Bitcoin en Afrique : le remède souverain à la souffrance monétaire

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Bitcoin et l’Afrique comme une évidence – Depuis le 3 janvier 2009 et le lancement de Bitcoin, 5 146 jours se sont écoulés. Chaque jour depuis, des gens en entendent parler pour la première fois et s’y intéressent pendant que d’autres, en plaisantent en se disant que c’est quand même une drôle d’idée que cet argent virtuel. Au même moment, certains veulent devenir riches alors que des passionnés trouvent la technologie formidable. Mais, chaque jour surtout, des gens utilisent Bitcoin parce que c’est un bon outil. Parce que c’est un moyen très simple et très efficace de résoudre des problèmes parfois insurmontables.

Ces situations où Bitcoin devient indispensable, on les trouve au Venezuela, en Afghanistan, en Érythrée, aux États-Unis, au Togo et dans toutes les capitales du monde où des personnes cherchent à simplement échanger de la valeur dans un environnement monétaire qui les exclut. Dans cette chronique, nous allons nous pencher sur les réalités d’un continent souvent mal connu et trop facilement ramené à ses apparentes difficultés. L’Afrique, car c’est d’elle dont on parle aujourd’hui, a déjà adopté Bitcoin. Et à grande échelle. Avec ses réalités multiples et son incroyable diversité, elle a pris Bitcoin pour ce qu’il est avant tout : un outil. Du Maroc à l’Afrique du Sud et du Sénégal au Soudan en passant par le Nigéria, moteur de l’adoption, partons ensemble à la découverte d’un continent qui a pris une longueur d’avance sur le reste du monde.

Préambule aux généralités sur l’Afrique

Un continent gigantesque aux réalités multiples

Avant d’aller plus loin, quelques chiffres sur le continent africain où l’on compte environ 1,2 milliard d’habitants répartis dans 54 pays. Sur 6 fuseaux horaires, on estime le nombre de langues à 3 000 dont le swahili, l’arabe, le français, l’haoussa ou le yoruba sont les plus couramment parlées. Essayer de cerner une réalité commune à cet ensemble hétérogène est un exercice ô combien difficile qui mène souvent à des raccourcis erronés.

D’ailleurs, d’un point de vue géographique, l’immensité désertique et sous-peuplée du Sahara n’a pas grand-chose à voir avec les folles densités observées au bord du golfe de Guinée ou dans la région des Grands Lacs. Économiquement parlant, comparer l’Afrique du Sud ou le Nigéria avec certains pays de la bande sahélienne comme le Burkina Faso n’a pas beaucoup de sens. Enfin, les religions, les ethnies, les histoires nationales et les dynamiques de sous-régions composent une mosaïque complexe de singularités culturelles et sociales difficile à réduire à la simple appellation géographique : Afrique.

Mais, nous sommes là pour parler cryptomonnaie. Et, dans cryptomonnaie, il y a monnaie. Et si on voulait trouver un dénominateur commun à l’ensemble du continent, cela pourrait bien être un rapport compliqué à la monnaie. Ce qu’un éditorialiste camerounais a appelé « la douleur monétaire ». Que ce soient les 14 pays qui utilisent le franc CFA ou tous ceux qui ont leur monnaie nationale, ils sont confrontés à des problèmes au quotidien. Et c’est par là que nous allons commencer notre exploration.

La douleur monétaire, une expérience commune à tous les pays d’Afrique, ou presque

La douleur monétaire comme expérience commune

Tout d’abord, un mot sur le franc CFA que nous recroiserons au cours des chroniques suivantes. Disons-le tout net, c’est une monnaie très critiquée par une partie des élites africaines.

Ce système serait une entrave à la compétitivité des économies locales, un frein à la libre circulation des capitaux, mais surtout la cause d’un manque de souveraineté financière évident. Et, son utilisation au quotidien est parfois un parcours du combattant pour qui veut faire des affaires. Quant à son apparente stabilité, elle n’est qu’un leurre dès lors qu’il s’agit de le convertir en une autre grande monnaie d’échange comme, par exemple le dollar.

Quant aux autres devises du continent, elles ne sont pas non plus épargnées par les critiques et les problèmes. Et le premier d’entre eux est sa dévaluation face au billet vert qui atteint des sommets depuis quelques années. Sur la dernière décennie, la livre soudanaise a ainsi perdu 99,2 % de sa valeur, le dollar zimbabwéen, 99,2 %, le cedi ghanéen, 81,3 %, le kwanza angolais, 81,2 % et le naira nigérian 62,5 %. La volatilité, ici, on connait. Mais dans un seul sens seulement. Les causes ?

