Francs suisses contre bitcoins suisses. Depuis octobre 2021, des groupements de citoyens suisses tentent de faire acheter des réserves de Bitcoin (BTC) à la Banque nationale suisse (BNS). Si le processus prend du temps, ils ne lâchent pas l’affaire pour autant, et cherchent notamment à réunir 100 000 signatures pour leur projet.
Bitcoin, une réserve tout aussi indispensable que l’or pour une banque centrale ?
L’association 2B4CH est un groupe de réflexion suisse à but non lucratif qui « étudie les transformations sociétales et politiques induites par Bitcoin » d’après son propre descriptif. Le groupe et son co-fondateur, Yves Bennaïm, ont lancé une « Bitcoin Initiative » qui vise à changer les obligations de la Banque nationale suisse inscrites dans un article constitutionnel helvète (« Art. 99-3 »), en y ajoutant à la fin les deux mots soulignés ci-dessous :
« La Banque nationale suisse crée des réserves de change suffisantes grâce à ses revenus ; une partie de ces réserves est détenue en or et Bitcoin. »
Initiative pour changer un article de la Constitution suisse
Selon le co-fondateur de 2B4CH, qui répond au journal local NZZ, l’objectif premier est « d’ouvrir un débat » avec cette initiative. Notamment pour « protéger notre souveraineté et notre neutralité » grâce aux BTC, d’après ce bitcoiner suisse.
Le BTC, une réserve de valeur « plus fiable que l’euro et le dollar »
De son côté, Luzius Meisser, qui est le président de Bitcoin Suisse, va défendre Bitcoin comme monnaie de réserve lors de la prochaine assemblée générale de la BNS. Tous ses pro-cryptos suisses veulent en effet assurer leur souveraineté nationale face à la menace supranationale de la Banque centrale européenne (BCE).
« En incluant Bitcoin dans ses réserves, la Suisse marquerait son indépendance vis-à-vis de la Banque centrale européenne. Une telle mesure renforcerait notre neutralité. (…) Je crois vraiment que Bitcoin devrait faire partie des réserves monétaires de la Suisse, (…) cet actif numérique est plus robuste à long terme que les investissements en euros et en dollars, dont les économies ont tendance à utiliser l’inflation pour réduire leurs montagnes de dettes, ce qui dévalue également les investissements de la BNS. »
Luzius Meisser, président de Bitcoin Suisse
Et le chef d’entreprise crypto donne d’ailleurs à ce sujet un exemple concret. En effet, en 2022, il avait déjà proposé que la BNS investisse 1 milliard de francs suisses (1 Fr. = 1,03 €) dans Bitcoin, pris sur la part investi dans les obligations d’État allemandes. Et si la banque centrale helvète avait suivi cette recommandation : « la Suisse serait aujourd’hui plus riche d’environ 30 milliards de francs » !
Ce serait même une suite logique, puisque Bitcoin a déjà débarqué dans des banques suisses, comme PostFinance, qui propose le roi des crypto-actifs à ses clients depuis plus d’un an maintenant. Si la Suisse veut se démarquer comme une terre véritablement crypto-friendly, la BNS va devoir effectivement réfléchir sérieusement à ajouter un peu de bitcoins au Trésor national helvète, comme le Salvador a su le faire (avec succès !) de son côté de l’Atlantique.
