Le stablecoin Basis met la clé sous la porte et rembourse ses investisseurs

Collectionnez les articles du JDC en NFT

Collecter cet article

La “Banque centrale algorithmique” stoppée dans son élanLe crypto-média The Block est le premier à avoir fait état des bruits de couloir concernant le “stablecoin algorithmique” Basis : du fait de difficultés à trouver un montage rendant le projet compliant vis-à-vis des obligations imposées par les régulateurs nord-américains, l’équipe Intangible Labs à l’origine du projet se voit obligée de purement et simplement l’abandonner. Les investisseurs seront à priori presque intégralement remboursés.

Action et obligation

À l’origine, derrière Basis, il y avait une idée en apparence toute simple : proposer un stablecoin qui soit stable. Dans l’idéal, ce stablecoin se devait aussi d’être le plus décentralisé possible. Mais toutes les idées, aussi lumineuses soient-elles, ne réussissent pas forcément à passer de la théorie à la pratique.

[arve model=”gif” url=”https://journalducoin.com/app/uploads/2018/12/why.mp4″ align=”center” promote_link=”no” autoplay=”yes” maxwidth=”480″ controlslist=”nodownload” controls=”no” loop=”yes” muted=”yes” /]

Il faut dire que le système ingénieux imaginé par Intangible Labs reposait sur un stablecoin à trois niveaux :

  • Basis, le token stable en tant que tel, censé conserver perpétuellement un peg de 1 token pour 1 dollar par exemple, et utilisé principalement sur les plateformes de change classiques de la cryptosphère,
  • Un token secondaire bond censé figurer une obligation,
  • Un token tertiaire share censé figurer une action.

Pour résumer très sommairement, c’est à l’aide d’un savant équilibre d’échanges sur marchés secondaires des tokens bond et share que Intangible Labs prévoyait d’assurer une forme de stabilité supérieure pour son token primaire Basis. La gestion de la disponibilité des tokens bond et share en fonction de l’évolution du cours du Basis étaient justement censée reposer sur des subtilités programmatiques développées par l’équipe en charge du projet.

Une voie sans autre issue

Malheureusement, dans une note de blog détaillée, l’équipe de Basis a annoncé devoir renoncer à son projet : ce savant mécanisme à trois niveaux se trouverait dans l’impasse quant à sa possibilité de correspondre aux exigences des différents régulateurs financiers américains.

Les tokens bond et share seraient fondamentalement trop financiarisés pour pouvoir échapper à une classification ultérieure en securities.

L’équipe a donc cherché d’autres solutions pour son montage global, mais arrive à la conclusion qu’aucune n’est satisfaisante.

[arve model=”gif” url=”https://journalducoin.com/app/uploads/2018/12/problème-blabla.mp4″ align=”center” promote_link=”no” autoplay=”yes” maxwidth=”480″ controlslist=”nodownload” controls=”no” loop=”yes” muted=”yes” /]

Le token perdrait drastiquement en décentralisation, par exemple par l’obligation d’établir une whitelist centralisée d’utilisateurs.

Mais la liste des critères à respecter serait de toute façon encore trop longue, par exemple en termes de réglementation KYC/AML restreignant l’utilisation du token aux seuls investisseurs accrédités.

Un trésor de guerre sous escrow

L’entreprise avait levé pour près de 133 millions de dollars auprès d’investisseurs divers comme Bain Capital Ventures, GV (anciennement Google Ventures), Andreessen Horowitz, Lightspeed Ventures et d’autres.

Les conditions préalables à la levée de fonds prévoyaient justement l’hypothèse d’un échec.

C’est pourquoi les fonds levés sont depuis conservés par la compagnie sous leur forme fiduciaire, et n’ont pas été impactés par le marché baissier actuel.
La trésorerie devrait donc prochainement être restituée quasi intégralement aux investisseurs, et le projet prendra donc fin.

En conclusion, le paysage légal encore incertain et les récents développements dans le paysage de l’accueil strict des ICO par la SEC auront fini de dissiper les ardeurs du projet Basis. Du moins, dans l’immédiat. Un concurrent de moins sur un marché qui s’est fortement étendu sur l’année écoulée, diront certains.

Grégory Mohet-Guittard

Je fais des trucs au JDC depuis 2018. En ce moment, souvent en podcast et la tête dans le nuage.

Commentaires

Votre email ne sera pas publié. En publiant un commentaire, vous acceptez notre politique de confidentialité.


Recevez un condensé d'information chaque jour