Étude sur les ICOs d’Ernst & Young : « la classe 2017 » 1 an plus tard

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En décembre 2017, le cabinet d’audit Ernst & Young avait produit un rapport analysant les principales ICO ayant eu lieu au cours de l’année. Les ICO analysées représentaient à l’époque 87 % des fonds levés en 2017. Le cabinet d’audit faisait part d’importants risques de fraude et de tromperie du consommateur. Un an plus tard, le cabinet se livre à une analyse de suivi de ce qu’il nomme « la classe 2017 ». Les résultats de cette enquête sont affligeants : 86 % des ICO voient le prix de leurs tokens évoluer sous le prix de lancement.

La mania des ICO

L’année 2017 a été celle de l’engouement pour les cryptomonnaies. Et, bien que de nombreuses ICO y aient eu lieu, seuls 6 milliards de dollars ont été levés via ce procédé. Pour ce qui est de la première moitié de l’année 2018, le rapport fait état de presque 22 milliards de dollars levés par des ICO – soit une augmentation de près de 16 milliards de dollars. Ces chiffres sont impressionnants, mais sont naturellement gonflés par l’ICO de EOS – 4,2 milliards de dollars – et celle de Telegram – 1,7 milliard de dollars. Les 10 plus grosses ICO se partagent 52 % des fonds levés alors que les 475 plus petites se partagent 48 % du montant restant. Nous pouvons observer ici une dichotomie flagrante entre les acteurs majeurs qui accaparent une grosse part du gâteau et le reste. Cette démarcation se retrouve aussi dans les données relatives aux gains nets des ICO de 2017.

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En effet, ce groupe de 10 ICO représente 99 % des gains de valeur des tokens par rapport à leur prix de lancement. Notons que, la majorité des ICO tirant leur épingle du jeu se focalisent sur des infrastructures blockchain (Binance, Tezos, 0x, TRON). Toutefois, nous retrouvons aussi des outsiders dans ce top 10 comme le Dentacion (DCN).

Cette différence flagrante entre les acteurs majeurs et les acteurs mineurs de la cryptosphère n’est pas sans rappeler la répartition des fonds au sein même des cryptoactifs. En effet, environ 80 % des coins ou token sont souvent détenus par un petit groupe d’individus – whales, fondateurs et mineurs confondus – alors que la communauté soutenant le projet de possède qu’une faible partie des actifs.

ICO

La chute vertigineuse des prix

Bien que certains tokens aient réussi à se frayer un chemin dans la jungle numérique qu’est la cryptosphère, la plupart n’ont pas réussi à trouver la voie vers la hausse du cours de leur actif. De fait, nombreux sont ceux qui ont vu leur capitalisation s’effondrer. Les chiffres avancés par l’étude objet de ces propos sont préoccupants. Pourtant, au vu du nombre de scams, escroqueries et projet opportunistes, ils ne sont pas vraiment étonnants. Pour savoir comment ne pas investir dans des projets douteux, je vous invite à visionner la série de Sami sur le sujet.

Selon le rapport d’Ernst & Young, 86 % des tokens évoluent sous leur prix de lancement pour les ICO ayant eu lieu en 2017. Et, la capitalisation de ces 141 ICO étudiées a diminué de 66 % entre le 1 janvier 2018 et le 2 septembre 2018.

Nous pouvons tirer deux conclusions de ces chiffres. D’une part, du fait de l’implosion de la bulle crypto s’étant développée courant 2017 la capitalisation des ICO de la classe de 2017 a nécessairement chuté dans sa globalité, il ne pourrait en être autrement. Même au sein du top 10 de cette cuvée d’ICO concentrant la majeure partie des gains les cours ont indubitablement chuté.

D’autre part, ces chiffres font échos à un problème récurrent – selon moi – dans la cryptosphère, le manque de concrétisation des projets. Les ICO sont souvent porteuses de projets Fintech ou numériques qui sous-entendent classiquement des résultats rapides pour un retour sur investissement tout aussi rapide, résultant d’une prise de position sur un marché nouveau. Le cabinet d’audit souligne que les résultats sont rarement au rendez-vous pour la cuvée de 2017.

Une absence de concrétisation des projets

Lors de la phase initiale de ce rapport en 2017 16 % des ICO étudiées avaient un produit prêt à être commercialisé ou tout du moins un prototype. En 2018, ce chiffre n’a progressé que de 13 %, c’est-à-dire que, seules 37 ICO sur 141 sont en mesure de commercialiser un produit – physique ou numérique – après un an de développement. Par conséquent, 71 % ne sont pas prêt à entrer sur le marché. Ce faible taux de prise de position sur divers marchés peut lui aussi être expliqué par le nombre de projets douteux.

Ce manque de concrétisation des projets n’est pas une grande nouvelle pour nous. Pas plus tard d’hier Jimmy Song tweetait sur le sujet.

La domination d’Ethereum

Au moment de l’étude, 555 ICO ont eu lieu sur la plateforme Ethereum, pour 18,3 milliards de dollars levés. À titre de comparaison, l’ensemble des autres plateformes (Waves, Stellar, NEO, etc) ne totalisent même pas 100 ICO sur la période de l’étude.

Cette domination est tout aussi flagrante lorsque nous observons l’activité des différentes communautés. En mai 2018, les développeurs Ethereum avaient résolu plus de 2500 questions sur Github, soit 330 % de plus de Stellar le plus proche concurrent d’Ethereum. Mais encore, sur Reddit la communauté Ethereum est 290 % plus active que les autres.

Le mot de la fin

Cette étude transversale des évolutions des ICO au cours de l’année 2018 commence sa conclusion de la sorte :

« Près d’un an après la première vague d’ICO, il n’y a pas encore suffisamment de données pour se faire une idée complète des risques et rendements de ce nouveau support d’investissement. Lors des révolutions technologiques précédentes, de nombreuses entreprises ont échoué, et il a fallu du temps pour celles qui n’ont pas fait faillite deviennent des investissements adaptés à un large panel d’investisseurs. » Etude Ernst & Young

Ces propos font échos à une analogie que j’affectionne tout particulièrement et que j’emploie souvent lors de débat face à ceux qui estiment que les cryptoactifs ne sont qu’une mode éphémère. Pour que Facebook réussisse, il a fallu que MySpace échoue avant. MySpace a familiarisé la population numérique avec les réseaux sociaux permettant à Facebook de peaufiner son approche puis de s’imposer. Les exemples en matière de start-up numériques ne manquent pas. Napster pour Spotify. Yahoo pour Google. Et il y en est d’autres qui ont été créés il y a plus de 20 ans, comme Amazon (1994) ou Netflix (1997), pour ne devenir connus du public qu’au milieu des années 2010. Une fois popularisées ces start-up sont devenues des investissements de premier choix.

Conclusion ? Bien que l’écosystème crypto soit criblé de projet douteux qui ont tendance à le parasiter et à le décrédibiliser, ce dernier est encore en phase de croissance et n’atteindra sa maturité que dans quelques années. En attendant des projets vont apparaitre, d’autres disparaitre, à nous de soutenir les bonnes initiatives.

Sources : Images from Shutterstock

Thomas G.

Financier et juriste, je suis passionné par les cryptomonnaies depuis leur apparition sur le Deepweb. Fervent supporter du Bitcoin, je suis convaincu que les devises numériques joueront un rôle déterminant dans l'avenir de nos sociétés. Je m'intéresse tout particulièrement aux aspects financiers et législatifs des cryptomonnaies.

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