Le metaverse entre rage et désespoir : la blockchain à la rescousse – Le Meta-Hebdo
Le monde entier est un meta-théâtre. Alors qu’on le croyait mort, le metaverse, pendant virtuel et numérique de notre réalité, ne s’avoue pas vaincu. Bien au contraire. Même si les utilisateurs désertent, ce qui est fréquent de surnommer l’ « internet de demain », les entreprises, elles, après avoir dépensé des milliards, tentent par tous les moyens de le réanimer. Encouragées par des rapports, tels que celui de McKinsey, rédigé en avril 2022, le metaverse aurait le potentiel d’atteindre une valeur de 5 000 milliards de dollars d’ici à 2030.
Ainsi, durant l’année 2022, nous avons pu voir une augmentation – laissant parfois sceptique – de la popularité du métavers. Transportées dans un monde virtuel peuplé d’expériences dites immersives, les entreprises, GAFAM et autres géants du luxe, n’ont eu de cesse d’observer le métavers à travers tous ses potentiels de développement et de marketing. Nouvelles façons de travailler, de communiquer, d’apprendre, de jouer… en bref, nouvelle manière de vivre.
Du Consumer Electronics Show (CES) 2023 à Las Vegas qui a été le centre de toutes les meta attentions du 5 au 8 janvier, en passant par l’ouverture d’un McDonald’s dans le metaverse pour la prochaine année lunaire, le métavers a continué ce début d’année de gagner du terrain dans le cœur des entreprises. Il n’a cependant toujours pas conquis celui de ses utilisateurs.
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2023 : le jeu de l’amour et du hasard avec le metaverse
Le Meta malade imaginaire
Rappelez-vous. L’année dernière, à la même époque, on se demandait déjà si 2022 n’annoncerait pas le début de l’ère du métavers. Et non. Ce fut plutôt l’année des déconvenues.
En effet, l’année 2022 aura été celle d’un espace virtuel, malade, victime de graphismes malheureux. Le monde virtuel proposé par l’Europe, ou bien encore le mémorable avatar de Mark Zuckerberg pour fêter le lancement d’Horizon Worlds à Paris et à Barcelone en sont les exemples douloureux.
Cependant, malgré de nombreux échecs, toutes ces sociétés n’ont pas dit leur dernier mot. Elles souhaitent bien soigner leur métavers. Ainsi, malgré leur impopularité, ces univers virtuels en constante expansion sont de plus en plus présents dans notre vie quotidienne : leurs portes d’entrées sont multiples.
En effet, aussi bien les réseaux sociaux que les technologies de la blockchain, le monde du travail ou dans la sphère privée, le métavers commence à s’inviter un peu partout. De fait, de la même manière qu’Internet nous a amené à passer de plus en plus de temps sur nos téléphones, nous passons doucement de plus en plus de temps dans ces univers virtuels, esquisses d’un métavers encore lointain.
Pour le CES 2023, on ne badine pas avec le metaverse
Ce début d’année 2023 a ainsi su confirmer, animer, cet intérêt pour le métavers qui semble avoir trouvé une seconde vie au CES 2023 à Las Vegas. Cette rencontre au sommet entre les géants de la tech, start-ups web 2, web 3 et particuliers a su montrer son affection persistante pour le métavers à la face du monde.
Qualcomm, le géant de la technologie mobile a présenté les premiers composants clés pour ses lunettes de réalité augmentée, confirmant partir, lui aussi, explorer les univers parallèles et concurrencer Apple. Patrick Costello, son responsable du développement commercial, explique même que c’est un moyen qui deviendra populaire et permettra de rentrer dans le metaverse. Malgré cet enthousiasme, le discours du responsable reste mesuré face aux échecs du métavers que nous avons pu évoquer dans nos Meta-Hebdo précédents.
De nombreux leaders du métavers et de la tech présents au CES 2023 ont ainsi parlé, débattu et se sont projetés à grands coups d’annonces – comme Microsoft – confirmant le développement croissant de l’internet du futur malgré l’hiver crypto. Cet engouement pour le métavers au CES a été tel qu’il a fait ressortir du fond du tiroir le désormais célèbre rapport McKinsey, véritable ode au métavers.
