Mieux qu’un stablecoin, les banquiers suisses inventent le deposit token

Un token pour les gouverner tous – Sur fond de tokenisation générale de l’économie, plusieurs tendances sont actuellement observables. Il y a tout d’abord les projets autour d’une monnaie numérique de banque centrale (MNBC) qui se développent un peu partout autour du globe. On retrouve également différentes formes de stablecoins adossés à des actifs divers comme les métaux précieux, les ressources naturelles ou encore des actifs bancaires. Et le petit dernier de la famille est ce concept de deposit token imaginé au sein du Project Guardian à Singapour. En quoi consiste-t-il ? Et pourquoi les banquiers suisses l’aiment déjà ? Réponse à suivre.

Une idée qui vient de Singapour, en collaboration avec JP Morgan et Olivier Wyman

L’idée de ce nouveau type de jeton est née l’année dernière au sein d’un projet piloté par l’autorité monétaire de Singapour (AMS). Le Project Guardian, c’est son nom, est une initiative collaborative avec le secteur financier. Elle vise à développer des applications concrètes de tokenisation d’actifs financiers et de DeFi dans un cadre légal. On retrouve notamment JP Morgan Chase & Co, le géant américain, mais aussi Olivier Wyman, qui est une firme de conseil stratégique américaine.

L’idée est relativement simple puisqu’elle consiste à transformer un dépôt d’argent dans une banque en un actif numérique. Puis de programmer différentes caractéristiques à l’aide d’un contrat intelligent sur une blockchain. Pour ses défenseurs, le deposit token est le parfait compromis entre d’un côté un stablecoin émis par une société privée. Avec les potentiels problèmes qui vont avec. Et d’un autre côté, une MNBC garantie par l’autorité monétaire suprême d’un pays. Avec les risques inhérents à cette forme-là…

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L’association des banquiers suisses aiment beaucoup l’idée

L’association des banquiers suisses vient donc de publier un livre blanc qui reprend l’idée énoncée ci-dessus. Mais à la sauce helvétique. Les grandes lignes sont reprises avec cette nouvelle forme de stablecoins qui serait donc adossé sur les dépôts dans les banques suisses. Et ça ne surprendra personne que ces dépôts représentent des sommes colossales et qu’ils soient donc au cœur du nouveau potentiel système :

« Les dépôts jouent déjà un rôle central dans la mise en œuvre de la politique monétaire de la banque centrale. Si cela doit rester le cas dans un système financier tokenisé, un franc suisse numérique doit ressembler autant que possible aux dépôts conventionnels, du moins d’un point de vue économique. »

Livre blanc de l’association des banquiers suisses paru en mars 2023

Les applications pour ce nouveau type de token sont très larges et très variées. Les experts imaginent tout d’abord que cela pourrait servir de moyens de paiement. Notamment lors de l’acquisition de biens importants comme des voitures ou de l’immobilier grâce à un transfert de propriété programmable. Mais ils envisagent aussi de les mettre en pratique lors de l’achat d’obligations, d’actions ou de produits financiers pour automatiser le versement des dividendes, des coupons ou des intérêts.

Plusieurs possibilités techniques mais une seule satisfaisante

Afin de mettre en place un tel projet, les banquiers ont imaginé différentes possibilités (tableau comparatif ci-dessus). Au départ, il était envisagé que chaque banque puisse faire son propre deposit token dans son coin. Mais pour des raisons légales, mais aussi économiques, cela est a priori exclu.

Du coup, l’idée qui fait l’unanimité est la suivante. Il s’agit de la création d’un véhicule à usage spécial (SPV) – c’est-à-dire une forme de société simplifiée – détenu conjointement par toutes les banques participantes. Cela permettrait de mutualiser les actifs sous-jacents et de donner plus de solidité et de lisibilité au projet.

Ces deposit tokens sont actuellement au stade de projet. Mais l’idée sous-jacente fait son petit chemin dans l’économie mondiale. Les grandes banques du monde réfléchissent déjà au monde d’après et envisagent sérieusement ce qu’on appelle désormais la tokenisation des actifs financiers. Et les dépôts sont donc aujourd’hui aussi concernés par cette révolution financière. Et la Suisse est loin d’être le seul pays à faire des expérimentations !

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