Hiver crypto : les mineurs de bitcoins vont-ils réussir à se réchauffer en 2023 ?
Les mineurs face des difficultés majeures – L’idée de miner de la monnaie qui paraissait encore saugrenue il y a quelques années est devenue depuis une affaire sérieuse. Fini le temps des petits génies de l’informatique qui bricolaient dans leur chambre, place maintenant à des industriels côtés en bourse. Et ce secteur, qui affichait une santé insolente en 2021, vient de traverser une année 2022 en tous points compliquée. Situation macroéconomique dégradée, prix du bitcoin en berne, crise de l’énergie mondiale et bear market sur les cryptos, n’en jetez plus, la coupe est pleine ! À l’heure d’aborder un nouvel exercice comptable, l’industrie se confie sur les difficultés inhérentes à son activité et envisage le futur avec un mélange mesuré d’espoir et de craintes. Les gueules noires du Bitcoin témoignent.
Une jeune économie qui doit apprendre de cette année 2022
Un business modèle à revoir
Pour démarrer ce survol des problématiques de l’année, donnons la parole à Juri Bulovic, responsable de l’exploitation minière chez Foundry Digital. Pour lui, l’industrie dans son ensemble a réagi de manière trop déterministe en pensant que Bitcoin irait à 100 000 dollars bien avant de redescendre à 20 000. Et ce, en regard des bull run précédents. Malheureusement, cela n’est pas arrivé et le secteur du mining s’est retrouvé très vite étranglé.
Car le modèle économique de l’industrie a montré ses limites dans bien des cas. En effet, Wolfie Zhao, responsable de la branche recherche de BlocksBridge, nous explique que les mineurs n’ont que trois ressorts pour se financer : la vente de bitcoins, les emprunts ou la vente d’action. Confrontées à de graves problèmes de trésorerie, nombre de sociétés ont emprunté de l’argent, beaucoup d’argent.
Les mineurs de crypto devraient s’inspirer d’autres secteurs industriels
Et face à la baisse des prix, les plus endettés ont été contraints de déposer le bilan ou de restructurer leur dette. Ce fut le cas de Core Scientific, Greenidge Generation et de Stronghold Digital Mining. Alors comment faire pour éviter cette dépendance au crédit ? Jaran Mellerud, analyste chez Luxor Technologies, avance un début de réponse.
Il s’agirait pour le secteur de s’inspirer de ce que font par exemple les pétroliers, en faisant du risque un atout économique. Pourquoi ne pas vendre des contrats à terme sur Bitcoin ? Et ainsi se couvrir en cas de baisse des cours. Ou alors, avoir une gestion de trésorerie optimisée en vendant des bitcoins plus régulièrement comme le préconise Wolfie Zhao, plutôt que d’attendre d’être exsangue et de vendre au pire des moments. Autant de solutions à envisager pour le futur.
Les machines de minage et le hashrate en question
La guerre des machines entraine une concentration du hashrate
Du côté de la gestion des machines aussi, on s’attend à du changement. Zach Bradford, le PDG de CleanSpark, un mineur américain, a compris qu’une redistribution globale était en cours au niveau des machines d’extraction. En effet, au gré des faillites et des difficultés financières, des sociétés vendent leurs outils d’exploitation qui sont récupérés par leurs concurrents en meilleure santé financière.
Jason Les, le PDG de Riot, un autre géant américain du secteur, confirme qu’il a son propre calendrier d’acquisition, mais qu’il ne refusera pas un petit extra si une bonne affaire se présente ! Et cette concentration horizontale des moyens de production entraine une hausse du hashrate, confirmée par Fred Thiel, PDG de Marathon Digital. Ses installations prévoient ainsi de passer de 7 EH/s à 23 EH/s dans l’année qui vient.
Le progrès technologique pour augmenter la rentabilité
Mais pour survivre et tendre vers toujours plus de rentabilité, les industriels peuvent aussi compter sur le progrès technologique et la restructuration globale des infrastructures. Par exemple, faire de l’hébergement de données en plus du mining était un modèle en vigueur ces derniers temps. Mais la hausse des prix de l’énergie a fait vaciller cette option, comme le montre l’exemple de Compute North ou de Core Scientific qui perdait de l’argent avec ses installations.
