En Europe, MiCA attire de plus en plus les investisseurs crypto
L’Europe contre-attaque. En adoptant le règlement Market in crypto Asset (MiCA) au mois de juin dernier, l’Europe aurait-elle enclenché un mouvement vertueux de croissance économique du secteur crypto sur le Vieux Continent ? C’est ce que semblent montrer les chiffres d’un rapport publié par Kaiko, société spécialisée dans la recherche et l’analyse des données à destination des professionnels du Web3. Volumes d’échange, investissements, utilisation de l’euro sur les marchés crypto, part de l’Europe dans les échanges mondiaux, tous les voyants sont au vert et certains commencent déjà à parler d’un « effet MiCA ». Retour sur les chiffres et les raisons de ce phénomène très encourageant pour l’économie de l’Union européenne.
Les chiffres montrent un surplus d’activité économique depuis quelques mois
MiCA a beau être raillé par une partie de la cryptosphère européenne pour ses aspects liberticides et normatifs, le fait est que les investisseurs avaient manifestement besoin d’un cadre règlementaire clair pour passer le cap. Depuis le mois de juin dernier, les spécialistes de chez Kaiko ont noté plusieurs chiffres qui sembleraient bien montrer que les nouvelles directives européennes ont déjà un effet positif sur le secteur. On peut tout d’abord citer l’activité commerciale dans la crypto qui augmente significativement depuis plusieurs mois sur le marché continental, tout comme les volumes mensuels qui atteignent dernièrement des sommets.
Au mois de décembre dernier par exemple, l’UE a enregistré 16 milliards d’euros d’échanges commerciaux libellés en euro dans le secteur crypto contre 5 milliards trois mois plus tôt. Il s’agit tout de même d’une augmentation de 220 % ! Cette soudaine explosion des volumes en Europe fait passer la part du marché européen de 6,2 % il y a un an à 7,7 % aujourd’hui, soit 1,5 point de plus sur une année. Toujours à la traine derrière l’Asie et surtout derrière nos cousins d’Amérique, l’UE pourrait rapidement se refaire une santé et grignoter des parts de marchés sur les volumes mondiaux.
L’« effet MiCA » : c’est régulé et c’est pas grave !
Et cela pourrait s’accentuer dès cette année si on en croit les experts de chez Kaiko. En se basant sur le scénario d’un marché haussier en 2024, les entreprises déjà implantées dans certains des 27 pays de l’Union auront un avantage certain sur leurs concurrents. D’ailleurs, Patrick Hansen, directeur de la stratégie et des politiques européennes chez Circle avait déjà noté cela à la veille de l’instauration du règlement MiCA. À cette époque, les effets se faisaient déjà sentir avec la part des investissements en capital-risque dans des projets européens qui avait été multipliée par 10 en moins d’un an.
Mais ce sont les plateformes à destination du grand public qui devraient surtout profiter de MiCA, car il impose de telles obligations règlementaires qu’il a de facto mis hors-jeu les exchanges non enregistrés. Les normes concernant la connaissance de l’utilisateur (KYC) ou celles luttant contre le blanchiment d’argent (AML) sont tellement draconiennes en Europe qu‘elles obligent les géants du secteur à créer des entités sur le continent pour pouvoir ensuite demander des licences. C’est ainsi qu’on a vu Circle et Coinbase obtenir le PSAN en France ou encore Crypto.com être enregistré en Espagne.
Seule ombre au tableau, l’utilisation des stablecoins libellés en euro reste marginale et peine à trouver son public face à l’ogre américain. Les stablecoins adossés au billet vert écrasent tout sur leur passage alors que les transactions en stablecoin adossé à l’euro ne représentent qu’1 % du volume total ! Il faudra probablement du temps pour faire évoluer les mentalités et redonner du crédit à la monnaie européenne qui devrait prendre de l’ampleur sous l’impulsion des grands exchanges du monde qui commencent petit à petit à le mettre en avant.