Celestia : tour d’horizon du réseau de blockchain modulaire

Vous avez sûrement entendu parler de Celestia qui a fait le bonheur de près de 600 000 utilisateurs et développeurs en début de semaine, en distribuant un airdrop de 60 millions de TIA, son jeton natif. Mais de quoi s’agit-il ? En quoi consiste le projet et qui se cache derrière ? Quelle est la tokenomic ? Quelles sont les prochaines étapes de son développement ?

Dans cet article, nous ferons le tour des points essentiels ayant trait au projet, afin de vous permettre de vous faire une idée sur ce dernier. Si vous faites partie des heureux élus ayant reçu des TIA ou que vous intéressez tout simplement au projet, vous êtes au bon endroit.

Temps de lecture estimé : 9 minutes

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Le concept du projet

Pour rappel, jusqu’à présent, les chaînes de blocs sont conçues autour des trois propriétés essentielles mais antinomiques que sont la sécurité, la scalabilité et la décentralisation. Renforcer l’une tend à affaiblir les autres, et les développeurs doivent trouver un compromis en fonction de leurs objectifs. C’est le fameux trilemme des blockchains.

Trilemme des blockchains
Trilemme des blockchains

Celestia vise ni plus ni moins à résoudre ce problème, à l’aide d’une innovation concernant la disponibilité des données (data availability).

Contrairement aux blockchains « traditionnelles » dites monolithiques, Celestia se veut modulaire. En d’autres termes, cela signifie qu’elle sépare les couches de consensus, d’exécution et de règlement. Sans entrer dans les détails techniques (que les plus curieux d’entre vous pourront trouver ici), ceci lui permet de déléguer la validation des transactions à des blockchains spécialisées (appelées rollups), et de conserver une scalabilité et une flexibilité accrues.

Blockchain monolitiques versus blockchain modulaires
Source : https://docs.celestia.org/learn/how-celestia-works/monolithic-vs-modular

Grâce à un système d’échantillonnage des données, les nœuds légers du réseau peuvent valider des blocs sans avoir besoin d’une grande puissance de calcul ou d’une capacité de stockage élevée. Il est possible de devenir validateur en quelques clics avec un simple smartphone.

Le projet offre aussi d’autres avantages non négligeables tels que :

  • La possibilité pour les développeurs de déployer une blockchain aussi rapidement et simplement qu’un smart contract.
  • Une compatibilité avec toutes les machines virtuelles, et la possibilité pour les développeurs d’en utiliser une différente pour chaque couche de leur protocole (par exemple l’Ethereum Virtual Machine pour la couche d’exécution et la Solana Virtual Machine pour la couche règlement et enfin Celestia pour la couche de consensus et la disponibilité des données).
  • la possibilité pour les blockchains qui se construisent sur Celestia de conserver toute leur souveraineté.

L’histoire de Celestia, son équipe et sa communauté

Celesitia est née en 2019 sous le nom de LazyLedger avant de changer d’appellation en 2021.

On doit son invention au CEO du projet, Mustafa Al-Bassam un docteur en « blockchain scaling » (ils ne sont pas nombreux) ayant obtenu son diplôme à l’University College de Londres. Ce surdoué de l’informatique est un ancien pirate ayant réussi à hacker de grands groupes tels que Nintendo, Sony et la CIA à l’âge de 16 ans (2011). Malgré ses écarts de jeunesse, il n’en est cependant pas à son coup d’essai dans les business légaux, puisqu’on lui doit déjà Chainspace, un projet racheté par Facebook en 2019.

Mustafa s’est entouré d’une équipe de gens brillants, triés sur le volet, et ayant tous un parcours prestigieux et des domaines d’expertise complémentaires. Parmi les 45 autres membres, nous ne citerons ici que ceux de la direction :

  • Ismail Khoffi (CTO), un ingénieur senior ayant travaillé chez Tendermint et pour l’Interchain Foundation.
  • John Adler (CRO), inventeur des optimistic rollups et ancien chercheur chez ConsenSys (à qui nous devons Metamask)
  • Nick White (COO), cofondateur d’Harmony.
L'équipe exécutive de Celestia Labs
Membre de la direction de Celestia (source : https://celestia.org/team/)

Au total, l’équipe a levé 56.5 millions de dollars US en 5 rounds auprès de 38 investisseurs, dont 55 millions lors du dernier tour de table. On trouve parmi eux de grands noms de l’industrie avec par exemple Binance Labs, OKX Venture, Interchain Foundation, Polychain Capital, Galaxy, Delphi Digital, ou encore Blockchain Capital.

La tokenomics du TIA

À son lancement, la blockchain aura un total d’un milliard de jetons TIA. Le taux d’inflation initial est de 8 %, se réduisant de 10 % par an jusqu’à un taux stable de 1,5 % par an (au bout de 20 ans).

Inflation du token TIA
Inflation du token TIA (source : https://docs.celestia.org/learn/staking-governance-supply)

Ce mécanisme ressemble à celui du halving, mais le taux d’inflation s’arrêtant de diminuer à 1.5%, la supply reste illimitée.

