Le CEO de Telegram arrêté : le bras de fer entre la France et la Russie commence ?
Bienvenue en France ! Le sujet délicat de la protection des données et de la liberté est souvent débattu depuis la création d’Internet. Un combat au sein duquel le mouvement Cypherpunk s’est rapidement imposé comme le garant de la vie privée à l’aide de la cryptographie. Malheureusement – et comme pour le Bitcoin – les utilisations possiblement frauduleuses qui en sont faites s’imposent comme une bonne raison de les réprimer. Une motivation qui vient de donner lieu à l’arrestation de Pavel Durov, emblématique fondateur de la messagerie Telegram, sur le territoire français. Que sait-on pour le moment ?
Pavel Durov arrêté par les autorités françaises
La messagerie Telegram est dans le viseur des instances de contrôle gouvernementales depuis des années. Une réalité qui lui a même valu de se retrouver en opposition directe à la SEC des États Unis en 2019. Cela suite à sa volonté de lancer une cryptomonnaie native GRAM.
Un projet rapidement avorté, sous les pressions réglementaires. Mais lorsqu’une porte se ferme, les fenêtres restent un bon moyen de rentrer. Et c’est de cette manière que le réseau The Open Network a poursuivi son aventure en lançant par la suite le Toncoin (TON)… désormais associé à Telegram.
Une manière de contourner les interdictions qui est rapidement devenue la marque de fabrique de Pavel Durov, fondateur franco-russe de cette messagerie. Cela dans le but de défendre la protection des données et de la vie privée sur Internet.
Une nécessité numérique de premier ordre que ceux qui prétendent ne rien avoir à cacher estiment être un simple outil dédié aux activités criminelles. C’est de toute évidence la raison pour laquelle Pavel Durov vient de se faire arrêter à son arrivée en France durant le week-end. En cause : un manque de modération sur sa plateforme, des accusations de blanchiment d’argent et la supposée facilitation liée à du « contenu pédocriminel. »
« Telegram respecte les lois de l’UE, y compris le Digital Services Act – sa modération est conforme aux normes du secteur et s’améliore constamment. Le PDG de Telegram, Pavel Durov, n’a rien à cacher et voyage fréquemment en Europe. Il est absurde de prétendre qu’une plateforme ou son propriétaire sont responsables de l’abus de cette plateforme. »
Telegram
Telegram : la Russie demande des comptes
Cette arrestation est une aberration. Car cela revient à condamner un fabriquent de voitures blindées car elles sont utilisées pour faire des braquages. Avec le risque d’entamer durablement une protection de la vie privée déjà très limitée sur Internet.
Mais la pression la plus forte vient en premier lieu de la Russie. Car la double nationalité de Pavel Durov ferait de cette décision politique un acte d’hostilité indirecte envers la Russie, selon le média américain The Wall Street Journal. Y aurait-il des enjeux géo-politiques cachés derrière cette opération ?
« Le gouvernement russe demande aux autorités françaises des éclaircissements sur les raisons de la détention de Pavel Durov et il exige que la protection de ses droits et un accès consulaire lui soient assurés. À ce jour, la partie française évite toujours toute interaction sur cette question. »
Ambassade de Russie
Dans le même temps, de nombreux acteurs emblématiques du secteur des cryptomonnaies se disent révoltés par cette arrestation. Comme par exemple les fondateurs des réseaux Tron (TRX), Justin Sun, et Solana (SOL), Anatoly Yakovenko. Mais également le fondateur du réseau Ethereum, connu pour sa position techno-optimiste. Car il explique à quel point « cela semble très mauvais et inquiétant pour l’avenir de la liberté des logiciels et des communications en Europe. »
Une nouvelle qui a également eu un impact immédiat sur le cours de la cryptomonnaie Toncoin (TON). En effet, elle s’est aussitôt effondrée de plus de 20 % en l’espace de tout juste quelques heures. Et elle se stabilise depuis sur le niveau très fragile des 5,70 $ environ.
Décidément, l’Europe s’impose de plus en plus comme un territoire hostile à tout ce qui touche à la liberté numérique. Cela sous couvert d’une lutte contre la criminalité qui ferait mieux de s’occuper des criminels plutôt que des développeurs de logiciels respectueux de la vie privée. Car le chemin emprunté a tout d’une dérive autoritariste inquiétante.
Hugh B.
Passionné depuis de nombreuses années par l’univers décentralisé des cryptomonnaies et le développement du Web3 j’attache une grande importance à la vulgarisation pour rendre les choses compréhensibles et accessibles à tous. Je suis également un auteur publié.
