Airdrop crypto 2024 : abondance ou mirage ? Retour sur une année de promesses
En septembre 2020, la plateforme d’échange Uniswap a distribué le premier airdrop crypto de l’histoire. Par la suite, de nombreux protocoles ont suivi ce modèle. En 2023, des protocoles tels qu’Arbitrum, Celestia ou encore Jito ont distribué des airdrops d’envergures à leurs utilisateurs. De son côté, l’année 2024 aura, elle aussi, été riche en airdrops. En effet, de nombreux protocoles, layers-1 et layers-2 ont distribué leurs jetons de gouvernances aux utilisateurs. Entre gains astronomiques et opération marketing, revenons sur les airdrops de 2024.
- En 2024, les airdrops crypto ont connu un début d’année spectaculaire avec des distributions massives de jetons, notamment par Jupiter et Dymension, suscitant un grand intérêt dans la communauté.
- Malgré des débuts prometteurs, la tendance des airdrops a rapidement montré ses limites, créant déceptions et frustrations, avec des critiques sur les critères d’éligibilité et une volatilité des marchés après les distributions.
Airdrop crypto 2024 : un bon début d’année
Comme nous venons de le voir en introduction, plusieurs airdrop crypto massifs ont été réalisés en 2023. L’un des derniers de l’année, Jito, a placé la barre très haute pour 2024 en distribuant 10% de sa supply via un airdrop.
Et les utilisateurs de Solana ne vont pas être déçus. En effet, le 31 janvier, l’agrégateur de DEX Jupiter a distribué pas moins de 700 millions de jetons JUP via un airdrop, aux utilisateurs de la première heure du protocole. Ce fut le premier airdrop massif de 2024 et il a positivement été accueilli par la communauté.
Peu après Jupiter, ce fut au tour de Dymension de distribuer son jeton DYM via un airdrop. Au total, Dymension a distribué 7% de sa supply via son « Genesis Drop ». Dans l’ensemble, cet airdrop a plutôt bien été accueilli par la communauté, notamment du fait des critères d’éligibilité, qui récompensaient les utilisateurs d’Ethereum, Solana, Cosmos ou encore Celestia.
En avril, un autre protocole d’envergure a réalisé son airdrop. Ainsi, le protocole de pont et de messagerie cross-chain Wormhole a distribué 617 millions de jetons W en avril dernier. Dans son cas, Wormhole a distribué 6,17 % de l’offre totale de son jeton.
En avril toujours, Avail a distribué 600 millions de jetons via son airdrop. Initialement incubée par Polygon Labs, cette blockchain indépendante vise à améliorer la disponibilité des données pour les rollups. Cet airdrop représente 6% de la supply totale du jeton.
Par la suite, en mai, le géant du restaking EigenLayer a lui aussi distribué son jeton EIGEN via un airdrop. Malgré une réception initiale mitigée, les équipes du protocole ont modifié les critères d’éligibilité face aux réflexions communautaires. De plus, cet airdrop s’est différencié du fait de son mécanisme de blocage. En effet, les jetons ont été intransférables pendant plusieurs mois, afin de pousser les utilisateurs à les déposer en staking. L’objectif pour Eigenlayer étant d’éviter une chute drastique à l’ouverture des marchés.
L’apparition des systèmes de points
En parallèle de ces airdrops, nous avons vu apparaître un nouveau phénomène : les chasseurs d’airdrop. Ainsi, les tutoriels pour farmer des airdrops se sont multipliés et les attentes autour de ces derniers a explosé. Mais les utilisateurs ne savaient pas à ce moment-là que tout ce phénomène des airdrops allait évoluer en 2024, et pas seulement positivement.
En effet, c’est au cours de cette période que nous avons vu apparaître de nombreux systèmes de points. Ces derniers visent à mesurer l’activité des utilisateurs, afin de rendre plus équitable la distribution des airdrops.
Ces systèmes de points ont été utilisés de toutes parts, aussi bien par les protocoles que des layers-2.
Malheureusement, ces systèmes de points censés équilibrer les airdrops ont eu un tout autre effet.
Le déclin : déceptions à répétition
Si l’année 2024 a débuté sous le signe de l’abondance du côté des airdrops crypto, la réalité a vite rattrapé l’enthousiasme général. À mesure que les annonces d’airdrops se sont multipliées, les attentes de la communauté ont augmenté, mais les résultats, eux, se sont avérés bien souvent en deçà des espérances.
Ainsi, que ce soit sur Solana avec Parcl, Drift ou encore Sanctum, ou sur Ethereum avec ses différents L2, les airdrops ont fait de nombreux déçus.
Une stratégie qui divise plus qu’elle n’unit
Prenons l’exemple de Starknet qui a particulièrement fait parler. Son airdrop début 2024 de 700 millions de jetons STRK avait tout pour réussir : une distribution large et ciblée pour stimuler son adoption.
Mais ce qui aurait pu être un levier d’attraction s’est rapidement transformé en un sujet de discorde. Les critiques ont fusé sur les critères d’éligibilité jugés arbitraires, laissant bon nombre d’utilisateurs frustrés. Plutôt que de rassembler sa communauté, Starknet a divisé, produisant un important retour de flamme.