Politiques monétaires inefficaces, influences de puissances extérieures, mauvaises gestions gouvernementales ou corruption font partie des raisons avancées tout comme l’instabilité politique ou les conflits. Dans tous les cas, la population souffre de la situation. Elle cherche des moyens de survivre dans cet environnement financier défavorable que nous allons décrire tout au long de ces nouvelles chroniques africaines à venir.

Notre guide pour (mieux) comprendre les choses : Prince Don

Afin de se repérer dans ce qu’est l’Afrique en 2022, nous avons demandé à un jeune travailleur expatrié d’être notre guide.

Prince Don a grandi en Côte d’Ivoire où il a fait des études d’économie à l’institut National Polytechnique de Yamoussoukro à 250 km au nord d’Abidjan. Suite à cela, il est embauché dans une grande entreprise d’audit financier où il travaille depuis 12 ans. En 2017, il quitte son pays pour la région parisienne où il habite maintenant.

Prince Don découvre Bitcoin en 2017, en achète un peu pour spéculer, puis vend tout en panique durant le bear market de 2018. Un peu échaudé, il laisse ça de côté et n’y reviendra qu’à la faveur du confinement. Comme beaucoup de gens, il va profiter de ce temps disponible pour se documenter en profondeur sur les cryptos. Finalement, après deux ans à tourner autour de Bitcoin, il décide de lancer un podcast pour tenter d’éduquer le grand public et de tordre le cou aux idées reçues. L’Afrique parle Bitcoin est créé et il rencontre depuis des entrepreneurs, des penseurs engagés et des acteurs de l’industrie qui veulent faire de la crypto un outil d’émancipation financière pour les Africains.

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L’absence des banques fait le lit de Bitcoin en Afrique

L’inclusion bancaire la plus faible du monde

Avec lui, nous allons essayer de comprendre comment cette situation monétaire compliquée a fait le lit de Bitcoin. Et, pour commencer, c’est du faible taux de bancarisation dont il faut parler. Et même s’il est très compliqué de faire des généralités entre les populations rurales et urbaines, les femmes et les hommes, les pays à forte croissance et les autres, la réalité est que l’Afrique est toujours le dernier de la classe.

Prenons l’exemple de l’Afrique de l’Ouest avec le dernier rapport de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest. Selon ses données, pour l’ensemble des 8 pays sous son autorité, le taux de bancarisation est de 21,8 % en 2021. Ce taux de bancarisation strict représente le pourcentage de la population adulte âgée de 15 ans et plus détenant un compte dans un établissement bancaire.

Au niveau continental, ce taux passe à 35 % en moyenne. Mais, on retrouve, comme toujours, de très grandes disparités entre des pays comme le Kenya ou l’Afrique du Sud qui dépassent les 85 % et le Soudan du Sud qui affiche seulement 5 %. L’Afrique est donc clairement à la traine comparée aux 55 % de l’Asie du Sud-Est ou aux 70 % de l’Amérique latine.

Pauvreté et difficultés d’identification en tête des explications

Après le constat, place à quelques explications dont la première est toute simple : le faible niveau de revenus. Pour donner un ordre d’idée, dans le classement des 35 pays les plus riches de la planète, seuls le Nigéria et l’Égypte représentent le continent. Dans le même temps, les 20 derniers pays sont presque tous africains. Cette pauvreté a éloigné du monde bancaire une grande partie du continent qui survit avec moins de 2 dollars par jour. Autre raison avancée pour la faible inclusion financière : la difficulté d’obtenir des documents officiels.

Ainsi, en Afrique subsaharienne, le taux de personnes ne possédant aucun papier d’identité est de 44 %. Il est de 15 % pour l’Afrique de l’est et du nord. Cette absence d’identification formelle est un frein certain à l’ouverture d’un compte bancaire. Distances à parcourir pour enregistrer un enfant à l’état civil, manque d’informations claires, défaillances de l’administration et manque d’éducation sont autant d’explications à la difficulté d’obtenir un acte de naissance et donc, plus tard, d’une pièce d’identité. Il faudrait aussi parler de l’absence d’adresses postales dans les campagnes et même dans beaucoup de quartiers populaires des mégapoles où, à moins de posséder une boite postale, il n’est pas possible d’avoir une véritable adresse officielle. Du coup, avec tout ça, il devient compliqué de passer le moindre KYC. Car oui, on va bientôt arriver à notre sujet.

