Bitcoin en Afrique : une issue de secours monétaire
L’Afrique moteur de l’adoption – Depuis le 3 janvier 2009 et le lancement de Bitcoin, 5 153 jours se sont écoulés. Chaque jour depuis, des gens en entendent parler pour la première fois et s’y intéressent pendant que d’autres, plaisantent en se disant que c’est quand même une drôle d’idée que cet argent virtuel. Au même moment, certains veulent devenir riches alors que des passionnés trouvent la technologie formidable. Mais, chaque jour surtout, des gens utilisent Bitcoin parce que c’est un bon outil. Parce que c’est un moyen très simple et très efficace de résoudre des problèmes parfois insurmontables.
Confrontés à des situations financières compliquées ou à un environnement monétaire instable, partout dans le monde, des millions de personnes se mettent à utiliser Bitcoin par nécessité. Sans forcément bien comprendre la technologie. Sans peut-être avoir lu le livre blanc de manière exhaustive. Non, juste parce que ça marche. Juste parce c’est simple de l’utiliser et de soudainement franchir des barrières en place depuis bien trop longtemps. L’invention de Satoshi Nakamoto devient à chaque instant plus populaire sur tous les continents et plus particulièrement en Afrique où les habitants embrassent le futur de la monnaie avec pragmatisme et enthousiasme.
Sommaire
- Bitcoin et l’Afrique, deuxième épisode
- En Afrique, le commerce est déséquilibré vers l’extérieur
- Au Ghana, Bitcoin pour fluidifier les échanges transfrontaliers
- Au Cameroun, Bitcoin pour combler la pénurie de devises
- Au Nigéria, Bitcoin est une sortie de secours monétaire
- Au Soudan, Bitcoin pour échapper aux conséquences de la guerre
- En Ethiopie, Bitcoin pour remplacer le sel ou le bétail comme moyen d’échange
- Bitcoin, défenseur des droits de l’Homme en Afrique, ce sera la prochaine fois
Bitcoin et l’Afrique, deuxième épisode
La semaine dernière, il était question des problématiques d’inclusion financière ainsi que du paysage financier dans lequel Bitcoin était arrivé. Avec le mobile money et les exchanges, nous avons vu qu’il était désormais possible de se procurer de la crypto dans la plupart des pays d’Afrique. Aujourd’hui, l’exploration du continent se poursuit avec des exemples concrets de problèmes qu’il aide à résoudre et de situations dans lesquelles il s’impose. Mais, avant de rentrer dans le vif du sujet, un chiffre.
Un simple pourcentage donné par la Banque Mondiale. Seulement 13 % de la population mondiale est née dans le dollar, l’euro, le yen japonais, la livre sterling, le dollar canadien, le dollar australien ou le franc suisse. Les 87 % restants grandissent dans un pays avec une monnaie fragile ou instable, voire en forte perte de valeur. Cette réalité nous rappelle que les problèmes monétaires du quotidien ne sont pas marginaux sur notre belle planète. Qu’ils sont même très courants et que la grande majorité de nos contemporains les subissent chaque jour. Traversons donc la Méditerranée et allons voir plus au sud quel peut-être le quotidien des gens. Bienvenue dans cette deuxième chronique sur le Bitcoin et l’Afrique.
En Afrique, le commerce est déséquilibré vers l’extérieur
Les mauvais chiffres des échanges intra-africains
Un mot de macroéconomie pour commencer, avec une problématique soulignée par le Fond Monétaire International (FMI). Une de leur publication nous éclaire sur les échanges commerciaux intracontinentaux. Avec 55 pays et plus d’un milliard d’habitants, on pourrait s’attendre à ce que le commerce entre pays voisins soit important, mais ce n’est pas le cas. Pas du tout. Contrairement à l’Asie où 60 % de l’import-export est continental ou même de l’Europe où ce chiffre atteint 70 %, en Afrique c’est seulement 15 %.
Les experts du FMI notent le manque d’infrastructures dans les transports, des droits de douane élevés, des règles commerciales divergentes ou encore la part non négligeable de l’économie informelle. Mais ils soulignent surtout le coût et la difficulté des paiements transfrontaliers. D’où la nécessité de trouver une alternative et de changer les règles du jeu. C’est pourquoi un projet de zone commerciale continentale a été mis sur la table il y a quelques années. Plus précisément, nous sommes en 2018, quand 54 pays africains signent à Kigali un accord de libre échange lors d’un sommet extraordinaire de l’Union Africaine. Seule l’Érythrée n’a pas voulu participer, mais nous reviendrons sur ce pays particulier dans une prochaine chronique.
