Le yield farming, optimiser ses rendements en cryptomonnaies

Chapitre V Article j

En finance décentralisée, le concept de yield farming repose sur une métaphore agricole. L'utilisateur DeFi est un paysan cherchant à maximiser le rendement de ses parcelles et de ses récoltes.

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Dans cet article, nous nous attaquons aux protocoles DeFi et aux stratégies financières complexes. Le yield farming est une activité risquée, réservée aux investisseurs aguerris ! C'est parti.

Qu’est-ce que le yield farming ? Définition et principes

Le yield farming est un ensemble de techniques et de stratégies pour optimiser ses profits. On peut traduire ce terme en français par « agriculture de rendement ». En effet, à l’image d’un fermier utilisant différentes méthodes pour augmenter la production de ses cultures, le yield farmer cherche des protocoles et des techniques pour maximiser ses gains.

Contrairement au simple staking, ou au liquity providing, où l’utilisateur dépose ses actifs dans des pools de liquidité, le yield farming est une méthode de gestion financière proactive. Ainsi, le yield farmer transfère régulièrement ses actifs d’un protocole à l’autre, compose ses intérêts, et peut utiliser du levier.

L’appellation yield farming regroupe donc un ensemble de techniques et d'activités financières. Dans cet article, nous allons passer en revue ses différents aspects.

Yield Farming

L'origine du yield farming

En 2020, les protocoles décentralisés de lending de cryptomonnaie connaissent un franc succès. Comme nous l’avons vu dans les articles précédents, il s’agit de prêter ses cryptomonnaies moyennant des intérêts. Les lenders déposent leurs actifs dans des pools de liquidité. Les emprunteurs peuvent ensuite y accéder, en verrouillant du collatéral et en payant des frais.

Peu avant le fameux DeFi Summer, le fonctionnement de ces protocoles reste simple. Les utilisateurs peuvent chercher à optimiser leurs rendements en choisissant ceux qui présentent les meilleurs taux d’intérêt (yields). Certains fournisseurs de liquidité vont donc changer régulièrement de plateforme de lending, en transférant manuellement leurs actifs là où les taux sont les plus généreux. Cela dépend généralement de la liquidité : moins un pool est liquide, et plus son rendement est élevé.

Dès juin 2020, les modèles économiques des plateformes DeFi vont évoluer. La première approche vers le yield farming nous vient de Compound.

Le rôle central joué par Compound

Compound Finance a joué un rôle central dans le développement des solutions de yield farming. Tout d'abord, ce protocole permet de composer les intérêts générés par le lending. Ces derniers sont régulièrement réinvestis. De plus, il s'agit du premier protocole DeFi à proposer un jeton de gouvernance pour récompenser ses utilisateurs, avec le lancement du token COMP en juin 2020. Le jeton COMP a été distribué aux utilisateurs du protocole (emprunteurs et prêteurs) en fonction de leur activité sur la plateforme.

C'était la première fois qu’un protocole récompensait ses utilisateurs avec un jeton leur permettant de voter sur les évolutions du protocole (paramètres, ajouts d’actifs, etc.). Ce modèle a rapidement été copié par d'autres, donnant naissance à un raz-de-marée d’initiatives similaires dans l’écosystème.

Compound - Précurseur du yield farming

Le liquidity mining (minage de liquidités)

Le terme « yield farming » est ainsi apparu mi-2020, avec le boom de la DeFi, souvent appelé « DeFi Summer ». Au départ, on parlait de liquidity mining : en plus des intérêts, les utilisateurs DeFi étaient récompensés par les jetons de gouvernance des protocoles, et une partie des frais de trading.

Le principe de base du yield farming est donc de « miner des liquidités ». Les utilisateurs fournissent de la liquidité à un protocole (en déposant des cryptos), et en échange, ils reçoivent :

  • Des intérêts (comme sur Compound ou Aave) ;
  • Des jetons de gouvernance supplémentaires (comme COMP) ;
  • Et une partie des frais de transaction.

Après Compound, d'autres projets ont suivi, et souvent avec des modèles plus agressifs :

  • Balancer distribue du BAL à ceux qui fournissent de la liquidité dans des pools ;
  • Curve introduit le CRV avec un système complexe d’incitations ;
  • YAM, SushiSwap, ou encore Yearn.Finance ont lancé des tokens en mode yield farming ultra-intensif.

