NFT : Ce trader se fait avoir et perd son CryptoPunk qui vaut des millions en un clic
Code is Law est une expression popularisée par le professeur Lawrence Lessig dans les années 90. En crypto, cette idée prend une dimension cruciale grâce aux smart contracts. En effet, ces derniers exécutent automatiquement le code, sans possibilité de modifier ou contester l’exécution. Ainsi, le code devient une « loi » incontestable, tant que les conditions sont remplies. Cette vision peut être à double tranchant, car toute erreur dans le code peut conduire à des conséquences dramatiques. Le détenteur du CryptoPunk #2386 vient de l’apprendre à ses dépens.
Un NFT CryptoPunk vendu au rabais
Lancés en 2017 via un mint gratuit de 10 000 NFT, les CryptoPunk sont rapidement devenus l’une des collections de NFT emblématique d’Ethereum. Ainsi, ces derniers s’échangent fréquemment pour plusieurs dizaines, voire une centaine d’ETH, selon la rareté du NFT.
Mercredi 11 septembre, l’internaute 0xQuit a dévoilé qu’une vente inattendue avait eu lieu sur cette collection de NFT.
Ainsi, le CryptoPunk #2386, l’un des 24 Punks représentant un singe, qui était jusqu’alors évalué à 600 ETH, soit 1,5 million de dollars a été vendu pour la modique somme de 10 ETH, soit environ 23 000$.
Mais alors qu’a-t-il bien pu se passer dans la tête de son détenteur pour vendre son précieux NFT 98,5 % en dessous de son prix ?
Que s’est-il passé ?
En septembre 2020, le CryptoPunk #2386 avait été fractionné sur Niftex, une plateforme DeFi qui permettait le fractionnement de NFTs. Cela permet à plusieurs utilisateurs de détenir des parts d’un même NFT coûteux.
Au total, 10 000 jetons ERC-20 ont été émis pour représenter ce NFT fractionné, détenu par 257 adresses différentes.
Cependant, lorsque la plateforme Niftex a fermé, ces parts sont restées bloquées dans l’un des smart contract. En effet, les smart contracts déployés continuent d’exister même si les opérateurs du projet ont mis la clé sous la porte.
Le système inclut une fonctionnalité appelée « shotgun », permettant à tout détenteur de proposer un prix pour racheter l’intégralité des parts.
Ainsi, le 28 août, l’adresse 0x282 a déclenché cette fonction, offrant 0,001 ETH par part (soit 10 ETH pour le NFT entier). Selon les règles, si aucun actionnaire ne contre-offre dans les 14 jours, le rachat est validé.
Contre toute attente, l’internaute gmoney, a tenté de bloquer l’achat en soumettant une contre-offre. Mais ce dernier s’est trompé sur la somme requise et a proposé 0,000001 ETH au lieu des 0,0010000001 exigés. Échec de la tentative de sauvetage.
Par conséquent, le NFT, estimé à 600 ETH (1,5 million de dollars), a été vendu pour 10 ETH (23 000 $).
Hack ou feature ?
L’affaire du CryptoPunk #2386 illustre parfaitement l’adage « code is law». En effet, le fonctionnement du smart contract a permis à l’internaute d’acheter le NFT au rabais.
Certains pourraient déclarer qu’il s’agit d’un hack. Pourtant, il n’y a pas réellement de faille dans le code du smart contract utilisé.
Ainsi, d’un point de vue purement technique, l’utilisateur n’a pas exploité le smart contract. Il a uniquement utilisé les fonctions existantes à son avantage.
En effet, la mécanique du « shotgun » est restée gravée dans le code. Ainsi, en l’absence de contre-offre valide, 0x282 a acquis un NFT à prix bradé, tout en suivant les règles de la plateforme Niftex.
De leur côté, les NFT ne se portent pas pour le mieux. En effet, la tendance semble être passée et les prix dégringolent. Si bien, que selon les données compilées par NFT Evening, 96% des collections de NFT sont jugées comme mortes.
Renaud H.
Ingénieur en software et en systèmes distribués de formation, passionné de cryptos depuis 2013. Touche à tout, entre mining et développement, je cherche toujours à en apprendre plus sur l’univers des cryptomonnaies et à partager le fruit de mes recherches à travers mes articles.