En attendant McKinsey
Souvenez-vous, c’était en avril 2022, McKinsey sortait un rapport qui extrapole différentes données et estime que le métavers pèsera 5 000 milliards de dollars d’ici à 2030. Il ne s’agira pas là de vous refaire ce rapport complet et désormais pilier pour le secteur du métavers. Toutefois, il convient de retenir que dans ce rapport, quatre catalyseurs technologiques à développer impérativement ressortent pour que le métavers soit efficient et surtout rentable :
- Le développement des appareils technologiques ;
- L’interopérabilité et les normes ;
- L’ergonomie des plateformes ;
- La mise en place de normes et d’outils de développement.
Dans son rapport également, McKinsey fait référence au métavers comme moyen de développement et outil pour s’affranchir des frontières civiles et sociales. Ainsi, au-delà de l‘aspect marketing que les grandes sociétés peuvent lui conférer, celui-ci devient un atout pour les États et les gouvernements. Ainsi, alors que la France commence seulement à réaliser l’ampleur et les potentiels du métavers, d’autres pays ont déjà mis un pied dans l’espace virtuel. Nous pouvons, dans cette logique, aussi bien penser à Dubaï qui a fait du métavers une affaire d’État, qu’à la Corée du Sud. Symbole d’une liberté de circuler exacerbée, le métavers semble alors prendre le gout amer d’espaces bien au contraire contrôlés, régulés et surtout centralisés.
Le metaverse a t-il les mains sales ?
Le metaverse ou les caprices des entreprises
Ainsi, malgré les échecs, tous continuent de courir après le métavers. Les prémices d’un métavers normalisé ce dessinant même lors de rencontres comme le CES ou lors de consortiums plus officiels comme il y a pu en avoir en 2022.
De grandes marques du luxe telles que Luis Vuitton ou encore Gucci ont fait le saut du web 3 et l’année 2023 confirme cette tendance avec le géant de la restauration rapide McDonald’s. Alors évoqué l’an dernier, McDo propose cette année à certains utilisateurs de passer le nouvel an lunaire dans son métavers.
Annoncé par la voix de Kren X Cheng, influenceuse célèbre et businesswoman reconnue, la publicité pour vendre ce meta-évènement lunaire évoque un monde qui permettra de revivre ses souvenirs d’enfance dans le restaurant de Ronald et de se réunir pour fêter des évènements fédérateurs. Ce projet orienté tech permet, d’après Elizabeth Campbell, directrice principale de la stratégie d’engagement culturel chez McDonald’s, de réunir toute une communauté à travers le monde pour le nouvel an chinois.
Outre cette menace d’un métavers galvaudé, réel terrain de jeux des sociétés qui ont construit le monde tel que nous le connaissons, la présence des États et de la régulation dans le métavers peut également inquiéter.
La gestion des données personnelles : la machine infernale du metaverse ?
Au-delà du pied d’ores et déjà posé dans le métavers par différents États, comme nous l’avons évoqué auparavant, nombreux sont les régulateurs qui gardent le métavers dans le collimateur. Et pour cause, il emporte avec lui – au-delà des problématiques techniques – des problématiques encore non résolues actuellement : celles de la gestion de nos données personnelles. Un enjeu qui freine l’engouement des utilisateurs et qui a été au centre de l’attention lors du CES 2023 il y a quelques jours.
Comme nous l’expliquaient nos confrères de The Block, de nombreux leaders du metaverse présents au CES ont évoqué la possibilité de vendre les données personnelles de leurs utilisateurs pour générer des revenus supplémentaires. Cette idée a suscité des réactions mitigées, certaines personnes y voyant une opportunité intéressante, tandis que d’autres s’inquiètent de la protection de leur vie privée dans un monde de plus en plus connecté.
Ainsi, les données personnelles des utilisateurs auraient une valeur indéniable pour les entreprises, qui pourraient avoir accès à des informations sur les habitudes de consommations et les préférences des individus.