Le yield farming a transformé l’espace DeFi en :

  • Accélérant sa croissance, en attirant énormément de liquidités ;
  • Créant une course à l’innovation (et parfois au plagiat) autour des tokenomics ;
  • Menant à l’émergence de nouveaux concepts : liquidity mining, vaults automatisés, tokens dérivés de rendement, etc.

L'un des cas emblématiques de jeton dédié au liquidity mining est YFI de Yearn.Finance. La plateforme est lancée en juillet 2020 par Andre Cronje. Pour son jeton de gouvernance (YFI), il n’y a aucune prévente, aucune levée de fonds, aucune équipe retenue. 100% des jetons sont distribués aux utilisateurs du protocole. Le lancement du YFI s’accompagne d’un slogan mythique : « we test in prod ». Son prix est alors monté jusqu’à plus de 40 000 $ en quelques semaines.

Le fonctionnement du yield farming

Le rôle des fournisseurs de liquidité

Les fournisseurs de liquidité (liquidity providers ou LP) sont donc, dès le DeFi Summer, récompensés en cryptos (celles qui composent le pool) et en jetons de gouvernance. Il y a de nombreux modèles économiques différents. Dans tous les cas, les fournisseurs de liquidité reçoivent toujours des jetons dits « Liquidity Provider tokens » après avoir déposé leurs actifs dans les pools. Ces jetons LP servent à garder la trace de leurs actifs, à quantifier leur apport en liquidité. Ils déterminent leurs futures récompenses.

Les fournisseurs de liquidité ont un rôle central dans la finance décentralisée. En effet, sans liquidité, pas d’échanges décentralisés ou d’emprunts possibles ! Ce sont des smart contracts qui gèrent les mécaniques économiques des échanges, des prêts, des emprunts et des récompenses associées. On les appelle des AMM - Automated Market Makers ou teneurs de marché automatisés. En finance décentralisée, les pools de liquidité remplacent les carnets d’ordres. Les prix sont établis selon diverses formules.

Par exemple, Uniswap repose initialement sur un modèle simple. Le prix relatif des jetons est fixé selon la formule du produit constant entre leurs réserves respectives. Les fournisseurs de liquidité sont rémunérés grâce au prélèvement de frais (tout d’abord 0,3 %, puis dynamiques et fixés par les opérateurs des pools depuis la V3). Ils reçoivent également le jeton de gouvernance UNI, qui leur permet de voter quant aux modifications du protocole.

La gouvernance des AMM Automated Market Makers

L'exemple de Curve Finance

Certains protocoles rémunèrent les fournisseurs de liquidité selon des modèles plus complexes. Par exemple, Curve est un AMM optimisé pour l’échange d’actifs similaires, principalement :

  • Des stablecoins : DAI, USDC, USDT, TUSD, etc. ;
  • Des jetons « enveloppés » (wrapped tokens), représentant des cryptos comme le BTC ou l’ETH : wBTC, renBTC, sBTC, etc.

Contrairement à Uniswap (modèle du produit constant), Curve utilise une formule mathématique spécifique qui minimise le slippage (glissement du prix) pour les swaps de tokens très proches en valeur - tels les stablecoins.

Le token CRV a été lancé en août 2020, et sa distribution repose sur :

  • Le liquidity mining : les utilisateurs qui déposent des fonds dans les pools gagnent des CRV ;
  • Un vesting (période de verrouillage) initial pour les fondateurs, investisseurs, DAO, etc. ;
  • Son émission contrôlée et dégressive : une inflation prévue sur plusieurs années.

Pour plus de détails sur le fonctionnement de Curve, voici notre article complet.

Le cœur du modèle Curve

Voici là où Curve devient vraiment intéressant : un autre jeton est accessible à ses utilisateurs, le veCRV pour vote-escrowed CRV. Pour obtenir du veCRV, il faut bloquer (lock) des CRV pendant une période pouvant aller jusqu’à 4 ans. Plus les CRV sont verrouillés longtemps, plus on obtient de veCRV.

