2020, Bitcoin et les cryptomonnaies – Les 3 chiffres clés d’une année d’exception
Depuis la création de Bitcoin, la cryptosphère est un espace-temps à part, qui possède son propre référentiel. Si nous devions retenir trois chiffres représentatifs de l’année écoulée dans cet univers, lesquels choisirions-nous ?
24 300 dollars : nouveau all-time high pour le prix du bitcoin
Cet événement tant attendu clôture l’année 2020 : la consécration de Bitcoin par le marché. Son cours vient d’imprimer un nouveau all time high, dépassant (avant de reculer pour la forme) les 25 000 dollars.
Après le franchissement des 10 000 dollars, et sans correction majeure, le cours du BTC témoigne d’une forte demande. La pression acheteuse est très puissante.
L’offre disponible n’a fait que se raréfier en 2020. Outre le halving (production de bitcoins divisée par deux), le solde des plateformes de change a chuté de près de 20 % sur l’année.
Ce cycle haussier, s’il venait à être d’une ampleur comparable au précédent, pourrait conduire le prix d’un bitcoin vers une somme à 6 chiffres. Les analystes partagent leurs prédictions les plus optimistes, et la smart money attend avec impatience l’argent frais des nouveaux venus.
Bitcoin : monnaie versus commodité
Bitcoin peine à s’imposer comme moyen de paiement. En revanche, il est bien de l’or numérique aux yeux des investisseurs. Une conviction qui est cependant loin d’être aussi robuste que le protocole lui-même : la volatilité du cours reste élevée.
Toute cette euphorie n’est pas partagée par tout le monde, et Bitcoin divise. Selon Jamie Dimon, les gouvernements ne le laisseront pas enfler indéfiniment sans réagir. Pour Mark Cuban, Bitcoin est une religion, pas une solution à un problème. Quant à Peter Schiff, pourtant libéral et très critique vis-à-vis de la politique monétaire occidentale, Bitcoin n’a toujours aucune valeur intrinsèque.
14 milliards de dollars verrouillés au sein des protocoles DeFi
L’année 2020 fut sans conteste celle de la finance décentralisée (DeFi). Au 20 décembre, les protocoles DeFi comptabilisaient plus de 14 milliards de dollars de liquidités.
L’appellation “finance décentralisée” est vieille comme Bitcoin, mais elle a pris ces dernières années un nouveau sens. Aujourd’hui, quelques plateformes proposent les mêmes services que les banques traditionnelles, mais sans tiers de confiance. Tout repose sur les smart contracts, ces programmes autonomes exécutés par des réseaux décentralisés d’ordinateurs.
Prêt, épargne, trading, financement participatif, marchés prédictifs, tout est possible. Les taux d’intérêts sont beaucoup plus élevés que ceux de la finance traditionnelle. Plusieurs outils permettent désormais de sélectionner les meilleurs rendements de façon automatique.
Liberté, responsabilité, récompenses et punitions
Bien entendu, tout ceci est très expérimental. Ces quelques milliards de fonds déposés dans la DeFi ne sont qu’un grain de sable par rapport à la finance globalisée. Le marché des actions, par exemple, représente plus de 85 trillions de dollars. Celui des dérivés est estimé en quadrillions de dollars.
Comme toute expérience, la cryptosphère a son lot d’essais infructueux. Certains protocoles mal conçus présentent des failles qui peuvent rapporter plusieurs dizaines de millions de dollars pour qui les exploite.
Les cours des jetons numériques associés aux projets dits « DeFi » sont sujets à une volatilité exceptionnelle.
Grâce à la DeFi, l’investisseur peut participer à un marché réellement libre, ne connaissant aucune contrainte. Des acteurs innovants émergent. Qui aurait pu imaginer l’existence d’une plateforme comme Uniswap ou Yearn Finance en achetant ses premiers bitcoins sur MtGox ?
Assistons-nous à une nouvelle bulle spéculative de plus, comme lors du boom des ICO ? Probablement, mais ce n’est voir que la face émergée de l’iceberg. Derrière tous ces projets, aux noms parfois ridicules, se cache peut-être un géant de la finance de demain. À condition, bien entendu, que le développement de l’écosystème ne soit pas trop entravé par les régulateurs financiers.
Un vent de renouveau souffle sur l’écosystème des cryptomonnaies. Bitcoin et Ethereum, adoubés par le marché, semblent être là pour durer. Leurs infrastructures techniques sont en perpétuelle évolution et de gros changements s’annoncent pour l’année à venir. Du côté de la DeFi, les projets sérieux se concrétisent et de nouveaux produits et services apparaissent chaque jour.
80 % des banques centrales travaillent à la création de leur « monnaie numérique »
2020, c’est aussi l’année des monnaies numériques de banques centrales. Les autorités monétaires et bancaires du monde entier n’ont eu de cesse d’évoquer le sujet, sur fond de Covid-19. La première CBDC/MNBC d’envergure a vu le jour, émise par la Banque populaire de Chine.
Le terme “numérique” peut prêter à sourire : l’euro, par exemple, est déjà produit à plus de 90 % sous cette forme. Pourquoi diable créer une « crypto de banque centrale » ?
Afin de trouver la réponse à cette question, il faut avoir à l’esprit que si ceux qui créent la monnaie à cour légal et forcé apprécient certaines propriétés des cryptomonnaies, ils en redoutent la plupart.
L’aspect décentralisé de ces nouveaux actifs numériques ne les intéresse pas : cela n’entre pas dans leur paradigme. Leur aspect privé est un crime de lèse-majesté. Bitcoin est toléré parce qu’il est un jouet aux yeux des grands démiurges, pas une monnaie.
The new normal
En revanche, son caractère programmable et la transparence de son registre sont très inspirants. Repenser sa blockchain pourrait améliorer la surveillance financière, et ouvrir de nombreuses possibilités pour fluidifier le système existant.
À bout de souffle, les gouverneurs des banques centrales enchaînent les politiques monétaires “non-conventionnelles”. Il faudra trouver d’autres outils que le quantitative easing et les taux d’intérêts négatifs pour ralentir la venue des effets indésirables de telles folies. Changer les paramètres de la monnaie fiat en quelques clics de souris, et en temps réel, est un espoir secret.
Avant toute décision hâtive, les banques centrales occidentales étudient les possibilités offertes par les MNBC sous toutes leurs coutures. L’euro numérique prophétisé par Christine Lagarde sera taillé sur-mesure pour la BCE. Le « crypto-dollar » n’a pas trouvé grâce aux yeux de la Réserve fédérale américaine, qui gère son monopole monétaire sans complexes.
Ainsi s’achève notre bilan de l’année 2020 pour la cryptosphère. Derrière ces trois chiffres, se cachent trois concepts : Bitcoin, finance décentralisée et autorités de régulation. Jusqu’où ira-t-on ? Si nous y croyons, achetons du bitcoin.