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Le projet ZLECAf comme solution miracle en Afrique ?
Cette Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf) est censée supprimer progressivement les droits de douane sur 90 % des marchandises et réduire les obstacles au commerce des services. Par la suite, cet accord devrait même permettre une harmonisation des politiques en matière d’investissement, de commerce électronique et de propriété intellectuelle.
En parallèle à cela, un système de paiement et de règlement panafricain (PAPSS) est dans les cartons. Il permettra de relier les banques centrales, les banques commerciales et les fintechs d’Afrique au sein d’un réseau. Des transactions rapides et peu coûteuses dans n’importe laquelle des 42 monnaies du continent africain deviendront possibles. Voilà, sur le papier, les spécialistes espèrent une nette augmentation du commerce intra-africain à l’horizon 2045. Mais, en attendant, la Chine, l’Union Européenne et les États-Unis continuent de représenter plus de 50 % des exportations. Et ils ne semblent pas pressés de voir cette ZLECAF remettre en question leurs privilèges.
Le manque actuel de fluidité des échanges d’un pays à l’autre et hors du continent est probablement une des raisons principales de l‘adoption de Bitcoin dans cette partie du monde. Pour tenter de saisir la complexité de ces situations, nous allons prendre quelques pays en exemple pour souligner certains problèmes. Pour commencer, direction les bords du Golfe de Guinée et le Ghana.
Au Ghana, Bitcoin pour fluidifier les échanges transfrontaliers
Restriction sur les devises étrangères
Commençons avec un petit peu de géographie. Le Ghana est entouré par trois pays ayant le franc CFA comme monnaie : la Côte d’Ivoire, le Burkina et le Togo. Sa monnaie, le cédi fait partie des plus belles chutes de ces dix dernières années avec plus de 80 % de pertes. Conjuguée à une inflation record, la monnaie ghanéenne est en perdition.
Cette situation catastrophique a amené les autorités locales à prendre des décisions qui vont malheureusement accentuer les problèmes. Les restrictions sur les devises étrangères dans le pays fleurissent et la banque centrale tape du poing sur la table. Elle interdit le paiement de biens et services en devises étrangères sans autorisation écrite.
Le marché noir et la contrebande comme seule solution
Prince Don, notre guide de l’épisode précédent et animateur de l’Afrique parle Bitcoin, nous a donné un exemple des conséquences de cette situation près de chez lui. Il s’agit d’un entrepreneur ghanéen qui voulait commercer avec un voisin ivoirien. Concrètement, cette personne souhaiterait acheter des matériaux au Ghana pour les revendre dans son pays. Jusque là, rien d’extraordinaire. Et bien, il ne peut pas.
Du moins pas officiellement en tout cas. Car il lui faudrait passer par sa banque et faire une demande de conversion de ses francs CFA en dollars. Puis transférer les fonds au Ghana. Cette demande passerait par des banques à l’étranger car toutes les transactions de la Côte d’Ivoire passent par des banques qui utilisent l’euro. Ces dernières appliqueraient donc un taux de change à la transaction CFA vers euro. Puis euro vers dollar. Puis, elles ajouteraient des frais de transfert vers la banque au Ghana. Tout ceci prend du temps et coute très cher. Donc, il se débrouillait jusqu’alors avec du liquide et le système D.
Autre exemple trouvé sur le blog du FMI et toujours au Ghana. Quelqu’un à Accra voulait payer un avocat résidant au Nigéria. Tenez-vous bien, l’argent a mis deux semaines à arriver ! Et, pour une transaction de 100 dollars, il a du en payer 40 de frais. Pourtant, ces deux pays sont liés à des banques qui utilisent le dollar. Mais dans les faits, ça fonctionne très mal. Du coup, les entrepreneurs contournent les lois, prennent des risques et perdent de l’argent. Maintenant, ils sont de plus en plus nombreux à utiliser Bitcoin. C’est simple, rapide et peu cher.
