Re-restaking. Depuis le passage de la blockchain Ethereum au Proof of Stake (PoS), les options de staking associées à sa cryptomonnaie ETH sont devenues un secteur à part entière. Un millefeuille numérique sur lequel trônait jusqu’à présent l’épaisse couche de sucre du Liquid Staking. Avec comme ambition affichée, la possibilité de donner une seconde vie aux ethers supposément « bloqués » afin de sécuriser son réseau. Mais pourquoi s’arrêter en si bonne position dans cette partie de Jenga numérique ? Car le protocole EigenLayer permet de re-restaker ses ETH pour accroître encore un peu plus les rendements. Et la récente ouverture de son plafond de mise a fait exploser les dépôts de 1 milliard de dollars en seulement quelques heures.
Que penser du re-restaking de cryptomonnaies ETH ?
Le staking de cryptomonnaies ETH est-il en train de perdre tout contact avec sa vocation première ? La question mérite d’être posée, alors qu’il est désormais possible de déposer des jetons de liquid staking en re(re)staking dans un tout nouveau type de protocole.
Car à l’origine cela devait simplement servir à sécuriser la blockchain Ethereum, tout en garantissant son bon fonctionnement. Mais à force d’empiler les rendements les uns sur les autres, l’objectif ressemble désormais beaucoup plus à une nouvelle opération aveugle de type degens destinée à accumuler les bénéfices.
Une stratégie de la surenchère numérique au centre de laquelle s’impose désormais le projet EigenLayer. Cela au point de lui permettre d’envisager de sécuriser ses propres applications décentralisées (dApps) à l’aide d’une force de frappe estimée en milliards de dollars.
Et le succès est définitivement au rendez-vous. En effet, le protocole EigenLayer affiche actuellement une valeur totale bloquée (TVL) estimée à 3,6 milliards de dollars. Cela suite à une récente et soudaine explosion de +70 % initiée en ce début de semaine. Mais quelle peut bien en être la raison ?
Le protocole EigenLayer n’a plus de limites
Pas besoin de chercher bien loin pour comprendre le récent engouement affiché par le protocole EigenLayer. Car l’envolée de sa TVL correspond très exactement à une publication sur le réseau X datée du 5 février. Le sujet : une annulation de son plafond de staking initialement fixé à 200 000 ETH.
« À partir de MAINTENANT et jusqu’au 9 février à 12 h HP, replongez dans l’univers de la reprise du LST [liquid staking token] ! Tous les pools sont entièrement déplafonnées, comprenant à la fois les pools existants et accueillant de nouveaux partenaires Frax Finance, Liquid Collective et Mantle. »
EigenLayer
Une opération pour le moment présentée comme temporaire, afin « d’inviter la demande organique » sur son réseau. Mais cette suppression des limites, jusque là imposées afin de limiter l’afflux de fonds, semble vouée à disparaître pour de bon dans un avenir proche.
Un moment présenté comme « critique » par EigenLayer. Car ce changement de cap chercherait « à équilibrer neutralité et décentralisation sur le long terme. » Une douce utopie lorsque l’on considère que les jetons stETH, issus du mastodonte du Liquid Staking – déjà trop centralisé – Lido Finance, représentent à eux seuls plus de 1,2 milliard de dollars de sa TVL totale.
Alors que les investisseurs avides de (sur)rendements se précipitent, les observateurs comme Vitalik Buterin s’inquiètent. Car cette superposition de staking commence à dangereusement ressembler à une stratégie de type effet de levier qui ne dit pas son nom. Et la technique des dominos en équilibre précaire n’est jamais la meilleure, notamment dans une crypto-économie ou la stabilité est rarement au rendez-vous.
