Le fisc britannique demande à des exchanges un accès à leurs bases clients

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« La mort et les taxes ». Le fisc britannique a donc décidé de mettre en application cette devise universelle, qui voudrait que ces deux éléments un tantinet déplaisants comptent parmi les uniques certitudes de l’existence : ses services fiscaux sont donc venus frapper à la porte de Coinbase, EToro et CEX.IO.

Objectif des grands argentiers britanniques : que les plateformes révèlent les noms de leurs clients afin que ces derniers soient à portée de la taxation du Royaume. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, ladite taxation pourrait s’appliquer rétroactivement sur les 3 dernières années.

Mais que les crypto-addicts ne se plaignent pas : le Trésor britannique se serait bien vu remonter sur la décennie qui vient de s’écouler !

KYC, fiscalité et autres joyeusetés

Peut-être pensiez-vous vraiment que la vérification de l’identité, le fameux KYC, avait comme unique vocation de prévenir le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. En tant que personne foncièrement honnête, vous vous étiez peut-être même dit que les malfaiteurs seraient ainsi bien attrapés, et que tremblants face à l’infaillibilité d’un pareil dispositif, ils renonceraient à leurs sombres desseins ?

Si vous vivez en Angleterre, le réveil doit-être brutal, car oui : le KYC rime tout naturellement avec imposition.

Souriez, vous êtes fichés

En effet, maintenant que toutes les plateformes sérieuses ont scrupuleusement appliqué les règles en la matière, que tous leurs utilisateurs sont dûment répertoriés et la moindre de leurs transactions enregistrées, il a semblé au fisc britannique que le moment était idéal pour passer lever l’impôt. Après tout, c’est bien en Angleterre qu’un sondage (légèrement détourné par des internautes rieurs) rapportait fin 2018 que 75% des britanniques aimeraient recevoir leurs étrennes en cryptomonnaies !

Message bien reçu ! Le HM Revenue & Customs, l’autorité en charge des taxes, vient en effet de mettre un coup de pression aux plateformes opérant sur son territoire de compétence. Les sociétés EToro, Coinbase et CEX.IO se sont ainsi vues demander ces dernières semaines la liste complète de leurs utilisateurs.

Aucune de ces sociétés n’ayant pour l’heure communiqué sur le sujet, il est impossible de savoir si ces demandes ont été suivies d’effets.

Retour vers le futur

La fameuse mâchoire fiscale ayant tendance à plutôt renforcer son étreinte une fois sa proie saisie, le HMRC  souhaite non seulement disposer de cette liste, mais également avoir accès aux historiques de transactions sur « deux ou trois ans ». Clairement, le fisc anglais souhaiterait même avoir une visibilité sur la décennie passée, depuis l’émergence de ces curieux crypto-actifs. Il n’aura échappé à personne que le potentiel fiscal entre un « early adopter » du Bitcoin en 2012 et un particulier ayant vu fondre ses économies dans des ICO de 2018 n’aura pas tout à fait la même saveur pour nos limiers londoniens.

Hypocrisie et pragmatisme

C’est avec un amusement quelque peu acide qu’on rappellera qu’il y a à peine quelques semaines, la FCA, autorité financière britannique, statuait sur le sujet : Bitcoin n’aurait « aucune valeur intrinsèque ». Aucune valeur financière donc, mais naturellement taxable, malgré tout. Une forme subtile d’humour anglais probablement.

Par ailleurs, si les Etats et institutions continuent à faire semblant de ne pas remarquer l’éléphant crypto dans le salon, difficile de ne pas constater qu’en coulisses, leurs services s’activent tout de go. Ainsi, si le fisc anglais démontre de manière éclatante toute sa reconnaissance de la valeur des cryptomonnaies, on pensera également au Ministère de l’Intérieur français qui cherche actuellement à développer ses capacités de surveillance de la blockchain et des transactions qui s’y opèrent, ou encore à l’IRS américain qui a récemment adressé des rappels à déclarer leurs gains à ses compatriotes investisseurs.

Des esprits chagrins pourraient d’ailleurs se demander combien de temps mettra Bercy avant de s’afficher publiquement à la manière des services fiscaux britanniques. Mais tout cela n’est surement qu’un effet de mode, n’est-ce pas ?

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Ex-rédacteur en chef du Journal du Coin j'apporte ma petite pierre à l'édifice financier global qui émerge sous nos yeux. Les insultes, scoops, propositions de sujets, demandes en mariage et autres corbeilles de fruits sont à livrer sur mes différents comptes sociaux. Vous pouvez également venir discuter sur le groupe FB associé à l'initiative Tahiti Cryptomonnaies

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