Au Cameroun, Bitcoin pour combler la pénurie de devises
Les signes monétaires font l’objet de spéculations
Autre exemple dans un pays qui utilise cette fois le franc CFA : le Cameroun. La situation à Yaoundé va nous permettre d’aborder une autre problématique rencontrée par nombre de pays de la sous-région : la pénurie de devises. Le pays manque de signes monétaires en CFA, mais aussi de dollars. La Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC), qui gère une partie des pays sous le franc CFA, a bien tenté de régler la pénurie l’année dernière, mais les problèmes perdurent. Le pays manque de billets mais surtout de pièces. Du coup, les petits commerces souffrent et la situation se crispe.
Les autorités accusent certains trafiquants d’envoyer les pièces en Asie pour être fondues et faire des bijoux. Mais il semblerait aussi que des propriétaires de machines à sous soient en cause. Ces derniers retiendraient également les pièces pour faire augmenter leur valeur en créant une pénurie artificielle. Enfin, dernière explication, le circuit de distribution est en partie « rouillé » selon les déclarations des autorités. Dans tous les cas, tout le monde manque de monnaie et le commerce quotidien se grippe.
Ces dollars impossibles à trouver au pays du franc CFA
Mais, le franc CFA n’est pas la seule monnaie difficile à trouver dans le pays. Le dollar aussi est aux abonnés absents et cette situation dure depuis des années. Prince Don nous a raconté l’histoire à peine croyable d’un entrepreneur camerounais qui devait régler une grosse commande auprès d’un fournisseur en Chine. Il s’adresse à sa banque pour le règlement en dollars et cette dernière lui répond qu’il est sur liste d’attente. La banque en question attend des dollars de la part de la BEAC qui est à sec.
Il devra donc patienter entre 1 et 2 mois pour pouvoir payer cette commande. Que les choses soient claires, le commerçant a largement la somme en franc CFA sur son compte. Mais la banque n’a pas assez de dollars pour effectuer la transaction. La réalité des grands commerçants est celle-là. Pour tous ceux qui pensaient que les banques ne faisaient qu’écrire des lignes sur des tableaux, la réalité en Afrique est autrement plus concrète. Pas de dollars, pas de commande. Pas de commande, pas de business. Du coup, devinez vers quelle solution se tournent ces entrepreneurs ?
Dans le même genre, on aurait pu aussi vous parler de l’Angola ou de l’Éthiopie qui traversent les mêmes problématiques. À Addis-Abeba le gouvernement a carrément fait une liste de biens prioritaires dont l’importation en dollars est autorisé. Pour les autres, ils ne peuvent être payés qu’en birr, la monnaie locale qui plonge d’ailleurs face au dollar au marché noir. Mais quittons l’Afrique de l’Est direction le pays le plus peuplé du continent : le Nigéria.
Au Nigéria, Bitcoin est une sortie de secours monétaire
Un remède plus nocif que le mal ?
Le Nigéria rassemble à lui seul tous les problèmes soulevés dans notre article. Une inflation galopante, une pénurie de dollars et une politique monétaire contre-productive de la part des autorités. Commençons d’abord par la monnaie locale, le naira, qui a perdu plus de 60 % de sa valeur sur les dix dernières années. Et malgré l’introduction progressive du eNaira, la monnaie électronique, rien n’a changé. Et, la hausse récente du dollar n’a rien arrangé.
Du coup, les autorités ont pris des décisions drastiques pour essayer de conserver leurs réserves de change. Au mois de septembre dernier, elles ont sommé les compagnies aériennes d’accepter le naira pour les paiements des billets d’avion. Sous peine de sanctions ! Car le dollar est officiellement interdit dans le pays. Les professionnels et les particuliers n’ont donc plus de droit de convertir leurs nairas. Du coup, sur le marché noir, le prix du billet vert explose car tout le monde l’utilise malgré tout pour fuir ce naira bien trop fragile.
Le prix de Bitcoin explose à cause des restrictions gouvernementales
Mais la monnaie locale aussi est rationnée. Et au moment d’écrire ces lignes, les retraits sont plafonnés à 20 000 nairas par jour, soit l’équivalent de 40 euros. Mais le pire est à venir. Car cette raréfaction de la monnaie entraine une sorte de ruée sur Bitcoin, qui, rappelons-le, n’est pas non plus autorisé dans le pays. Pour en trouver, il faut donc passer par des plateformes de peer-to-peer car les banques n’ont pas légalement le droit d’accepter les virements ni les paiements vers des exchanges crypto.