Le veCRV confère à ses détenteurs :

  • Du pouvoir de vote sur la distribution future des CRV aux pools ;
  • Un boost de rendement sur les pools dans lesquels on apporte de la liquidité ;
  • Une part des frais de trading du protocole ;
  • Une part des bribes (on y vient).
Curve Finance - Yield Farming

Les Curve Wars (2021–2022)

Chaque semaine, les détenteurs de veCRV votent pour décider quels pools recevront le plus de CRV en récompense. Les projets DeFi ont donc un intérêt stratégique à influencer ce vote, pour maximiser les rewards sur leurs propres pools.

Leurs équipes se sont donc mis à acheter du CRV, le bloquer en veCRV, ou à soudoyer ceux qui en détenaient pour :

  • Diriger le flux d’émission vers leurs pools (plus de CRV = plus de TVL) ;
  • Rendre leurs jetons plus liquides et attractifs.

Par exemples, Convex Finance (CVX) permet aux utilisateurs de verrouiller leurs CRV indirectement pour obtenir du cvxCRV. Ainsi, Convex tente d'agréger les veCRV de tout le monde pour contrôler une part massive des votes Curve. Grâce à cette guerre d’influence, CVX est devenu le roi de Curve. Peu à peu, Frax, Redacted Cartel, Yearn, StakeDAO, tous se battent pour acheter ou influencer le vote du veCRV.

Les bribes ou pots-de-vin

Des plateformes comme Votium permettent aux protocoles de payer des détenteurs de veCRV/CVX pour voter pour leurs pools. Les détenteurs de veCRV ne votent donc plus selon leur intérêt personnel, mais pour maximiser leur revenu via des bribes.

Résumé du modèle :

  • Les utilisateurs déposent des stablecoins dans Curve ;
  • Ils reçoivent des CRV en retour ;
  • Ils peuvent lock ces CRV en veCRV ;
  • Les projets essaient d’acheter de l’influence sur les veCRV ;
  • Les détenteurs de veCRV reçoivent des boosts, des fees… et des bribes.

Curve a ainsi inventé un système incitatif ultra-performant pour fidéliser les utilisateurs à long terme. Ce modèle de gouvernance financièrement stratégique (veTokenomics) crée un métagame DeFi autour de la guerre pour la distribution de liquidité.

Les stratégies de Yield farming avancées

Les stratégies avancées consistent à emprunter des tokens, pour générer plus d’intérêts en les stakant et/ou en les prêtant. Nous entrons ici dans le niveau expert du yield farming, où on combine plusieurs protocoles pour maximiser le rendement en utilisant l’effet de levier, des boucles de prêt, ou des stratégies multicouches.

Nous allons vous présenter plusieurs stratégies avancées de yield farming, qui illustrent comment des investisseurs DeFi aguerris boostent leur APY (Annual Percentage Yield) de manière intelligente - et parfois très risquée.

Le looping

Le looping consiste à déposer un actif comme collatéral (par exemple le DAI), emprunter un autre stablecoin (par exemple l’USDC), puis à re-déposer l'USDC, ré-emprunter du DAI, et ainsi de suite.

Exécution :

  • Dépôt de 10 000 DAI sur Aave ;
  • Emprunt de 7 000 USDC ;
  • Dépôt de ces 7 000 USDC comme collatéral ;
  • Emprunt de 4 900 DAI ;
  • Puis on recommence la boucle…

L’objectif est ainsi de multiplier son exposition au farming de récompenses (AAVE, COMP, etc.). Chaque cycle donne plus de rewards en tokens natifs, tout en gardant une position stable.

Le risque est évidemment la liquidation, si le marché bouge violemment, ou si la collatéralisation chute.

Les stablecoins à haut rendement

Le principe est d’utiliser un pool de stablecoin (par exemple le 3pool de Curve, ou le FRAX/USDC), les déposer dans Curve, puis staker les jetons obtenus via Convex pour :

  • Toucher les frais de swap (Curve) ;
  • Gagner du CRV et du CVX ;
  • Récupérer des bribes via Votium.

Certains réinvestissent ces CRV en cvxCRV pour avoir du yield sur le long terme, voter et recevoir des bribes.

