Kaspa : la révolution du blockDAG et du ghostDAG
Bitcoin de demain ou simple hype passagère ? Parmi les jetons ayant le mieux performé ces derniers mois, Kaspa est un projet qui fait sensation et mérite qu’on s’y intéresse. Pensé avant tout pour être un système de paiement numérique de pair à pair, il se démarque du reste du marché à bien des points de vue. Mais qu’est-ce que Kaspa exactement ? Comment ça fonctionne ? Quels sont ses atouts et ses défis ? Faisons ensemble un tour d’horizon des aspects essentiels du projet, afin de comprendre ce qui le différencie de la concurrence et d’imaginer ce à quoi pourrait ressembler son avenir.
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Table des matières
Présentation générale de Kaspa
Objectif de Kaspa
Conçu il y a déjà quelques années, Kaspa s’inspire de Bitcoin quant à son objectif : être le système de paiement électronique de pair à pair de référence. Il ambitionne cependant de faire mieux que la première des blockchains, en améliorant sa technologie pour conserver ses forces et palier à ses faiblesses.
Contrairement aux nombreux projets actuels qui misent sur l’interopérabilité (nous vous parlions par exemple de Zetachain il y a quelques jours), Kaspa ne se préoccupe pour l’instant pas de cet aspect, et focalise ses efforts sur d’autres chantiers. Kaspa fait les choses différemment, et ne cherche pas à conquérir les utilisateurs de la DeFi ou d’autres écosystèmes, mais vise pour l’instant simplement à développer un système optimal pour être utilisé pour les paiements.
Fonctionnement de Kaspa
Kaspa reprend en partie le fonctionnement de Bitcoin et résout son problème principal qu’est le manque de scalabilité, le tout sans rogner sur la sécurité et la décentralisation. Pour ce faire, il combine les avantages des blockchains linéaires et des graphes acycliques orientés (DAG), à l’aide d’une structure innovante appelée BlockDAG.
Avec cette architecture, les blocs ne sont pas reliés les uns aux autres à la manière des maillons d’une chaîne. Ils peuvent être produits en parallèle et ajoutés au BlockDAG à n’importe quel moment. Ceci réduit donc les problèmes d’étranglement et améliore très largement la scalabilité.
Pour vous donner des chiffres, le temps de bloc est d’une seconde sur le mainnet avec 200 à 400 transactions par blocs, ce qui rend Kaspa déjà 600 fois plus rapide que Bitcoin. Son testnet à un temps de bloc de 100 ms, et l’objectif des développeurs est d’atteindre les 32 blocs par seconde (voire les 100 blocs par seconde), ce qui laisse penser que les performances actuelles devraient encore être améliorées.
Pour mieux vous appréhender ce à quoi correspond le blockDAG, vous pouvez visiter le Kaspa Graph Inspector qui offre un visuel de l’ajout des blocs au DAG en temps réel.
Le protocole de consensus qui permet d’ordonner et de sécuriser le blockDAG se nomme PHANTOM GHOSTDAG. Ce dernier est une évolution du consensus de Nakamoto (consensus utilisé par Bitcoin). Sa conception est fidèle à la vision de Satoshi : fonctionnement en preuve de travail, politique monétaire déflationniste, absence de blocs préminés au lancement du blockDAG et aucune gouvernance centrale.
Nous n’entrerons pas dans des détails trop techniques du fonctionnement de ce protocole ici. Nous retiendrons simplement qu’en plus de la scalabilité, il offre plusieurs avantages, dont l’inclusion des blocs orphelins au blockDAG (qui représente de l’énergie et du temps perdus chez Bitcoin), et la limitation des possibilités de manipulation des transactions par les mineurs (MEV resistant).
Comme Bitcoin, les mineurs de Kaspa résolvent des problèmes mathématiques complexes afin de valider les transactions et les ajouter au réseau. L’algorithme utilisé est le kHeavy Hash, une variante du SHA-256 utilisé par Bitcoin, qui offre des garanties similaires en termes de sécurité, tout en mettant l’accent sur l’efficacité énergétique.
Depuis peu, il est possible de miner avec des ASIC.
Histoire, équipe et investisseurs
Lancé le 7 novembre 2021, le mainnet de Kaspa est le fruit de plusieurs années de recherches de la part d’une équipe hautement qualifiée.
L’initiateur de ces recherches n’est autre que l‘inventeur du protocole GHOST (Greedy Heaviest Observed SubTree), Yonatan Sompolinsky, qui a été cité dans le livre blanc d’Ethereum. Ancien doctorant en sciences informatiques à l’université de Jérusalem, il effectue maintenant des recherches sur la MEV à l’université d’Harvard. C’est lui qui, en 2017, co-fonde DAGLabs, l’entreprise qui derrière le développement et le lancement de Kaspa.
L’entreprise regroupe plusieurs de ses connaissances, dont la plupart sont passées par l’université de Jérusalem :
- Michael Sutton : Chercheur et développeur de systèmes distribués
- Shai Wyborski et Aviv Zohar : Chercheurs ayant participé à l’écriture du livre blanc du protocole GhostDAG.
- Elichai Turkel : Développeur et Cryptographe
- Ori Newman et Mike Zak: Développeurs de cryptomonnaies et de systèmes distribués
DagLabs a levé 8 millions de dollars US auprès de PolyChain Capital en 2018. Ceci lui a permis d’effectuer ses travaux et de louer le matériel informatique pour miner des Kaspa durant les 5 premiers mois après le lancement du mainnet. Cette activité a permis à l’entreprise de recevoir 840 millions de KAS, soit un peu moins de 3 % de l’offre totale.