Finalement, sous l’effet de la loi ancestrale de l’offre et de la demande, Bitcoin affiche une surprime de 65% par rapport au reste du monde. Ce pays, qui tire toute l’Afrique derrière lui en terme d’adoption, se retrouve à payer ses satoshis au prix fort. Tout ça à cause d’une succession de mauvaises décisions de son gouvernement. Dans cette situation, il est difficile de blâmer les habitants du Nigéria qui cherchent à tout prix à sortir leurs économies du pays. Pensez à quelqu’un qui économise depuis 10 ans pour s’acheter une maison ou pour payer les études de ses enfants et qui voit le fruit de son épargne fondre de 80 % en quelques années. Dans ces conditions, la seule solution viable et disponible maintenant, c’est Bitcoin. Une fois de plus.
Après les problèmes économiques, place un instant à une situation encore plus dramatique qu’une inflation incontrôlée et une pénurie de devises étrangères. Direction le Soudan qui est secoué depuis des années par une terrible guerre civile.
Au Soudan, Bitcoin pour échapper aux conséquences de la guerre
Des conflits armés qui ravagent le pays
Le Soudan fait partie des régions les plus pauvres de la planète avec une situation humanitaire et économique très inquiétante. Deux guerres civiles terribles ont déchiré la population et le pays. Celle du sud a donné naissance à un nouvel état, le Soudan du Sud. Quant à l’ouest, la situation du Darfour est loin d’être réglée et les exactions contre la population civile se poursuivirent. Ni le coup d’État de 2019 qui a fait tomber Omar Al-Bachir, ni le suivant en 2021 n’ont réglé les problèmes de la vie quotidienne. Pire, le robinet de l’aide humanitaire s’est tari car le gouvernement provisoire ne remplit pas les conditions dictées par la communauté internationale.
L’inflation a atteint 360 % en 2021 et plafonne à 260 % cette année selon différentes sources. Des émeutes ont d’ailleurs éclaté ces dernières semaines à Khartoum pour protester contre la hausse des prix qui étrangle l’ensemble de la population déjà durement touchée par les conflits. Le Soudan accumule les problèmes avec en plus une administration peu présente et une monnaie aux abois. Notamment suite à une ultime dévaluation l’année dernière qui a été imposée par le FMI.
Internet et Bitcoin comme une lueur d’espoir
C’est dans ce contexte largement dégradé que l’on apprend que de grandes sociétés investissent dans la région pour améliorer la couverture internet. Le Soudan affiche d’ailleurs 31 % de taux de pénétration pour ses 46 millions d’habitants ce qui est mieux que bien d’autres pays d’Afrique. Voilà pour le décor paradoxal d’un pays ravagé par la guerre qui s’ouvre aux nouvelles technologies pour s’en sortir. Retour maintenant à la crypto et à l’histoire de celui que Bitcoin Magazine a appelé Mo. Né au Soudan et médecin, il fuit son pays après avoir soigné des victimes des seigneurs de guerre et des milices du dictateur déchu. Ensuite, il assistera depuis l’Europe à des décennies de conflits et de crimes contre l’humanité sans pouvoir aider sa famille, ses amis ou sa communauté.
Mais tout va changer en 2015 quand il va découvrir Bitcoin et commencer à l’utiliser. En 2017, il envoie des satoshis au Soudan pour la première fois. Depuis, sur les réseaux sociaux, il est devenu une sorte d’influenceur crypto dédié à la cause du BTC. Animateur d’un podcast en arabe pour les jeunes soudanais, Mo parle avec eux d’argent, de liberté, du pays et de satoshis. Il se réjouit aujourd’hui de l’augmentation de la couverture du réseau internet qui arrive petit à petit dans les régions les plus reculées du pays en même temps que les smartphones. Autant de bonnes nouvelles pour la démocratisation de sa crypto préférée.
Mais Mo craint toujours un renversement de situation et n’a pas confiance dans les autorités du pays. Il craint que Bitcoin soit interdit. En effet, la Banque Centrale du Soudan a mis en garde sa population contre l’utilisation de la cryptomonnaie, présentée… trop volatile et trop risquée.
Restons encore un peu dans la corne de l’Afrique et intéressons nous maintenant à l’Ethiopie où les armes ont aussi fait des ravages. La guerre du Tigré qui s’est déroulée tout près de la frontière avec l’Érythrée au nord du pays serait le pire conflit du XXIᵉ siècle. Plus de 600 000 morts selon les rapports de l’ONU. Dans ce pays en reconstruction, les zones rurales prédominent et la population souffre d’un isolement financier historique. Mais, dans les villes, Bitcoin est en train d’ouvrir une porte sur le reste du monde.
