Ode à la finance décentralisée, épouvantail de l’ancien monde – Hebdo DeFi #7
DeFi Hebdo #7 – La DeFi, abréviation de « finance décentralisée », étonne et détonne. L’innovation constante de ce mouvement génère un engouement rarement constaté dans l’écosystème. Sommes-nous les témoins privilégiés d’un événement séculaire, sonnant le glas de la finance traditionnelle ?
Le chemin reste encore long, mais les bases s’affinent d’heure en heure. Il sera bientôt possible d’emprunter et prêter entre individus sans intermédiaires intrusifs.
Rome ne s’est pas faite en un jour
Prétendre être sur le point d’éclipser la finance traditionnelle est complètement fantaisiste. En effet, la jeunesse du mouvement DeFi implique un manque de légitimité qui ne l’autorise pas encore à concurrencer l’offre traditionnelle.
Prenons l’exemple de ce primo-accédant, pouvant emprunter jusqu’à 9 fois son apport auprès d’une banque classique. L’écosystème DeFi reste, quant à lui, confronté au phénomène de sur-collatérisation. Un individu n’est éligible qu’à 30 % d’emprunt de son capital réel. Pour cause, les actifs numériques ne bénéficient pas du crédit nécessaire à l’obtention d’une somme plus importante.
Qu’en est-il des taux d’intérêt à l’emprunt ? L’offre décentralisée de taux fixe est bancale. Lorsque Satoshi Nakamoto créa Bitcoin en 2009, c’était en réponse à la crise des subprimes, ayant entraîné une recrudescence d’insolvabilité des ménages. La finance décentralisée n’a pas encore réussi à résoudre ce problème, tant la fluctuation des taux d’intérêt peut s’avérer dangereuse pour l’utilisateur.
Même si des projets, tels que Nexus, nous laissent entrevoir les balbutiements d’un système d’assurance décentralisé, il est aujourd’hui impossible de couvrir une partie conséquente de son portfolio, contrairement aux options disponibles au sein de la finance traditionnelle.
Rassurons-nous ! Le niveau de matière grise active au sein de l’écosystème est sans équivalent. Le facteur temps ainsi que de multiples expérimentations crédibiliseront la quintessence même des actifs numériques.
Un système plus inclusif ? Oui, mais …
L’objectif ultime de la finance décentralisée est la démocratisation du système financier, autrefois réservée à une élite d’ores et déjà sur-capitalisée.
Nous sommes actuellement en train de déplacer le curseur entre cette élite financière et une nouvelle génération intellectuelle et scientifique. Difficile de profiter des opportunités de la DeFi, sans avoir des capacités intellectuelles hors du commun. La démocratisation reste un concept temporairement galvaudé dans le cadre de la finance décentralisée.
Citons le concept de flash loan. Dans la vie réelle, un individu dans la tourmente souhaite se séparer au plus vite d’un bien. Un acheteur sous-capitalisé peut alors utiliser un flash loan et proposer lui-même une solution d’arbitrage s’il possède les connaissances nécessaires liées au marché.
Même si les bénéfices d’une telle situation peuvent paraître restreints, ces flash loans créent un système plus résilient, avec une meilleure efficacité liée au spread (différentiel entre deux taux). Ils permettent une incitation financière plus vaste, réduisant les barrières d’entrées capitalistiques.
C’est bien ce dernier élément que la finance décentralisée est en train d’outrepasser. Autrefois, seul les titulaires d’un compte de courtage avec une réserve de capital conséquente pouvait ce permettre ce genre d’arbitrage. Aujourd’hui, ces opportunités sont potentiellement ouvertes à tous, sous réserve de la connaissance d’un marché spécifique.
La finance décentralisée n’éclipsera pas les institutions traditionnelles du jour au lendemain. Elles seront sûrement même dans l’obligation de coopérer. Cependant, l’émancipation est en cours et, une fois consentie, inexorable.
DeFi, qui pourra te stopper ? 7,43 milliards de dollars en son sein
Le graphique proposé par DeFi Pulse nous permet de quantifier la valeur des cryptomonnaies allouées aux protocoles DeFi. Pour rappel, elle est mesurée en dollar US.
Le cap des 7 milliards de dollars a enfin été largement franchi avant-hier. À ce rythme, il est fort probable qu’une capitalisation totale de 10 milliards de dollars soit constatée courant septembre. Nous sommes aujourd’hui précisément à 7,43 milliards de dollars.
Alors que la crainte d’une correction pour le marché des cryptos est pressante, difficile de croire qu’elle aura une conséquence durable sur la capitalisation du mouvement.
Le tweet de la semaine
Le tweet de la semaine revient à Aave, après l’annonce de l’introduction du token YFI dans son écosystème. Cette nouvelle est accompagnée d’un taux de LTV (loan to value) de 40 %. Ce pourcentage équivaut au montant d’emprunt possible contre une somme collatérale.
Oh my…
…40% LTV…
… $LINK Price feed…
…Few Understand pic.twitter.com/hvbfWnn1rc
— Aave Labs (@aave) August 28, 2020
Les 3 meilleurs articles de la semaine sur la DeFi
♠ Retour sur le phénomène YFI. Avec une valeur excédent celle de Bitcoin, quel est son potentiel réel d’appréciation ?
♠ La plateforme FTX est sans aucun doute la plus innovante du moment. Elle officialise le lancement d’un nouvel indice DeFi, qui permet aux investisseurs de s’exposer à l’écosystème entier.
♠ Les frais d’Ethereum s’envolent. Uniswap, le nouveau géant de la finance décentralisée, devient le plus gros consommateur d’Ethereum, avec un record de 7 millions de dollars de frais dépensés par ses utilisateurs.
Bonne semaine sur le Journal du Coin ! 🙂