Le borrow to farm

Avec cette stratégie, on dépose un collatéral pour emprunter des jetons, puis générer du rendement supplémentaire grâce au staking. Exemple :

  • Dépôt de 30 ETH sur Aave ;
  • Emprunt de 15 000 DAI ;
  • Les 15 000 DAI sont ensuite déposés dans un vault Yearn, Curve, ou un pool chez Frax.

L’investisseur va alors gagner les frais et les récompense du protocole de dépôt (CRV, FXS, etc.), et potentiellement des bribes si le pool est « incentivé ». L’objectif est d’avoir un rendement pour le dépôt supérieur au coût du prêt (l’APY de la dette) et générer ainsi un spread positif.

Le delta-neutre avec des pools de liquidité

L’objectif est de fournir de la liquidité sans s’exposer aux variations de prix - et donc se prémunir de pertes impermanentes. Exemple :

  • Dépôt d’ETH dans Uniswap v3 contre de l’USDC (pool concentré) ;
  • Emprunt d’ETH sur Aave pour hedger la position LP ;
  • Il faut aussi fournir l’équivalent en USDC.

Le profit provient alors :

  • Des frais de trading dans le pool ;
  • Des récompenses (si incentives) ;
  • Le tout en restant neutre vis-à-vis du prix de l’ETH.

Cette stratégie demande une surveillance active, et une bonne gestion du range sur Uniswap v3.

Le LSDfi avec levier

Exemple avec stETH :

  • L’utilisateur détient du stETH (ETH staké via Lido) ;
  • Dépôt des stETH dans Gearbox, qui permet d’utiliser du levier jusqu’à x10 ;
  • Il ouvre une position avec effet de levier sur un pool Pendle (stETH maturity).

Les gains associés sont alors composés :

  • Des intérêts du staking d’ETH ;
  • Des yields sur Pendle ;
  • Des incentives (en PENDLE et GEAR) ;
  • Le tout avec levier !

Cette stratégie est très puissante, mais complexe à appréhender et gérer pour les moins expérimentés.

L'utilisation des real yields et des stable vaults

Les stablecoins à real yield ou yield-bearing stablecoins sont des stablecoins algorithmiques générant du rendement on-chain

Exemple :

  • Obtention de eUSD via Lybra, en mettant du stETH en collatéral ;
  • Dépôt des eUSD dans un pool de stablecoin à haut rendement (Curve et Convex) ;
  • Les tokens LP sont ensuite stakés pour recevoir des CRV, LBR, CVX, etc.

Cela permet d’obtenir :

  • Les récompenses de staking du collatéral (stETH) ;
  • Les récompenses de farming du vault ;
  • Ainsi que les bribes sur Curve.

Cette stratégie était très à la mode en 2024, avec les stablecoins sur-collatéralisés à real yield.

Toutes ces stratégies puissantes ont également des risques associés. Plus précisément, si le yield farming avancé permet de décupler les rendements, il décuple aussi les risques ! Tous sont décrits à la fin de cet article. Contentons-nous ici de dire que l’utilisation conjointe de plusieurs protocoles via des stratégies complexes augmente les vecteurs de défaillance.

Bug Faille

L’agrégation des intérêts pour automatiser le yield farming

Les agrégateurs de yield permettent d’automatiser le yield farming. Il existe des plateformes comme :

Nous allons maintenant zoomer sur les plateformes d’automatisation du yield farming, qui permettent d’aller chercher un rendement maximal sans gérer manuellement chaque étape. Ces protocoles sont devenus essentiels dans l’écosystème DeFi : ils combinent, empilent et automatisent des stratégies complexes pour l’utilisateur.

Yearn Finance (YFI)

Il s’agit d’un des premiers optimiseurs de yield DeFi (2020). Son fonctionnement est le suivant :

  • L’utilisateur dépose un token dans un vault (ex : DAI, USDC, stETH…) ;
  • Yearn le place dans les meilleurs protocoles du moment : Curve, Aave, Convex, etc. ;
  • Les stratégies sont automatisées : elles récoltent, composent, et réinvestissent les rendements et récompenses.

Yearn présente trois avantages :

  • Les investissements sont 100 % passifs, tout est géré par les smart contracts ;
  • Les intérêts sont composés automatiquement (compound interest) ;
  • Régulièrement, les vaults sont mis à jour selon l’écosystème.