En Ethiopie, Bitcoin pour remplacer le sel ou le bétail comme moyen d’échange
Un modèle économique ancestral fragile
Tout d’abord vous en avez l’habitude, quelques chiffres. L’Ethiopie compte 120 millions d’habitants dont 20% seraient connectés à internet. Parmi eux, les 5 millions qui vivent dans la capitale Addis Abeba. On estime que plus de 70% de la population n’a pas de compte bancaire, notamment la grande partie des habitants des zones rurales.
Dans ces régions isolées et arides, la survie est très compliquée à causes notamment des sècheresses à répétition qui déciment les troupeaux. Mais l’inflation et l’affaiblissement du birr, la monnaie locale, accentue également la pression sur ces populations aux traditions ancestrales encore bien vivantes. Certains peuples autochtones du nord-est du pays continuent, par exemple, à utiliser le sel comme moyen d’échange pour le commerce quotidien. Dans le reste du pays, ce sont des bovins ou des moutons qui servent aussi de monnaie d’échange et beaucoup plus rarement l’or.
De la Californie à Addis Abeba, Bitcoin comme trait d’union monétaire
Dans les grandes villes du pays, historiquement c’est le dollar qui fait office de monnaie de référence. Mais ces dernières années, le gouvernement local a cherché à lutter contre l’inflation en interdisant l’utilisation de cette devise dans la population générale. Du coup, au marché noir, le prix du billet vert explose. C’est comme ça que commence notre histoire. Celle de Kassa, dont le frère a été emprisonné pour s’être promené avec 20 dollars en poche.
Kassa est né dans le pays mais il est parti très jeune et a grandi en Californie. Il y reviendra en 2013 pour travailler au sein d’un cabinet d’audit international. Finalement, après presque 10 ans de vie dans son pays, il est obligé de le quitter une nouvelle fois après que les autorités aient coupé internet en 2020 pendant la pandémie. Lorsqu’il monte dans l’avion pour partir, il a une révélation. Il pense à tous les gens qu’il laisse sur place. Kassa se demande alors comment emporter son épargne quand ce sont des animaux !
Il va créer des groupes sur des messageries privées pour embaucher des gens sur place et les rémunérer en satoshis. Graphiste, designer reçoivent ainsi leurs émoluments depuis la Californie via des portefeuilles comme le Blue Wallet. Il est spécialement apprécié car open-source. Certains les revendent en peer-to-peer sur le marché local pour récupérer des birrs. Mais il confie que beaucoup s’en servent pour amorcer un début d’épargne. Le transfert de valeur par Bitcoin permet d’éviter les 10 à 15 % de frais des spécialistes du transfert d’argent international, mais aussi de contourner le taux de change prohibitif du gouvernement. D’ailleurs, ce dernier traque toujours les utilisateurs de téléphones satellites et fait tout ce qu’il peut pour contrer l’avancée de Bitcoin dans le pays.
Bitcoin, défenseur des droits de l’Homme en Afrique, ce sera la prochaine fois
Au Ghana, au Nigéria, au Cameroun, au Soudan ou en Ethiopie on a vu à quel point Bitcoin pouvait simplifier la vie des gens et résoudre certains problèmes monétaires du quotidien. On aurait aussi pu citer l’Egypte ou le Malawi dont les monnaies dévaluées jettent la population dans la précarité. Ou le Burundi et la Libye qui subissent divers embargos internationaux à cause d’une situation politique instable. Mais il est temps de clôturer cette deuxième chronique et de laisser derrière nous les problèmes financiers, économiques et monétaires.
La semaine prochaine, nous découvrirons ensemble que Bitcoin peut également être une arme en plus d’un outil. Pour certaines organisations qui luttent pour la liberté ou pour les minorités, la censure financière était jusqu’alors une arme de destruction massive d’espoir. Aujourd’hui, les règles changent et les esprits libres prennent le maquis. Au Togo, au Congo, en Afrique du Sud, en Érythrée ou au Sénégal, un vent d’espoir se met à souffler. Les défenseurs des droits de l’Homme se sont découvert un allié de taille aux supers pouvoirs : Bitcoin.
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