Cette absence de présence bancaire dans le quotidien a favorisé pendant des décennies la dominante de l’argent liquide dans l’économie et la persistance de systèmes traditionnels comme la tontine ou l’Hawala dont nous parlerons une prochaine fois. Et c’est dans ce contexte financier qu’une innovation technologique va tout chambouler au milieu des années 2000.

En Afrique les cryptomonnaies ont le vent en poupe : portée par le développement des paiements mobiles, le système bancaire du continent ne semble pas répondre aux besoins de ses habitants.
Le manque de présence bancaire au quotidien favorise le développement des cryptomonnaies sur le continent africain

L’expansion incroyable du mobile money prépare le terrain de Bitcoin

La technologie USSD au secours des échanges nationaux

Lorsque Prince Don était petit, sa mère lui donnait de l’argent liquide et il partait payer les factures de la maison. Il restait ainsi plusieurs heures à attendre en plein soleil que le préposé aux factures le reçoive finalement. Il donnait ses billets contre un reçu dûment tamponné et continuait ainsi du service de l’eau à celui de l’électricité. Pendant ce temps-là, sur le marché du village, les vendeuses manipulaient des liasses ou de la petite monnaie toute la journée. Mais, il y a une vingtaine d’années, tout a subitement changé.

Et c’est du Kenya que la révolution est arrivée avec M-Pesa. Il s’agit du premier service d’échange d’argent basé sur la technologie USSD (Unstructured Supplementary Service Data). En gros, il s’agit d’envoyer, de recevoir et de stocker de l’argent sur son téléphone. Mais pas besoin d’un smartphone. Cela fonctionne sur les téléphones basiques, ceux à neuf touches. Et, c’est là toute la subtilité qui a fait le succès phénoménal du mobile money. Votre numéro de téléphone devient votre portefeuille, tout simplement.

Ce système a petit à petit été disponible auprès de tous les opérateurs et a su conquérir un très large public. Aucun besoin d’internet, un coût extrêmement faible, une utilisation ultra-simplifiée et une large pénétration de la téléphonie 3 G ont fait la réussite du mobile money qui a tout simplement révolutionné la vie de centaines de millions de gens. En 2021, ce sont 621 millions de comptes enregistrés et un volume de 36,7 milliards de dollars de transactions financières, toujours en croissance de 23 % comparé à 2020. Certaines sources parlent de 701,4 milliards de dollars transférés dans cette seule année.

Le besoin de transferts internationaux devient urgent

Depuis quelques années, Prince Don arrive donc à envoyer de l’argent à sa grand-mère, au village, en utilisant ce type de service. Alors qu’elle ne sait ni lire, ni écrire, elle a très bien compris comment ça fonctionne. Elle marche jusqu’à la ville d’à côté et se dirige vers une table en plastique où est planté un parasol aux couleurs d’un célèbre opérateur. Elle consulte son solde et transfère instantanément au jeune qui tient le point de change la somme qu’elle souhaite retirer. La minute d’après, il lui remet l’argent liquide. C’est aussi simple que ça le MoMo (MObile MOney pour ceux qui ne l’ont pas).

Ceci permet désormais d’échanger très simplement de l’argent et participe clairement à la financiarisation d’une grande partie du continent. Tous les commerçants y sont passés et même les petits vendeurs de rue acceptent dorénavant ce moyen de paiement. Il est même possible de payer des factures et des services de cette manière. Les enfants et les grand-mères ne font donc plus la queue au soleil pour payer leurs impôts ou les frais de scolarité. Mais, derrière cette petite révolution, des problèmes subsistent comme l’interopérabilité entre les prestataires de services qui avance lentement ou l’impossibilité d’utiliser le MoMo pour des paiements internationaux.

Or, ils sont indispensables. D’abord, pour tous ceux qui voudraient commercer hors de leurs frontières. Envoyer de l’argent ou acheter des marchandises au pays voisin, à la Chine ou aux États-Unis est une gageure. Mais, aussi parce qu’environ 40 millions d’Africains vivent en dehors du continent. Et que la diaspora a envoyé sur le continent près de 80 milliards de dollars en 2020. Pour le Cap-Vert, la Gambie ou le Lesotho, cela représente même 20 % du PIB selon la Banque mondiale. Or, il est inutile de vous dire que les sociétés spécialisées type Western Union ou Money Gram profitent allègrement de leur monopole pour afficher des tarifs prohibitifs. Il manquait donc quelque chose dans le paysage. Il manquait un nouvel outil compatible avec le mobile money pour échanger à grande échelle.

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Comment se procurer du bitcoin en Afrique ?

