Corée du Sud : la réglementation des cryptos devient “urgente”

Après les nombreux hacks de ces derniers mois, et un audit quasi-désastreux de l’Association Blockchain de Corée, la Commission des Services Financiers coréenne commence à faire pression sur les législateurs et les somme d’intervenir dans les plus brefs délais.

“Les exchanges ne sont pas assez préparés”

En début de la période estivale, un « modeste » exchange sud-coréen – Coinrail – avait malheureusement été la cible d’un hack à hauteur de 40 millions de dollars en cryptos. À peine quelques heures après, le cours du bitcoin mais aussi la capitalisation totale du marché des cryptoactifs chutaient fortement. Quelques jours plus tard, les comités de surveillance coréens KCC & KISA pointaient du doigt les éventuelles et potentielles violations des droits de confidentialité des données par les opérateurs cryptos, avec pas moins de huit exchanges dans leurs viseurs. Dans la foulée, la semaine qui suivit ne fut pas rose pour les plateformes du pays : un rapport de l’Association Blockchain de Corée, la KBA, concluait que seuls 50 % des exchanges coréens passaient les stress-tests de sécurité et remplissaient les conditions nécessaires de critères généraux d’évaluation mais pas de manière suffisante.

Ces événements catastrophiques sont de taille pour les régulateurs financiers, mais ces derniers ne peuvent en aucun cas imposer leurs règles si elles-mêmes ne sont pas implantées par les législateurs. C’est ce que le directeur de la Commission des Services Financiers, Hong Seong-ki, (Financial Services Commission – FSC) tente de mettre en exergue. Durant une interview avec Bloomberg, Hong Seong-ki avance que :

« Alors que le marché des cryptomonnaies s’est vu croître très rapidement, ces plateformes ne semblent pas être suffisamment bien préparées en termes de sécurité. Nous essayons du mieux que nous pouvons de légiférer ce qu’il y a de plus urgent et de plus important, surtout quand il s’agit de normes AML, mais aussi de la protection des investisseurs. Des projets de loi devraient être adoptés dès que possible. »

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Révision de la loi sur les transactions financières électroniques

L’identité d’une personne effectuant une transaction électronique est devenue une exigence de conformité. Comme point de référence, nous pouvons citer à un niveau européen l’eIDAS, c’est-à-dire le règlement européen sur l’identification pour les transactions électroniques. C’est alors dans cette optique qu’un membre du parti démocratique du pays, Park Yong-jin, a soumis une requête auprès de l’Assemblée Nationale de Corée du Sud en début de mois.

Un de ces projets aura alors pour but de revoir la loi sur les transactions financières électroniques mais aussi de soumettre le secteur des cryptomonnaies au contrôle du gouvernement sud-coréen. Un autre projet de loi quant à lui identifiera et modifiera l’impôts sur les revenus et sur les sociétés afin de permettre aux autorités de lutter contre l’évasion fiscale via les transactions de cryptomonnaies.

La majeure partie de ces desseins a obtenu le soutien d’un nombre important de politiciens cherchant eux aussi à définir un cadre réglementaire clair sur ce secteur en pleine ébullition. Si ces projets voient bel et bien le jour, la Corée du Sud trouvera alors sa place aux côtés du Japon, pays récemment devenu l’un des plus importants marchés de cryptos réglementé au monde.

Pour ce qui est du directeur de la FSC, son conseil personnel est très simple :

« Je ne recommande pas d’injecter quoi que ce soit comme argent dans les cryptomonnaies » a-t-il alors déclaré.

Sources : CCN ; CoinTelegraph ; Coindesk ; Bloomberg || Image from Shutterstock

Jean-Armand Figeac

Jean-Armand est basé à Zürich et travaille depuis 2018 comme Consultant Blockchain pour l’entreprise phare du marché suisse des télécommunications . Son parcours dans la Fintech a débuté en 2016 comme analyste risque de crédit au sein d’une start-up Zurichoise. Il a oeuvré de nombreuses années pour diverses entreprises internationales de renom, des PME et TPME sur trois continents durant ces dix dernières années. Diplômé d’un Master en Banque et Finance de l'Université de Lucerne, Jean-Armand passe la majeure partie de son temps libre à perfectionner ses connaissances dans les langues étrangères telles que le russe, le swahili, l’arabe et l’allemand.