Faillite de uTip : comment le Web3 peut voler au secours des créateurs de contenus
Chères créatrices, créateurs et artistes indépendants en tous genres, la nouvelle a pour certains fait l’effet d’une bombe cette semaine. En effet, après quasiment 6 années de bons et loyaux services, le service de financement participatif uTip ferme ses portes. Si l’on pourra comprendre le désarroi dans lequel cette situation met ses utilisateurs, certains étant majoritairement dépendants de cette plateforme pour financer leurs activités, il convient de ne pas paniquer et d’entamer une réflexion un peu plus fondamentale sur la nature même de ce type de modèle de financement. L’occasion probablement de prendre conscience que de nouveaux modèles existent, sur fonds d’émergence du Web3.
Table des matières
Loin de vouloir vous faire la morale avec un prétentieux, « on vous l’avait bien dit », comme tout anarcho-crypto-bro qui se respecte serait tenté de vous jeter à la figure, cet article à but éducatif est là pour servir une cause, celle de notre souveraineté financière.
En effet, trouver refuge chez un concurrent au modèle similaire à uTip n’est peut être pas la solution adéquate.
Premièrement, car ce serait prendre le risque que ce fâcheux événement arrive de nouveau, mais surtout, car des solutions alternatives existent, vous permettant de ne plus avoir à intermédier le centre névralgique de vos entreprises, leur financement.
Bref retour sur les récents événements
Le 4 avril, uTip annonce la mauvaise nouvelle sur Twitter. En conflit avec son prestataire de paiement MangoPay, ce dernier a décidé de mettre fin à leur contrat, menant par la même occasion à la liquidation judiciaire de l’entreprise.
Les conséquences sont non négligeables pour les 3 millions d’utilisateurs qui distribuaient tous les mois des dons afin de soutenir les quelque 50 000 créateurs inscrits sur la plateforme via un modèle de financement participatif.
L’épicentre du conflit semble venir d’une créatrice utilisant uTip pour des activités qui ne rentraient pas dans les conditions d’utilisations de MangoPay (un partenaire financier dont on rappellera d’ailleurs qu’il appartient à l’entreprise Leetchi, elle-même concurrente directe… de uTip). Sans cet intermédiaire, impossible pour l’entreprise de proposer son service dans de bonnes conditions et de procéder aux reversements des dons aux créateurs.
De quoi nous rappeler que mettre tous ses œufs dans le même panier peut mener à des conséquences irréversibles, et que, d’une dépendance vitale à un service tiers, il convient de tenter de se passer.
Welcome to the Web3
Ce type de mésaventures est le parfait moyen de faire comprendre aux non-initiés pour quels idéaux nous nous battons.
Derrière ce terme galvaudé, se cachent de vraies solutions, des changements sociétaux, et un nouveau paradigme. Celui de la décentralisation et de la fin de l’intermédiation. Mais prenez garde, cet article n’a pas vocation à vendre les mérites des cryptos, de leur spéculation débridée ou de tous les travers qui – à tort ou à raison – leur sont associés, mais bien celui de la suppression des tiers de confiance, problématique au sein même de la chute de uTip.
L’avènement d’Internet a créé les conditions d’une époque formidable. Une époque permettant à n’importe qui de faire valoir ses compétences, de se créer une audience et potentiellement une rémunération. Parfois stable grâce aux dons des consommateurs, souvent aléatoire si l’on ne compte que sur les revenus publicitaires. C’est d’ailleurs ce qui a poussé les créateurs à se diriger vers les nouveaux modèles du financement participatif.
Ne plus faire confiance à YouTube, Twitch et autres simili-corporations dignes des grands récits cyberpunk pour leur assurer un avenir financier prospère. Seuls maîtres du jeu, ils ont droit de vie ou de mort sur des années de travail acharnées, à l’image de la relation entre uTip et MangoPay.
S’est construit alors une espèce de mécénat moderne pour le divertissement, les contenus éducatifs et bien d’autres, autour d’une décentralisation toujours croissante de la création médiatique au sens large. Une décentralisation dont chacun peut être désormais acteur, en opposition à des modèles anciens où le pouvoir était concentré entre les mains d’une poignée de chaînes télévisées, studio de cinéma et maisons d’édition. Et si vous avez déjà franchi le pas vous permettant d’assurer une certaine indépendance et anti-fragilité à une entité centralisée au niveau de vos revenus, pourquoi ne pas franchir complètement la frontière en désintermédiant le processus de paiement en lui-même ?
À l’instar des systèmes de sécurité dont il est dit que la résilience globale est égale à celle de son maillon le plus faible, il en est de même pour l’indépendance. Être indépendant ou freelance peut vite devenir un vrai parcours du combattant. Bien qu’une indépendance totale semble chimérique dans nos sociétés modernes, la blockchain nous offre une fenêtre de tangibilité, ce petit picotement dans les doigts, qui nous laisse entrevoir un monde plus juste.
Notre indépendance, qu’elle soit structurelle par nos situations d’auto-entrepreneur ou financière grâce à la bienveillance et la générosité de nos donateurs, reste fragile dès lors que nous centralisons et intermédions ne serait-ce qu’une seule de ses composantes fondamentales. Parfois jusqu’en ressentir la lame de la faucheuse derrière notre nuque, incarnée par un service, une plateforme, voire dans notre cas, des décisions législatives absurdes et inapplicables.
