Bakkt ne permettra pas le trading sur marge, mais qu’en est-il de l’effet de levier caché ?
C’était la bonne (?) nouvelle du début du mois d’août dans le monde des cryptos : l’Intercontinental Exchange (ICE), propriétaire du New York Stock Exchange (NYSE), annonçait le lancement de la structure Bakkt.
Mais alors que l’on se demande déjà si le Bakkt de l’ICE est une si bonne nouvelle que ça, le projet veut aujourd’hui rassurer en prétendant qu’il n’y aura pas de trading sur marge sur la future plateforme Bakkt.
Bakkt promet que ses contrats BTC seront garantis par de réels bitcoins
C’est sur le blog Medium du projet Bakkt que des précisions ont été données, ce lundi 20 août, sur le nouvel écosystème pour cryptoactifs voulu par l’Intercontinental Exchange.
Kelly Loeffler, la CEO de Bakkt, déclare ainsi que :
« Un élément essentiel pour la détermination du prix est la livraison physique. Plus précisément, avec notre solution, l’achat et la vente de bitcoins sont entièrement garantis ou pré-financés. En tant que tel, notre nouveau contrat Bitcoin journalier ne sera pas négocié sur marge, ni n’utilisera un effet de levier, ou ne servira pas à créer une créance papier sur un actif réel. »
Elle continue sur la sécurisation des cryptoactifs permettant cette garantie de contrepartie :
« Associé à une solution d’entrepôt sécurisée et réglementée, vous pouvez commencer à voir comment cette infrastructure de marché peut aider davantage d’institutions et d’utilisateurs à participer à cette classe d’actifs ».
Car comme le rappelle CCN, conformément aux directives de la CFTC (Commodity Futures Trading Commission), Bakkt doit fournir un lieu de stockage pour les actifs « physiques » sous-jacents à ses produits financiers (par « physique », on parle des matériels informatiques de stockage à froid des bitcoins).
Un effet de levier caché ?
Cependant, Caitlin Long, vétéran de Wall Street, a noté que la publication n’évoquait pas ce qu’elle appelle un « effet de levier caché », par lequel les institutions mélangent et ré-hypothèquent les différents types de garanties (que ce soit des bitcoins, des dollars américains, ou autres valeurs mobilières, etc…). Ce qui permet à ces mêmes institutions de les substituer les uns aux autres sur leur bilan, et de permettre à plusieurs parties de déclarer la propriété du même actif dans leurs bilans financiers, créant l’effet de levier caché.
D’après CCN, Caitlin Long explique que ces pratiques sont courantes à Wall Street (on a vu d’ailleurs ce que cela donnait avec la crise des subprimes, les prêts immobiliers hypothécaires américains ayant entraîné la crise économique de 2008).
L’arrivée du système financier traditionnel, avec ses banques aux réserves fractionnaires, risque pour le moins de corrompre l’esprit du Bitcoin, tel que Satoshi Nakamoto l’avait imaginé. Et au pire, les ETF Bitcoin ou le Bakkt pourraient entraîner les cryptomonnaies dans la proche crise économique, avec l’effet domino des banques faisant faillite successivement, n’ayant pas de contreparties réelles pour l’argent (artificiel) qu’elles avancent.
Sources : CCN ; Medium ; CoinTelegraph || Image from Shutterstock