Cryptopia hack : c’est un inside job… selon le fondateur !
Après son piratage en début d’année qui a résonné comme un coup de tonnerre dans le petit monde des amateurs de shitcoins et l’a finalement contraint au dépôt de bilan, l’exchange Cryptopia fait régulièrement l’actualité avec plus ou moins d’intensité.
Pour autant, un pavé vient de tomber dans la mare : la disparition de Cryptopia pourrait ne pas être le seul fait d’un piratage, mais serait en réalité la conséquence de luttes d’influences, voire d’un complot interne.
RIP Cryptopia, 2014-2019
On s’en souvient, c’était pour ainsi dire hier, alors même que Bitcoin semblait s’étirer pour se réveiller du crypto winter, l’exchange néo-zélandais Cryptopia annonçait avoir subi le 14 janvier un important piratage, contraignant la plateforme à geler ses activités et fermer provisoirement ses portes. Rapidement, il était établi que le montant du préjudice s’élevait à près de 23 millions de dollars en divers cryptoactifs (faisant potentiellement de l’événement le vol le plus important de l’histoire du pays).
L’exchange kiwi tentait quand même de se relancer, remettant à disposition quelques dizaines de paires de trading, mais le coup porté se révélait finalement fatal : Cryptopia annonçait finalement sa liquidation le 15 mai 2019, laissant le soin au cabinet spécialisé de Grant Thornton de tenter de faire le tri dans les ruines encore fumantes de la plateforme afin de rembourser créanciers et clients frustrés.
Cependant, si les hacks d’exchanges font tristement partie du paysage crypto, celui-ci en particulier allait rapidement connaitre des développements troublants.
On apprenait ainsi qu’Adam Clark, fondateur de Cryptopia ne semblait pas vraiment respecter de période de deuil avant de relancer un cryptopia-like : Assetylene.
Plus embêtant, il apparaissait il y a 2 jours que Clark et le cofondateur de la société Rob Dawson avaient fait des révélations à la police néo-zélandaise : tout serait la faute de leur ex-actionnaire, Intranel !
L’hypothèse d’un « inside job »
Intranel est une autre société néo-zélandaise domiciliée à Christchurch au sein de laquelle Clark avait précédemment travaillé.
Pour faire simple, Intranel a prêté main-forte à Cryptopia en 2017, quand les choses ont commencé à devenir un peu trop sérieuses pour les fondateurs, prêtant personnels et compétences en contrepartie de 20% du capital. Ce pourcentage aurait ensuite augmenté jusqu’à offrir à Intranel le contrôle réel de Cryptopia. Un matin de plus dans le monde du capitalisme.
Problème, Rob et Clark estiment que c’est Intranel par une gestion hasardeuse qui a tellement déstabilisé l’exchange, que le hack de janvier est devenu possible. Or les 2 cofondateurs indiquent que ce piratage est intervenu au moment même où les intéressés ont pris la décision de bouter Intranel hors du château.
Du côté d’Intranel, on balaye l’argument :
« Intranel n’a plus fourni de services à Cryptopia depuis début novembre 2018 et avant l’incident qui a conduit à la liquidation de la société. La durée du partenariat initial entre les deux sociétés a pris fin le 1er octobre 2018 et n’a pas été renouvelée. Personne associé à Intranel n’a jamais été administrateur de Cryptopia, ou n’a occupé un poste de Direction » Communiqué d’Intranel
Difficile, comme toujours dans des cas similaires, de trier le bon grain de l’ivraie. Pour autant les cofondateurs n’en démordent pas et enfoncent le clou sur les réseaux sociaux et sur Reddit.
I've had to cryptically dance around talking about this for months, but here, finally, is the complete story of the fraudulent hostile takeover of @Cryptopia_NZ by Intranel from its founders Adam and Rob.
It is alleged Intranel inside-job hacked Cryptopia. https://t.co/s58AW79dcx— notsofast (@notsofast) July 18, 2019
« Cela fait des mois que j’ai dû tourner autour du pot pour en parler, mais voici enfin l’histoire complète de la prise de contrôle frauduleuse et hostile de @Cryptopia_NZ par Intranel, de ses fondateurs Adam et Rob.
Il est allégué qu’Intranel a piraté Cryptopia dans le cadre d’un « inside job » ». Compte Twitter de notsofast
Ce tweet qui allègue donc d’un complot interne fomenté par Intranel renvoie à un post sur Reddit rédigé par un auteur se présentant comme Rob, un des cofondateurs. L’intéressé expose avec de nombreux détails sa version des faits, et il va sans dire qu’Intranel n’y joue pas le beau rôle. Rob en vient même à accuser l’entreprise actionnaire sans ambiguïté :
« Je crois que le Hack a été orchestré pour enterrer tout ce qu’ils ont fait, et qu’il était prévu qu’il le mette en place avant que nous ne puissions les expulser et que nous révélions l’état dans lequel ils avaient mis l’entreprise. Voyant l’interruption de leur plan, ils se sont donc précipités de manière à nous prendre de vitesse. »
Des accusations graves qui augurent d’un prochain acte judiciaire mouvementé devant les tribunaux kiwis.