Au lancement du mainnet, DAGlabs s’est retiré de Kaspa pour laisser le plein pouvoir sur le projet à la communauté. Bien entendu, les membres de DAGLabs font encore partie de cette communauté, et n’ont donc pas abandonné leur bébé.
Kaspa se distingue de la plupart des projets crypto actuels, car la blockDAG a été lancée de façon équitable. Il n’y a eu aucune prévente de jetons, et aucun préminage.
Roadmap, tokenomics et écosystème
Kaspa est un projet communautaire qui ira là où ses membres le désirent. Sur le site officiel, une roadmap est disponible et inclut quelques développements techniques, mais qui représentent davantage des idées que des étapes qui aboutiront à coup sûr. La feuille de route est faite pour changer en fonction des souhaits des membres de la communauté et de ce qu’ils sont prêts à donner pour y parvenir.
Tout comme Bitcoin et Ethereum, les améliorations se font par le biais de propositions soumises à la communauté, les « Kaspa Improvement Proposal » ou KIP.Voici la liste des améliorations en cours de développement :
Le gros du travail du moment est de permettre la migration vers un codage en langage RUST. Ceci permettra de faire évoluer le faire évoluer le protocole GHOST vers le protocole DAGKNIGHT, qui offrira une meilleure résistance à la MEV et plus de rapidité pour la blockDAG.
Le discours des membres de la communauté laisse penser que l’implémentation des smart contracts est loin d’être une priorité. Ils figurent sûrement dans la roadmap pour afficher aux yeux de tous qu’il n’est pas impossible d’en envisager sur Kaspa (et ne pas rebuter un public qui voudrait aller dans le sens de la tendance actuelle).
En plus des améliorations techniques, certains membres (dont Christophe Leloup alias Wolfie, directeur commercial de Kaspa Currency) œuvrent pour l’adoption du KAS. Ils cherchent à ce que le jeton soit listé par un maximum de plateformes centralisées. En effet, il n’y actuellement pas d’interopérabilité avec les autres blockchains, et il n’existe aucun bridge pour transférer ses jetons d’une blockchain à l’autre, et l’adoption passe obligatoirement par les CEX.
En ce qui concerne la tokenomics, elle est très simple à comprendre du fait du lancement équitable. Le nombre maximum de jetons en circulation est plafonné à 28,7 milliards de KAS, et devrait être atteint en avril 2038. Il y a actuellement 22.7 milliards de jetons en circulation, soit 79.3 % de l’offre.
Les récompenses par blocs minés diminuent au fil de temps. Le halving (division par 2) a lieu tous les ans, et la diminution est lissée mensuellement avec un facteur de 1/21/12.
Le mot de la fin
Le modèle de blockDAG proposé par Kaspa présente de nombreux avantages. Cette technologie très intéressante pourrait bien être adoptée par d’autres projets par la suite, mais doit encore passer l’épreuve du temps pour prouver qu’elle ne présente pas de failles.
Dans le podcast publié sur notre chaîne Youtube il y a quelques jours, Deshe, un développeur agissant comme le porte-parole de la communauté Kaspa, déclare d’ailleurs en toute humilité qu’il s’agit du seul projet crypto à avoir résolu le trilemme des blockchains, étant à la fois sûr, décentralisé et scalable.
Si vous avez l’habitude de lire nos articles, vous savez déjà qu’il s’agit cependant de la proposition de valeur de nombreux protocoles, qui chacun à leur manière, tentent de le résoudre (Celestia…) ou de le contourner (Anoma…).
A l’heure où le bitcoin représente « l’or numérique », Kaspa a encore un long chemin à parcourir pour devenir « l’argent numérique » et être LE système de paiement électronique de référence.
Bien que plus scalable que la première des blockchains, elle pourrait cependant être confrontée à des problèmes identiques. En effet, force est de constater qu’aujourd’hui le BTC rempli plus une fonction de réserve de valeur que de monnaie d’échange, bien que des solutions existe pour l’utiliser en tant que tel (Lightning Network…). Or, la tokenomics, simple à comprendre et avantageuse pour les premiers supporters de Kaspa, implique un prix de jeton élevé dans le futur pour que les mineurs continuent à trouver un avantage à faire leur travail. Alors comment convaincre les utilisateurs de payer en KAS, alors que son cours est censé augmenter, plutôt que d’utiliser des monnaies fiat (ou des stablecoins) qu’il faut de toute façon dépenser ou investir pour qu’elles ne perdent pas de valeur ?
Et comment convaincre les commerçants d’accepter les paiements en KAS si son prix peut s’effondrer et qu’il est peu pratique de l’échanger (passage obligatoire par un CEX) du fait du manque d’interopérabilité ?
Si le prix du KAS à augmenté d’environ 2300 % en un an prouvant l’intérêt de certains investisseurs, le nombre de nœuds (361) et de portefeuille actifs (environ 20000 par jour ces 30 derniers jours) montrent que Kaspa fait pour l’instant plus figure de bijou technologique spéculatif plus que de monnaie numérique décentralisée.
L’avenir nous dira si le projet réussi à remplir la mission qu’il s’est donnée, ouvrant d’ores et déjà la voie à de futures innovations dans le monde des blockchains et du Proof of Work.