Code is Law
C’est la première leçon que l’on apprend lorsqu’on découvre la blockchain. La confiance n’a pas sa place dans cette nouvelle matrice. La confiance est incarnée par des lignes de code. Si vous pouvez faire naître la confiance directement par le code, alors le tiers de confiance n’a plus de raison d’exister. Et elle est bien là, la révolution. Pas dans les lubies d’un milliardaire excentrique qui s’amuse avec le logo de son entreprise, ni dans l’utilisation de monnaie à tête de chien. Et, qui dit suppression des tiers de confiance, dit aussi suppression d’une grande partie des frais qui sont bien souvent exorbitants pour ce genre de service, flirtant avec l’abus de position dominante.
Par exemple, voici la grille de frais de Tipeee, vers lequel certains ont dû se tourner après la fermeture de uTip. Comme tout créateur et donateur le sait, il n’y a pas de petites sommes, et pourtant. Pour 1 euro de don, c’est jusqu’à 28 % de frais que ponctionne Tipeee. Et s’il existait des alternatives pour s’échanger n’importe quelle somme, avec une monnaie non-volatile, non-spéculative, de manière automatique et décentralisée, en payant des frais inférieurs à 1 centime, nous serions tous d’accord pour dire que ce serait formidable ? Dans ce cas, la blockchain est faite pour vous.
Comment ça marche ?
Bien sûr, solution alternative et regain de liberté, rime avec temps d’adaptation et apprentissage. Sans vous noyer de jargon technique ni vous faire un cours entier sur la blockchain, qui alourdirait le propos de cet article, voici un petit exemple pour comprendre comment une des alternatives potentielles fonctionne :
Le donateur utilise une interface web à première vue classique nommée dApp (decentralized Application) pour envoyer un montant qu’il souhaite allouer à l’année à un créateur dans ce qu’on appelle un contrat intelligent d’entiercement, avec quelques conditions et informations :
- À quelle adresse ?
- Quel montant ?
- Libéré à partir de quelle date ?
- Jusqu’à quelle date ?
- De manière périodique ou linéaire ?
- Désactivable à tout moment ou non ?
- Etc.
Une fois l’argent et les informations reçus, le contrat intelligent va débloquer ces fonds selon les prérequis mentionnés par le donateur et le créateur pourra alors réclamer ces fonds quand il le souhaite.
Un contrat intelligent est immuable sur la blockchain lorsque son créateur en a refusé les droits de propriété et de modification. Dès lors, seul l’arrêt complet de la blockchain hôte pourrait mettre à mal ce processus. Aucune entité centralisée ne peut remettre en cause le paiement ou stopper le contrat. C’est un regain d’autonomie, de liberté, et pouvoir sur votre argent.
Point important, les monnaies fiduciaires n’existent pas sur la blockchain, il est donc nécessaire de passer par des cryptomonnaies, mais n’ayez crainte, des cryptos adossées aux monnaies fiduciaires nommées stablecoins existent comme l’USDT ou l’EUROC.
Bien sûr, le passage à ces solutions nécessiterait un tutoriel complet autant pour les donateurs que pour les créateurs :
- Comment créer et sécuriser un portefeuille ;
- Comment y déposer de l’argent ;
- Quelle blockchain et stablecoin utiliser ;
- Comment sortir l’argent de la blockchain vers un compte bancaire traditionnel ;
- Comment ajuster vos déclarations de revenus en conséquence ;
- Etc.
Un apprentissage qui peut paraitre fastidieux, mais accompagné par des personnes spécialisées, c’est un processus éducatif qui se révèle très facile d’accès aujourd’hui !
Les solutions actuelles
Il n’existe pas encore de service décentralisé à proprement parler qui fonctionne exactement comme un Tipeee ou un uTip, en revanche, il existe de nombreuses solutions permettant de “tip” un créateur, certaines plus archaïque et users-friendly que d’autres.
Bien que ne pouvant prétendre à remplacer les solutions actuelles, il existe les solutions d’envoi direct comme Tipping Me, par exemple, qui permet d’envoyer un pourboire en bitcoin à n’importe quel utilisateur Twitter via le réseau Lightning Network pour des frais inférieur au centime ! Le navigateur Brave, lui en revanche, propose une alternative directement adaptée au créateur Youtube et Twitch, permettant des tips mensuelles intégrées de manière native.
Enfin, il y a les solutions automatisable et flexible via des contrats intelligents d’entiercement dont le fonctionnement a été présenté en amont. Si ceux-ci peuvent être développés par n’importe qui ayant des connaissances en programmation afin de répondre à des besoins précis, des solutions gratuites et open-source existent déjà aujourd’hui, comme CoinDrip sur la blockchain MultiversX.
En revanche, si vous aimez les expérimentations et avez l’âme d’un entrepreneur, s’il n’existe pas encore de uTip décentralisé, il y a donc un marché à conquérir. Une solution pensée par les créateurs et pour les créateurs, admettez que l’idée est séduisante !
C’est sur cette bouteille à la mer que ce papier se termine, avec l’espérance qu’il puisse s’exporter au-delà de nos cyberespaces cryptographiques afin de supporter la réflexion de nos créateurs préférés et élever les consciences sur ce type de problématiques. L’adoption de la blockchain est un chemin long et tortueux, mais c’est notamment en raison de l’incapacité des systèmes existants à répondre aux besoins des changements socio-économiques, que la société se verra offrir le choix de suivre le fameux Lapin Blanc dans son terrier !
En crypto, ne faites pas l’économie de la prudence ! Ainsi, pour conserver vos avoirs cryptographiques à l’abri, la meilleure solution est encore un wallet hardware personnel. Cerise sur le gâteau, Ledger vous offre 30 $ en BTC pour l’achat d’un Nano X et 20 $ pour un Nano S Plus. N’attendez pas pour mettre vos capitaux en sécurité (lien commercial) !