Mode Network et Blast, quant à eux, ont adopté une méthode plus mesurée en utilisant des systèmes de points pour identifier les utilisateurs les plus actifs. En apparence, cela devait assurer une équité et récompenser ceux qui contribuent réellement à l’écosystème. Mais cette méthode a rapidement révélé ses limites.
Les larges wallets, ont largement profité des récompenses, laissant les petits utilisateurs sur le carreau. Une fois encore, la promesse d’équité s’est effondrée face à la réalité et aux farmers.
Airdrop crypto : outil d’adoption ou de marketing ?
Lorsqu’on se penche sur les données, une conclusion frappante saute aux yeux. En effet, la plupart des L2 ayant réalisé un airdrop peinent à retenir les utilisateurs sur le long terme.
Par exemple, malgré un airdrop colossal de 3,6 milliards de jetons ZK à près de 700 000 adresses, les métriques de ZKSync se sont effondrées quelques semaines après.
La TVL (Total Value Locked) a chuté, les volumes d’échange de mêmes, et les utilisateurs ont migré vers d’autres chaînes. Illustrant parfaitement la rotation opérée par les chasseurs d’airdrops, déjà à la recherche de nouvelles opportunités.
Le scénario s’est répété pour presque tous les L2 ayant réalisé un airdrop en 2024. De plus, dès leur lancement, les jetons ont été vendus en masse par les « airdrop farmers », entraînant les cours vers le bas. Ce cycle prévisible d’airdrop, revente et départ vers une autre chaine est devenu de plus en plus courant.
Ainsi, de nombreux observateurs sont devenus critiques vis-à-vis de ces airdrops les accusant d’être de simples outils marketing utilisés pour attirer les utilisateurs et les liquidités avec de fausses promesses.
Une fin d’année qui redonne de l’espoir
Heureusement, certains protocoles ont rattrapé le coup en cette fin d’année et faisant l’unanimité au sein de la communauté.
Évidemment, avant cela, certains airdrops avaient mieux réussi que d’autres. Nous pouvons par exemple citer LayerZero, dont l’airdrop de juin a été plutôt bien accueilli par la communauté. Le protocole avait mené une importante campagne de détection des bots en amont de sa distribution.
Par la suite, WalletConnect par exemple, a lancé son airdrop de 50 millions de WCT en novembre. En misant sur des critères comme l’utilisation active et l’interaction avec d’autres airdrops, la plateforme a récompensé 160 000 utilisateurs éligibles.
Hyperliquid : l’airdrop crypto de référence ?
Alors que les utilisateurs ont été de nombreuses fois déçus, un protocole est venu les réconcilier avec les airdrops.
En effet, le 29 novembre 2024, Hyperliquid a lancé son jeton HYPE, le jeton natif de la blockchain HyperEVM. Jusqu’ici, Hyperliquid se restreignait à sa plateforme de trading perpétuel décentralisée.
Le lancement du jeton a été accompagné d’un airdrop de 310 millions de jetons, soit 31% de l’offre totale. Oui, vous avez bien lu, 31%. Alors même que nous avons vu les parts dédiées aux airdrops diminuer de distribution en distribution, Hyperliquid a pris la tendance à contrepied.
Pourtant, cet airdrop fait suite à une campagne de points visant à mesurer l’activité des utilisateurs. Jusqu’ici, de telles campagnes avaient eu des résultats plutôt mitigés. Pourtant Hyperliquid a réussi là où tant ont échoué cette année.
Fait notable, et probablement central dans sa réussite, Hyperliquid a choisi de se passer d’investisseurs institutionnels (VC, angels, etc.), réservant l’intégralité de l’allocation aux contributeurs et à la communauté.
Cette approche purement communautaire distingue Hyperliquid des autres projets.
Et cela s’observe sur le cours du jeton HYPE. Ce dernier a connu une ascension fulgurante dès son lancement. Lancé à un prix initial de 2 dollars, il atteindra son ATH à près de 35$ le 22 décembre, après 20 jours de hausse et aucun listing sur les principales plateformes d’échange centralisées.
En 2024, la tendance de l’airdrop crypto a atteint un niveau sans précédent, redéfinissant à la fois son rôle économique et son potentiel marketing. Cependant, cette profusion soulève aussi des interrogations. Les critères d’éligibilité, parfois trop complexes ou flous, ont frustré une partie des utilisateurs. Quoi qu’il en soit, de nombreux chasseurs d’airdrops ont été grassement récompensés et 2024 restera dans les annales comme une année d’expérimentation pour les airdrops. Espérons qu’en 2025, les protocoles auront appris des erreurs de 2024 en matière d’airdrop crypto.
Renaud H.
Ingénieur en software et en systèmes distribués de formation, passionné de cryptos depuis 2013. Touche à tout, entre mining et développement, je cherche toujours à en apprendre plus sur l’univers des cryptomonnaies et à partager le fruit de mes recherches à travers mes articles.
