Bruno Le Maire en roue libre sur les cryptomonnaies et le financement du terrorisme

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Les cryptos hors-la-loi ? – Bruno Le Maire a été l’invité de l’émission « Dimanche en Politique », le 18 octobre dernier. Durant son intervention, le ministre l’Économie, des Finances et de la Relance a notamment évoqué l’assassinat de Samuel Paty, professeur exerçant à Conflans-Sainte-Honorine. Cet événement a en effet soulevé de nombreuses questions en termes de sécurité sur le territoire français.

Opportunisme ou réel engagement ?

Le drame survenu la semaine dernière est encore bien présent dans les esprits. Il a bien été perpétré sur le territoire français et n’a nécessité aucune source de financement occulte.

Bruno Le Maire estime qu’il y a aujourd’hui trop d’irrégularités concernant les flux financiers qui transitent en France. Selon lui, cet angle mort peut potentiellement servir à alimenter des organisations terroristes. Plus spécifiquement, le ministre souhaite durcir la régulation envers les cryptomonnaies, chose qui avait pourtant déjà été franchement entamée en 2018. Comme les cryptos n’existent pas physiquement, cela facilite leur transfert à travers les frontières.

À travers ses dires, le ministre a fait indirectement allusion à Kepler et Digycode. Ces 2 sociétés françaises ont été récemment citées pour leur détournement par des réseaux djihadistes. Ces réseaux souterrains avaient ainsi profité de largesses dans le contrôle effectué lors de l’achat et l’encaissement de bons d’achats de bitcoins en bureaux de tabac pour faire transiter de l’argent vers la zone irako-syrienne  et ainsi passer (temporairement) sous les radars.

Bitcoin, le coupable idéal

Le ministre décrit ce processus comme étant d’une facilité déconcertante :

« Vous pouvez demander 150 euros dans un bar-tabac, puis 150 euros dans un autre et, au bout du compte, récolter une somme importante de 1 500 euros, qu’une association islamiste ou un combattant situé à l’étranger pourra retirer en liquide à l’étranger sans aucune trace. »

Premièrement, il n’est pas si simple de se procurer ce type de coupon. Kepler et Digycode sont des sociétés qui produisent un service financier. Celles-ci sont donc soumises à une régulation stricte, comparable à celle des banques.

Concrètement, une vérification d’identité (KYC) est effectuée à chaque passage en caisse, quel que soit le montant en cryptomonnaies. Si des malfaiteurs ont pu se procurer des coupons avec une telle simplicité, c’est qu’ils n’étaient pas identifiés comme potentiellement dangereux… du moins selon les bases de données intégrées au processus de vérification en question à l’époque.

Par ailleurs, les cryptomonnaies sont loin d’être un exemple représentatif en termes d’irrégularité. Les FinCEN Files ont effectivement montré quelles étaient les réelles limites de la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Le document rapporte plus de 2 000 rapports d’activités suspectes, incriminant des banques commerciales, comme la Société Générale, et dont le préjudice s’élèverait à plusieurs milliards d’euros. De telles sommes d’argent ne pourraient être détournées via les cryptomonnaies.

Le raccourci de Bruno Le Maire a donc été relativement mal accueilli par la communauté crypto. À vrai dire, et même si ce discours aurait très probablement pu être tenu indépendamment du drame tout récent, il restera permis de se questionner sur l’utilité et la finalité d’une régulation plus “forte” d’un secteur de l’économie plus ou moins encore insignifiant à l’échelle de la finance mondiale… et déjà très récemment discuté au sein de la représentation nationale.

Louis Roche

Entrepreneur avant tout, l’univers blockchain constitue pour moi une réelle opportunité, au potentiel pratiquement infini. Ma vision est orientée vers le long terme, dans un monde régi par des actions de court terme.

Commentaires

Une réponse à “Bruno Le Maire en roue libre sur les cryptomonnaies et le financement du terrorisme


Jluc
L'ironie c'est que c'est justement Bitcoin qui a permis d'identifier certains protagonistes du fameux réseau, grâce au KYC d'une des deux sociétés mise en cause par le ministre.
Répondre · Il y a 3 ans

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