Polémique et délicate, l’exploitation des données personnelles est donc une problématique affrontée par le web 2, mais également par le web 3 qui semble apporter quelques solutions pour permettre au metaverse de laver plus blanc.
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Metaverse et décentralisation : la blockchain médecin malgré elle
Le métavers serait-il l’île aux esclaves ?
Catégorisé comme une technologie dite du web 3, le métavers, aidé par des technologies telles que la blockchain, pourrait cependant, contrairement au web 2, éviter l’obstacle de la gestion des données personnelles non pas dans le but d’optimiser leurs ventes, mais bien au contraire dans le but de les protéger. Fini la crainte de devenir esclave des GAFAM.
En effet, la décentralisation permettrait aux utilisateurs de devenir maître de leurs données personnelles. Ils pourraient alors faire le choix de les monétiser… ou pas. Cette idée discutable sur de nombreux points éthiques offre toutefois la possibilité à l’utilisateur d’être propriétaire entier de ses données personnelles.
C’est le discours soutenu par Mary Hamilton, responsable de l’innovation technologique pour le géant mondial du conseil, Accenture. Ce choix serait simple pour tout le monde et appuierait un marketing orienté sur la vie des utilisateurs et non sur les achats des consommateurs.
« C’est presque mieux pour les marques aussi. Vous leur permettez d’avoir les données correctes, pas une supposition sur qui vous êtes où une approximation, mais qui vous êtes vraiment (…) Et vous l’autorisez pour les marques en qui vous avez confiance et avec lesquelles vous souhaitez vous engager.»
Participant à une politique globale d’entreprise, le discours d’Accenture France va dans ce sens et prône la nécessite d’une technologie et d’un monde « multidimensionnel » qui simplifierait la vie des utilisateurs :
« La technologie a démocratisé l’accès à l’information, le Web3 et le métavers portent la promesse d’un avenir créatif et dynamique, mais, pour autant, 43 % des consommateurs (37 % en France) considèrent que les progrès technologiques ont compliqué leur vie autant qu’ils l’ont simplifiée. »
Le paradoxe humain : de la « customer-centricity» à la « life-centricity » – Source : Accenture
Le metaverse : l’école de la blockchain
Mary Hamilton, au-delà de cette idée critiquable, développe alors la nécessité d’utiliser les technologies de la blockchain pour permettre un métavers qui sera l’inverse de ce qui a été proposé aux utilisateurs en 2022, pour ceux qui y sont allés. Ainsi :
« Un nouvel ensemble de normes étayées par la technologie blockchain pourrait créer un changement de paradigme. »
Ce changement de paradigme, nous pouvons le constater avec ce que permettent, par exemple, les NFT au sein du métavers. Leurs utilités évidentes et nombreuses permettent également de comprendre à quel point la blockchain sera un outil essentiel du métavers. Propriété numérique, identités protégées, espace tokénisés, le métavers permettra à de réelles économies de naître.
Certains, comme Meta ou Nike, ont, malgré leurs maladresses, fait le choix de blockchains comme Polygon, tout le monde s’accordant pour le choix prématuré ou tardif d’une blockchain pour se développer. Le caractère décentralisé apporté alors à l’espace virtuel permettant de démultiplier les expériences des utilisateurs.
L’exploitation des données personnelles restera un enjeu crucial passé, présent et futur. Fer de lance des défenseurs de l’anonymat et de la décentralisation, ces dernières sont régulièrement la cible des pirates du web et autres hackeurs qui n’hésitent pas à les échanger pour quelques bitcoins.
Tiraillée entre deux mondes, il ne s’agira pas pour nous de jouer les femmes savantes et d’apporter une solution aux enjeux du métavers. Nous pouvons toutefois constater, que malgré de nombreux obstacles, la blockchain semble être l’une des solutions qui permettrait de redonner au métavers son sens et sa raison d’être afin de ne pas jouer le misanthrope et d’apprécier le métavers, comme il vous plaira.
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