. Loin des idéaux libertaires de Satoshi Nakamoto, les banques s’approprient cette technologie révolutionnaire, conçue pour leur faire face. Il y a un an, un représentant de BNP Paribas démontait d’ailleurs Bitcoin, et ça vaut le détour.