Comptabilité Bitcoin. L’entreprise MicroStrategy ne s’est pas renommée elle-même « société de développement du Bitcoin » pour rien. En effet, elle est désormais principalement connue pour sa capacité boulimique à absorber et retenir les BTC. Une situation qui permettait à son action MSTR d’offrir un moyen détourné de s’exposer au marché du Bitcoin. Mais cette utilité jusque-là « unique » est désormais largement remise en cause depuis l’approbation des ETF au comptant par la SEC des États-Unis. Un contexte au sein duquel la société de Michael Saylor affiche un bilan mitigé, avec une perte nette de 53,1 millions de dollars pour le premier trimestre de cette année. Mais est-ce aussi simple que cela ?
MicroStrategy : 214 400 BTC à un prix moyen de 35 180 $ l’unité
La société MicroStrategy se présente comme « la plus grande entreprise détentrice de Bitcoin cotée en bourse. » Et il est vrai que son portefeuille garni de 214 400 BTC au dernier décompte a de quoi impressionner, jusque dans les rangs du leader mondial de la gestion d’actifs BlackRock.
Car l’entreprise possède désormais plus de 1 % de la quantité totale de BTC promise à terme par Satoshi Nakamoto (21 millions d’unités). Cela alors que dans le même temps son fondateur et maximaliste convaincu Michael Saylor refuse au BTC son caractère initial de monnaie, présenté comme un « malentendu fondamental. »
Et alors que le Bitcoin enregistre un recul notable depuis son plus haut historique de mars dernier, la société MicroStrategy s’est pliée à l’exercice imposé de la publication de ses résultats pour le premier trimestre 2024. Et le moins que l’on puisse dire est que le prix d’achat moyen de ses BTC reste toujours très compétitif.
« En tant que première société de développement Bitcoin au monde, MicroStrategy s’engage à poursuivre le développement du Bitcoin à travers nos activités sur les marchés financiers, la défense des droits et l’innovation technologique. C’est grâce à notre stratégie Bitcoin unique et à nos solides antécédents en tant que société d’exploitation que nous détenons désormais 214 400 BTC à un prix d’achat moyen de 35 180 $ l’unité. »
Phong Le, PDG de MicroStrategy
Un bilan mitigé pour le premier trimestre 2024 ?
Le problème d’une « société de développement du Bitcoin » est principalement d’être une « société de développement du Bitcoin. » Car cela implique de faire face à la forte volatilité de cette cryptomonnaie emblématique. Et dans le cas de MicroStrategy, son bilan du premier trimestre 2024 est clairement à l’image des dernières performances du BTC.
En effet, la société de Michael Saylor affiche sur cette période une « perte de valeur sur les actifs numériques » estimée à 191,6 millions de dollars. C’est-à-dire 10 fois plus que lors du premier trimestre de l’année dernière (18,9 millions de dollars).
« Les charges d’exploitation pour le premier trimestre 2024 s’élevaient à 288,9 millions de dollars, soit une augmentation de 152,8 % par rapport au premier trimestre 2023. Les charges d’exploitation comprennent des pertes de valeur sur les actifs numériques de la Société, qui s’élevaient à 191,6 millions de dollars au premier trimestre 2024, contre 18,9 millions de dollars au premier trimestre 2023. »
Au total, la société MicroStrategy affiche donc un bilan négatif, avec une perte nette estimée à 53 millions de dollars pour le premier trimestre de cette année. Pourtant cela semble difficile à croire, si l’on considère que le prix moyen d’achat de ses BTC enregistre une hausse importante sur cette même période.
En cause, une norme de comptabilité qui ne prend pas en compte la juste valeur des actifs numériques. De ce fait, la hausse de 65 % affichée par la valeur marchande du Bitcoin au cours du premier trimestre n’apparaît tout simplement pas. Et chaque BTC est inclu dans ce bilan au prix moyen de 23 680 $ ! Soit une valeur comptable de 5,07 milliards de dollars au total au lieu des 13,6 milliards de dollars actuels.
Même si la société MicroStrategy affiche un bilan comptable négatif pour le premier trimestre de cette année, ses avoirs en BTC continuent d’enregistrer un rendement important. Une réalité qui pousse d’autres entreprises à suivre l’exemple de Michael Saylor. D’autant plus avec un bull run toujours en attente de démarrage effectif.