Une jeunesse dynamique qui s’émancipe des anciennes barrières

Bien sûr, c’est à cet instant précis que Bitcoin arrive dans l’histoire. C’est le Nigéria qui sera parmi les premiers à l’utiliser et à démocratiser son utilisation. Aujourd’hui, le pays est dans le top 5 des pays les plus touchés par la bitcoin mania et cela va se répandre petit à petit sur tout le continent. Discrètement, sous les radars, utilisé par une population déjà habituée à de l’argent dématérialisé.

Armée de sa mobile money, la jeunesse urbaine comprend très vite les avantages de Bitcoin. Malgré la faible couverture internet, les wallets mobiles fleurissent en ville et on commence à s’échanger des satoshis. Bien sûr, certains comme Prince Don, essayeront aussi d’arrondir leurs fins de mois en spéculant avec plus ou moins de réussite. Mais, dans l’ensemble, on utilise concrètement son BTC. On le transfère. Et avec la généralisation du Lightning Network, le coût des transactions est quasiment nul.

Quant à ceux qui se demandent comment il est possible de gérer la volatilité du roi des cryptos, il suffit de se rappeler que les devises locales sont également fluctuantes comme on l’a vu plus haut. Mais seulement à la baisse pour le coup ! Avec Bitcoin, au moins, on a l’espoir que ça remonte un jour. Et l’histoire nous l’a montré. Leur a montré.

Le Nigéria, un des pays qui craque le plus pour bitcoin (BTC)
Le Nigéria, un pays qui favorise l’adoption de Bitcoin en Afrique

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Le peer-to-peer comme standard

Les grands exchanges de la crypto mettront du temps à arriver sur le marché. De la même façon que les banques peinent à recruter des clients, il est compliqué pour beaucoup de jeunes Africains de faire un KYC en bonne et due forme. Et c’est à moment là que le web2 et le web3 vont se rencontrer. Whatsapp et Telegram vont ainsi faire la courte échelle à Bitcoin.

Sous la forme de groupes sur ces applications, on se met à échanger des satoshis. Des dealers de bitcoins apparaissent et s’épanouissent sur les messageries privées. Pendant que les gouvernements l’interdisent, le limitent et que la MoMo s’institutionnalise auprès des banques, Bitcoin circule. Alors qu’il est impossible d’envoyer du naira nigérian à l’étranger, il devient simple d’y transférer des millions de satoshis. Prince Don nous racontera que parfois le prix du marché est supérieur au prix spot des exchanges mais que parfois, c’est l’inverse. C’est la loi de l’offre et de la demande ! Et, le Nigéria en est l’exemple le plus frappant ! Le Bitcoin en peer-to-peer (P2P) explose et devient ainsi la première source d’approvisionnement du continent.

L’Afrique est tout simplement le premier utilisateur des services de P2P loin devant les autres continents. Puis, après quelques années, trois pays d’Afrique sont parmi les 10 premiers utilisateurs de cryptomonnaie dans le monde : le Nigéria, le Kenya et le Togo.

Des plateformes qui s’adaptent aux réalités locales

Progressivement, des plateformes acceptant le paiement en mobile money et fonctionnant sans KYC vont connaître une ascension fulgurante. De la même façon, les échanges P2P vont s’institutionnaliser un peu avec des opérateurs comme Paxfull qui vont baliser et simplifier le processus pour le grand public. Prince Don nous a raconté l’histoire d’une femme qui vit à Abidjan et qui voudrait acheter du bitcoin pour l’envoyer à sa sœur qui vit au Ghana. Avant Bitcoin, sans compte en banque et sans énormément de frais, ce n’était simplement pas possible. Aujourd’hui, c’est simple.

Elle va commencer par créditer son compte mobile money avec du liquide dans la rue. Puis, via un exchange comme Yellow Card qui couvre 16 pays africains, elle va acheter des satoshis avec son compte mobile money. Ou elle va les trouver sur un groupe privé. Ensuite, elle va envoyer la somme sur son wallet. Custodial ou non-custodial mais toujours sans KYC et acceptant le Lightning Network, il y a l’embarras du choix. Wallet of Satoshi, Blue Wallet ou Muun. Enfin, elle n’aura plus qu’à envoyer le tout à sa sœur qui pourrait habiter n’importe où dans le monde. Impensable il y a encore quelques années.