Exemple :

  • L’utilisateur dépose de l’USDC ;
  • Yearn le met ensuite dans un pool Curve/Convex/Frax avec incentives ;
  • L’utilisateur gagne alors du du CRV/CVX, des fees et bribes, tout est auto-récolté et réinvesti.

Beefy Finance

Beefy est un optimiseur de yield multi-chaînes, avec effet de levier possible. Il fonctionne comme Yearn, mais sur de nombreuses chaînes (comme la BNB Chain, Arbitrum, Polygon, etc.). Il offre des vaults auto-compound pour les LP tokens, les stablecoins, et autres. Beefy présente donc un très large choix de jetons. De plus, Beefy intègre aussi les DEX incentivés (comme PancakeSwap ou Thena).

La récolte automatique des rendements - auto-harvest - intervient toutes les 10–20 minutes.

Harvest Finance

Ce protocole permet de faire de l’optimisation de rendements sur Ethereum, et ses Layers 2 (Polygon, Arbitrum, etc.). Il est moins actif aujourd’hui, mais fut pionnier. Son fonctionnement est proche de Yearn. Les vaults sont souvent centrés sur les LP tokens de Curve et Convex.

Instadapp et DeFi Saver

Ces protocoles sont dédiés à l’automatisation des positions de lending sur Aave, Compound ou Maker.

Instadapp présente une interface puissante pour gérer des positions collatéralisées. Elle permet de faire du looping en un seul clic, et offre des possibilité de levier et de rééquilibrage automatique.

DeFi Saver est très utilisé pour les stratégies MakerDAO ou Aave. Ce système d’automatisation comporte des triggers (déclencheurs) personnalisés. Si la dette approche du risque de liquidation, le protocole re-finance ou rééquilibre automatiquement la position.

Convex Finance

Convex permet d’automatiser des stratégies Curve. L’utilisateur stake ses jetons de liquidité (LP Curve) sur Convex. Le protocole maximise alors le boost CRV (grâce aux veCRV). L’utilisateur reçoit ensuite les CRV, CVX, fees et bribes, sans avoir à verrouiller lui-même du CRV. On peut aussi fournir du CRV à Convex pour obtenir du cvxCRV, un jeton avec liquidité et rendement.

Pendle Finance

Avec Pendle, on fait de la tokenisation des rendements futurs (yield tokenization). En voici le fonctionnement :

  • Lors du dépôt d’un token productif (comme le stETH), Pendle le fractionne en deux parties ;
  • Premièrement le PT (Principal Token) correspondant à sa valeur principale ;
  • Deuxièmement, le YT (Yield Token) correspondant à son rendement futur.

Il est ensuite possible de :

  • Vendre le YT et d'accéder à du yield upfront ;
  • Farmer les YT sur des marchés à échéance (type options) ;
  • Profiter de stratégies avec rendement fixe ou variable ;
  • Prendre position sur la hausse du yield (trading du taux d’intérêt).

Illustrons cela par un exemple :

  • L’utilisateur tokenise 10 stETH puis reçoit des PT et YT ;
  • Il vend le YT, mais garde le PT pour un rendement instantané ;
  • Ou il stake le YT et « farme » le yield jusqu’à l’échéance.

Les plateformes avec effet de levier intégré

Ce type de plateforme, par exemple Gearbox Protocol, permet d'emprunter avec du levier (jusqu’à x10), pour déposer dans Yearn, Curve, Convex, Pendle, etc. On peut ouvrir des "Credit Accounts" : des comptes de marge composables. C’est un outil très puissant, mais très risqué si le marché tourne mal.

Les avantages du yield farming

Vous l’aurez compris, le yield farming est complexe, mais très intéressant financièrement. Toutes ces stratégies permettent de générer des revenus bien supérieurs à ceux que l’on peut obtenir via l’utilisation de protocoles classiques en staking ou en lending.

Des rendements élevés

Afin de quantifier les rendements des protocoles DeFi, on utilise principalement deux métriques, l’APY et l’APR :

  • APR signifie Annual Percentage Rate (taux annuel en pourcentage) ;
  • APY signifie Annual Percentage Yield (rendement annuel en pourcentage)

Ce sont deux façons de mesurer décrivent le rendement d'un investissement sur une période donnée. Le yield farming est l'activité présentant les meilleurs retours sur investissement de l'écosystème DeFi.

