Bitcoin monnaie légale du Salvador dans quelques jours – Les grandes questions des agences de notation

Bitcoin, bon ou mauvais pour l’économie ?Mise en place par le président du Salvador, Nayib Bukele, la « Ley Bitcoin » (Loi Bitcoin) a été approuvée par l’Assemblée législative le 9 juin 2021. Cette loi fera très bientôt du roi des cryptos la deuxième monnaie ayant cours légal dans le pays, aux côtés du dollar américain. Les agences de notation, pour leur part, en sont encore à se demander comment prendre la nouvelle.

Bitcoin au Salvador : Des inquiétudes de toute part

Les perspectives positives de développement économique se bousculent au portillon depuis que le Salvador a choisi Bitcoin (BTC) comme monnaie officielle : nouvelles activités de minage de cryptos grâce à l’énergie géothermique des volcans, établissement d’une manufacture de distributeurs automatiques (ATM) de Bitcoin, des économies significatives sur les transferts d’argent (notamment par les expatriés salvadoriens aux États-Unis),…

Pourtant, malgré toutes ces excellentes perspectives économiques, tous les organismes internationaux (avec leur droit auto-proclamé d’ingérence) promettent la fin du monde et l’Enfer sur Terre au Salvador. Du Fonds Monétaire International (FMI) à l’Organisation des Nations Unies (ONU), les menaces fusent contre le courageux petit pays centraméricain. Cela fait pourtant 20 ans que le Salvador n’a qu’une monnaie étrangère (le dollar US) comme monnaie légale, sans que cela ne préoccupe grandement ces mêmes organismes.

Désormais, les agences de notation se joignent aux hurlements des loups, alors que la Loi Bitcoin, qui doit être appliquée 90 jours après son approbation, entrera en vigueur ce 7 septembre.

Fitch Ratings menace de dégrader la note du Salvador

C’est via une publication sur son site que l’agence de notation Fitch Ratings exprime ses inquiétudes sur l’adoption de Bitcoin comme monnaie officielle du Salvador.

L’agence de crédit américaine voit évidemment l’arrivée de Bitcoin comme porteur de perspectives négatives pour l’économie du pays – ce qui ne devrait surprendre personne dans la cryptosphère :

« La récente législation salvadorienne établissant le bitcoin comme une monnaie légale sera probablement négative pour les compagnies d’assurance locales exposées à la nouvelle monnaie, en raison d’un risque de change et de volatilité des bénéfices plus élevé, ainsi que de considérations supplémentaires en matière de réglementation et de risques opérationnels. »

La Ley Bitcoin prévoit effectivement que toutes les entreprises auront le devoir d’accepter Bitcoin comme monnaie légale pour les biens ou les services, sauf si elles n’ont pas accès à la technologie nécessaire pour traiter les transactions. Elles seron en revanche, totalement libres de convertir immédiatement ces BTC en dollars US, si elles le désirent.

Fitch déplore notamment « l’absence d’utilisation ou d’adoption antérieure ou comparable par les banques centrales sur d’autres marchés financiers mondiaux ». Eh, oui ! Il faut bien un premier pas pour se lancer et qu’il y ait ensuite des « cas antérieurs ». Et le petit Salvador semble avoir ce courage de montrer le chemin, en passant en tête de l’adoption de Bitcoin.

Mais rien n’y fait pour l’agence Fitch, qui prévoit de traiter Bitcoin comme un « actif risqué », ce qui aura probablement pour effet de dégrader davantage la note de crédit (déjà actuellement en B-) pour les assureurs du pays.

Avec également des opposants locaux qui font le jeu des organismes supranationaux, les partisans de Bitcoin au Salvador vont devoir serrer les rangs jusqu’au 7 septembre, et même après. Ils devront également s’assurer que la mise en place de la Ley Bitcoin se fasse avec le moins de frictions possibles, pour montrer l’exemple et inciter d’autres pays d’Amérique latine, déjà très tentés, à franchir le pas de l’adoption de Bitcoin.

Rémy R.

Issu d’une formation universitaire en Sciences, je m’intéresse aux blockchains et à Bitcoin depuis 2013 et en ai même miné à l’époque. La bulle qui s'en est suivie m'en a détourné, mais je m'y suis replongé depuis 2017 et les étudie depuis avec passion.