En même temps que ces solutions locales, les géants comme Binance, Coinbase ou Crypto.com ont fait aussi une belle percée et ont su conquérir un large public. Les programmes de fidélité, de récompenses et le staking ont bien entendu trouvé leur public. Mais, ces services demeurent réservés aux populations urbaines et pouvant, on le redit, réaliser un KYC et se connecter à internet. Mais, pour que la fête soit totale, il manquait un dernier pont logique à faire entre la mobile money et Bitcoin. Et, il a été inventé par un jeune nigérian nommé Kgothatso Ngako.

Machankura, le chainon manquant de l’évolution ?

Machankura. C’est le nom de ce service qui signifie argent en argot des townships.

Machankura le services d'échanges de bitcoins africain

Cette application est devenue en quelques mois la coqueluche des médias, car son principe est simple et très ingénieux. Il s’agit d’utiliser la technologie USSD, celle du mobile money, pour acheter, vendre et transférer des satoshis. L’interface est extrêmement simplifiée et permet une compréhension rapide du processus. Mais, surtout, le fait de pouvoir échanger du BTC sans internet est une petite révolution.

Il suffit d’acheter des sats via l’application puis de les garder ou de les transférer vers un autre wallet. Pour dépenser ses satoshis, il est également possible d’utiliser les services d’opérateurs qui proposent l’achat en crypto de cartes-cadeaux que l’on peut dépenser dans énormément de magasins comme une carte bancaire prépayée. D’un point de vue technique, c’est la société Machankura qui réalise les transactions sur le Lightning Network et qui crédite ensuite les portefeuilles. Le tout moyennant une petite commission bien sûr.

Une critique récurrente à propos du système est le côté custodial de cette solution, ce qui veut dire que les clients n’ont pas leurs clés privées. Cet aspect est amené à évoluer, mais pour l’instant, c’est le seul moyen de passer du mobile money au Bitcoin sans internet et le nombre de pays qui l’adopte ne cesse de croître de mois en mois. C’est une porte entrouverte sur un nouveau monde financier pour des centaines de millions de personnes.

Depuis le développement du mobile money jusqu'à Machankura bitcoin n'a eu de cesse de gagner du terrain en Afrique
Du mobile money à Machankura : bitcoin envahit l’Afrique

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En attendant la semaine prochaine…

Car finalement du Cap à Tunis et de Conakry à Mogadiscio, l’efficience est la valeur cardinale. Les concepts de réseau « ouvert », « sans autorisation », « incensurable » ou encore « sans frontières » font sourire en Europe. Seuls quelques Cypherpunks de la première heure attachent encore de l’importance à ces mots. Mais dans nombre de pays africains, ces mots résonnent comme un fol espoir de changement.

Comme un vent nouveau qui se met à souffler sur toute une jeunesse qui veut renverser la table et sortir de sa condition financière étriquée. Et, Bitcoin est l’outil idéal pour ça. Du moins en attendant mieux. Car ici point de chapelle, si quelqu’un propose mieux, on prendra. Mais en attendant, c’est la seule solution valable. Quant au cas très particulier de la Centrafrique, qui a donné un cours légal à Bitcoin le 26 avril 2022, nous en reparlerons très vite tous ensemble.

Maintenant que nous avons vu comment Bitcoin a comblé un vide criant en Afrique et quels sont les moyens de s’en procurer, il nous reste à faire le tour des utilisations de cette monnaie pas comme les autres. Et, ce sera le sujet des articles à venir dans les prochaines semaines. Mais, difficile de résister à l’envie de vous en glisser quelques mots en guise de conclusion.

Alors, dans le désordre, citons quelques exemples. Bitcoin pour contourner la censure d’un État autoritaire ou lever des fonds pour des ONG bannies. Pour commercer avec le reste du monde sans distinction de richesse, de devise, de couleur de peau, de sexe, de religion, d’idéologie politique ou de nationalité. Pour financer sa survie sur le chemin de l’exil entre la corne de l’Afrique et l’Europe. Car Bitcoin ne coule pas au fond de la Méditerranée lorsque vous chavirez. Parce que personne ne peut vous empêcher de l’utiliser ou vous le voler quand vous dormez. Et parce que, comme dirait Prince Don, il remet une bonne fois pour toutes l’Afrique sur un pied d’égalité avec le reste du monde. Pour tout ça, rendez-vous la semaine prochaine.

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Ben Canton

Prof à la ville comme à la scène, vulgariser et expliquer c'est mon quotidien. Crypto-agnostique pratiquant, je cherche la lumière dans les ténèbres des internets en essayant d'éviter les querelles de chapelles ! En attendant la révélation, j'achète du Bitcoin pour mes enfants et je m'enthousiasme pour les projets à destination du grand public.

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