Monsieur propre – La route vers la démocratisation de la technologie blockchain révèle tous les jours son lot d’épreuves. Les enjeux économiques y recoupent les problématiques environnementales et les questions de souveraineté, couvrant tout le spectre des hypersensibilités humaines. A l’image d’un fork du protocole, une scission entre bitcoins « éthiques » et bitcoins « sales » pourrait-elle bientôt apparaître sous l’effet d’une pression citoyenne en constante augmentation et avec la bienveillance des régulateurs ? Certains positionnements semblent en accréditer l’hypothèse.
Les problèmes se suivent, mais ne se ressemblent pas …
Le célèbre investisseur et magnat des affaires Kevin O’Leary a récemment fait savoir qu’à mesure du développement de la technologie blockchain et plus précieusement de Bitcoin, les investisseurs institutionnels veulent être sûrs que les tokens soient extraits dans le cadre d’un ensemble de normes éthiques, de la même manière qu’ils regardent d’autres actifs ou matières premières.
“Nous avons la conformité sur les grandes institutions. Nous avons des conventions autour de la façon dont les actifs sont fabriqués, du carbone est brûlé, si les droits de l’homme sont compromis, si c’est fabriqué en Chine, toutes ces questions ont maintenant été mises en avant sur le Bitcoin. Les institutions n’achèteront pas de coins extraites en Chine, de coins extraits en utilisant du charbon pour brûler de l’électricité, de coins extraits dans des pays qui font l’objet de sanctions.”
Kevin O’Leary
Des déclarations qui trouvent un écho particulier, alors que nous rapportions encore récemment que le géant américain du minage de Bitcoin Marathon Digital œuvrait à la mise en place d’une forme de label “Bitcoin propre” afin de complaire aux exigences actuelles, mais surtout à venir, des régulateurs.
La tension monte à mesure que les intérêts augmentent.
L’incident récent autour du hashrate de Bitcoin l’a démontré ces derniers jours. La Chine a pris une énorme longueur d’avance sur le reste du monde en matière de minage, détenant selon les estimations environ un tiers de la puissance mondiale de minage.
Ayant longtemps fait cavalier seul, elle risque cependant d’être rapidement confrontée à l’appétit de l’administration Américaine qui n’a pas pour habitude de se contenter des miettes lorsqu’un gâteau l’intéresse. Et les signes ne trompent pas : L’oncle Sam est en train de changer son fusil d’épaule.
Depuis l’élection de Joe Biden à la tête des Etats-Unis, l’ouverture aux cryptomonnaies se concrétise. Et sur fond de guerre commerciale ouverte avec le concurrent chinois, la machine médiatique fait son œuvre. Ça n’est clairement pas un hasard si à la mi-avril, le leader du parti républicain réclamait très clairement que les USA ne laisseraient pas filer le monopole. Et c’est peut-être sous ce jour que doit être examiné le revirement récent d’O’Leary, star du « Shark Tank », encore tout récent détracteur de Bitcoin, puisque le voici transformé d’un coup de baguette magique en ardent défenseur de la technologie blockchain, de la nature et de la condition humaine.
D’une lubbie de geek libertaire, le Bitcoin se métamorphose littéralement en enjeu géopolitique majeur. Et comme d’habitude, le volet économique prenda le pas sur toutes les autres préoccupations. Parlera-t-on bientôt des bitcoins avec des prix divergents ? Se dirige t’on vers un label « Freeworld », « Bio » ou encore « Made in China » pour les cryptomonnaies ? Va t’on mettre en place un système de traçabilité des tokens ? Ou même une éventuelle éco-taxe ? Et comme les services secrets semblent le prophétiser, la guerre technologique aura t’elle lieu ? Il semblerait que l’on s’y dirige tout droit.