C’est pourquoi le progrès technique pourrait aussi venir au secours des mineurs. Les nouveaux systèmes de refroidissement hydraulique ou par immersion sont certes onéreux, mais Juri Bulovic s’attend à une baisse des coûts dans le temps et à une démocratisation de ces méthodes dans le futur. Enfin, Aydin Kilic, chef d’exploitation du mineur canadien Hive Blockchain, ne cesse de vanter les performances de la nouvelle puce Intel Blockscale ASIC. Véritable game changer pour lui, elle pourrait modifier le paysage industriel du minage.
Crise énergétique et perspective pour 2023
Histoire et géographie du minage de crypto
Et à propos de géographie, il est important de souligner certains changements à venir. Alors que l’Amérique du nord concentre actuellement presque 45% du hashrate entre les Etats-Unis et le Canada, l’Université de Cambridge prévoit un exode massif de mineurs vers l’Amérique du sud, le Moyen-Orient et l’Asie du sud-est. La première raison évidente étant le prix de l’énergie bien plus abordable dans ces régions.
Mais les politiques règlementaires sont également à l’origine de ces modifications géostratégiques. L’État de New-York, mais aussi nombre de provinces canadiennes ont, par exemple, voté des lois très restrictives envers les mineurs de cryptomonnaie. Et alors que les prix de l’énergie battent des records et que les opinions publiques se passionnent subitement pour les questions environnementales, les mineurs deviennent les boucs émissaires de la crise actuelle. D’où leur délocalisation programmée.
Perspectives mitigées pour 2023 et au-delà pour la crypto
Enfin, disons-le clairement, l’industrie dans son ensemble attend avec une impatience non dissimulée une hausse du cours de Bitcoin. Malheureusement, pour Fred Thiel le prix de cet actif est conditionné par des facteurs exogènes au secteur. Le roi des cryptos restera ainsi bloqué entre 16 000 et 21 000 dollars tant que des nouvelles macroéconomiques franchement positives n’arriveront pas. Il pense à la politique de la FED, mais également à la guerre en Ukraine.
Et en ligne de mire, pour ne rien arranger, il y a ce fameux halving à venir. En effet, l’année prochaine, aux environs du mois de mars, les récompenses pour le minage de bitcoins seront divisées par deux. A ce propos, Fred Thiel est catégorique. Pour lui, le prix de Bitcoin doit absolument doubler d’ici là pour que l’industrie continue de fonctionner. Citons pour terminer le PDG de Cipher Mining, Tyler Page qui est tout à fait d’accord avec son collègue et qui voit carrément le halving comme une épée de Damoclès au dessus de l’industrie. Pas très rassurant pour ces spécialistes de l’extraction.
Finalement, à la question de savoir si les mineurs vont pouvoir se réchauffer en 2023, la réponse est la suivante : ça dépend ! Tout d’abord, de leur capacité à repenser leur industrie dans le temps et à optimiser les ressources énergétiques nécessaires à leur activité. Mais, aussi et surtout, de nombreux facteurs qu’ils ne maitrisent pas comme le cours de leur actif phare, le prix de l’énergie ou encore des régulations à l’œuvre dans leur secteur d’activité. Tout ceci fait dire à Jason Les qu’il préfère ne pas parier sur une hausse future du prix de Bitcoin. Il veut se concentrer sur les efforts à faire maintenant pour être rentable avec la conjoncture. S’il survit avec ces conditions hivernales compliquées, le printemps n’en sera que plus beau.
En crypto, ne faites pas l’économie de la prudence ! Ainsi, pour conserver vos avoirs cryptographiques à l’abri, la meilleure solution est encore un wallet hardware personnel. Chez Ledger, il y en a pour tous les profils et toutes les cryptos. N’attendez pas pour mettre vos capitaux en sécurité (lien commercial) !