L’utilité du jeton

Le jeton natif de la blockchain, disponible sur Binance ou encore KuCoin, le TIA, présente une réelle utilité et rempli quatre fonctions principales au sein de l’écosystème :

  • Sécuriser le réseau : Celestia fonctionne en Proof of Stake. Les TIA peuvent être stakés par les validateurs (ou déléguer chez ces derniers) qui veulent ajouter des blocs à la chaîne et toucher des récompenses.
  • Gouvernance : Détenir des TIA donne le droit de s’exprimer sur l’avenir du réseau, et sur l’allocation des fonds communautaires en votant. En effet, une pool communautaire récupère de 2% des récompenses de bloc.
  • Monnaie des nouveaux rollups : les développeurs qui souhaitent lancer une blockchain en utilisant Celestia sont incités à utiliser le TIA sur celle-ci, plutôt qu’un nouveau jeton.
  • Payer pour le Blobspace :  Pour utiliser la data availability de Celestia, les développeurs doivent payer des transactions appelées « PayForBlobs » libellées en TIA.

    La distribution des jetons

    Le milliard de jetons TIA disponible au lancement de la blockchain sont distribués de la manière suivante :

    Allocation des jetons TIA au lancement de la blockchain
    Allocation des jetons TIA au lancement de la blockchain (source : https://docs.celestia.org/learn/staking-governance-supply)

    Seulement 20% de la supply initiale est allouée au public, dont 12.6% seront distribués au cours de futures initiatives (sans qu’aucune indication ne soit disponible sur ces dernières).

    26.8% des TIA sont dédiés à la Fondation et aux Core développeurs qui s’occupent de l’amélioration et de la maintenance du réseau. Les développeurs qui souhaitent construire des rollups sont aussi concernés, ainsi que ceux qui veulent faire tourner des nœuds.

    Enfin, la plus grosse part du gâteau, soit 53.2% des jetons, revient aux investisseurs privés.

    Heureusement, ces derniers n’y ont pas accès tout de suite, et ils seront déverrouillés au fil du temps comme le montre le planning qui suit :

    Planning de déverrouillage des jetons TIA
    Planning de déverrouillage des jetons TIA (source : https://docs.celestia.org/learn/staking-governance-supply)

    On peut y voir que, dans un an, près du tiers de la supply totale sera en circulation, puis que l‘ensemble des tokens finira par être libéré au bout de 4 ans. Il n’y a cependant pas d’information sur le timing exact du déverrouillage. La graphique laisse penser qu’après le largage massif au bout d’un an, celui-ci se fera de manière plus progressive durant les trois années qui suivent.

    Si les jetons verrouillés ne peuvent pas être vendus, ils peuvent toutefois être stakés, et les récompenses qu’ils rapportent sont immédiatement accessibles. Ceci permettra sûrement aux investisseurs de récupérer une part de leur mise de départ dès la première année.

    Ainsi, si l’airdrop a fait de nombreux heureux, la tokenomics fait néanmoins beaucoup moins rêver que celle de Bitcoin. Il sera intéressant de voir ce que feront les investisseurs de leurs jetons une fois qu’ils y auront accès.

      Feuille de route, écosystème et communauté

      La roadmap de Celestia était tracée jusqu’au lancement du mainnet et le projet a bien tenu les délais sur lesquels il s’était engagé.

      Feuille de route de Celestia
      Feuille de route de Celestia

      La roadmap actuelle n’en a que le nom, car, à nos yeux, il s’agit plus d’un document explicatif qu’un planning de chantier. Nous n’avons trouvé aucun document officiel mentionnant la suite du projet et son évolution. Bien qu’il soit fort probable que le réseau ne stagne pas dans son état actuel, il est difficile de se prononcer sur la direction qu’il prendra.

      Le projet a cependant su créer une véritable communauté, avec 198000 abonnés sur X (Twitter), 165000 sur Discord, et des membres actifs sur Reddit, Telegram et Github.

      L’écosystème n’en est qu’à ses prémices, mais regroupe déjà quelques grands noms de l’industrie.

      Écosystème de Celestia
      Écosystème de Celestia

      Une chose est sûre, Celestia n’a pas fini de faire parler d’elle. Ce projet innovant pourrait bien changer le paysage de l’écosystème crypto grâce à ses nombreuses qualités. L’équipe, qui peut être qualifiée de « Dream Team », dispose de cerveaux compétents et de fonds suffisants pour avancer, et a déjà su livrer un mainnet performant en temps et en heure. Ceci ne veut pas dire pour autant que le TIA prendra de la valeur, surtout au vu de la tockenomics qui n’a sûrement pas été pensée pour favoriser le public. Seul l’avenir nous dira ce qui adviendra…

      Scrypto

      Avec un côté volatil et des bases solides, c’est tout naturellement que je me suis intéressé au monde des cryptomonnaies en commençant par Bitcoin en 2014. CryptOptimiste, je pense que cet univers en pleine expansion n’en est qu’à ses débuts, et j’aime partager mes connaissances sur ce sujet d’avenir par le biais de mes écrits.