Yield Farming : les meilleurs APY pour une TVL entre 50 et 100M$ en 2025
Les meilleurs rendements pour des pools ayant entre 50 et 100 M$ de TVL en avril 2025 - DefiLlama

De la flexibilité

Le yield farming offre une grande flexibilité aux utilisateurs DeFi. On peut maximiser ses gains en passant d’un protocole à un autre, et les agrégateurs de rendement permettent d’automatiser ses stratégies.

Les jetons de gouvernance

Les jetons de gouvernance sont la monnaie magique du yield farming. Ils sont une incitation pour les fournisseurs de liquidité, mais aussi pour les simples utilisateurs, qui peuvent participer à la gouvernance des protocoles.

Des revenus passifs

Le yield farming offre la possibilité de générer des revenus sur des cryptos qui, conservée dans un wallet, ne donneraient pas de retour sur investissement autre que l’éventuel pump de leurs cours. Avec l'automatisation, on peut profiter de rendements plus élevés de façon passive.

Les risques du yield farming

Le yield farming comporte de nombreux risques : pas de risque, pas de récompense !

La perte impermanente (impermanent loss)

Le concept de perte impermanente est central dans la finance décentralisée. Il s'agit de la perte de valeur potentielle que subit un fournisseur de liquidité, par rapport à s’il avait simplement conservé ses jetons, causée par une variation de prix entre les deux actifs dans un pool.

Quand on fournit de la liquidité dans un AMM (Automated Market Maker) comme Uniswap, Curve ou Balancer, on dépose deux actifs (ex : ETH et USDC) dans un ratio 50 / 50. L’algorithme du pool rééquilibre constamment les fonds en fonction des trades des utilisateurs.

Si le prix d’un des actifs augmente ou diminue fortement, le pool ajuste les quantités déposées par le LP. Il se retrouve alors avec une moindre quantité de l’actif dont le cours a monté, et une plus grande quantité de celui qui a baissé. Ainsi, s’il retire ses fonds après un mouvement de prix, il peut avoir moins de valeur totale que s’il avait simplement gardé les tokens en portefeuille.

On parle de perte impermanente car la perte n’est pas réalisée tant qu’on ne retire pas les fonds. Si les prix reviennent à leur niveau d’origine, la perte disparaît.

Prenons un exemple simple :

  • L’utilisateur dépose 1 ETH (1 000 $) et 1 000 USDC dans un pool ETH/USDC ;
  • Si l’ETH monte à 2 000 $, le pool va vendre de l’ETH pour équilibrer. Le fournisseur de liquidité va donc se retrouver avec moins d’ETH et plus d’USDC ;
  • Lorsqu’il retire ses fonds, il aura moins que s’il avait gardé son ETH (qui vaut désormais 2000 $) et ses 1 000 USDC.

C’est cette différence qui constitue la perte impermanente. Les pertes impermanentes peuvent être compensées par :

  • Les frais de trading générés dans le pool ;
  • Des incentives et récompenses de farming ;
  • Des stratégies delta-neutres ou de hedging avancé.

Il existe des calculateurs de pertes impermanentes en ligne :

Les bugs et les hacks

Le yield farming repose sur des smart contracts parmi les plus complexes de la DeFi. S’ils sont mal audités, ils peuvent comporter des failles critiques. Les piratages sont fréquents.

La volatilité du cours des jetons

Le cours des jetons de gouvernance des protocoles DeFi peut fluctuer énormément. Voici par exemple le graphique du cours du YFI de Yearn.Finance sur les dernières années, en mensuel :

Cours du YFI de Yearn.Finance
Cours du YFI de Yearn.Finance

Le manque de liquidité

Les pools offrant les meilleurs rendements sont souvent peu liquides. Or, en cas de faible liquidité, le slippage augmente. Le slippage ou glissement du prix correspond à la variation du cours d’un actif lors d’un achat ou d’une vente. Il matérialise la différence entre le prix d'achat ou de vente espéré et le prix d'exécution ou prix effectif.

Ainsi, un fournisseur de liquidité ayant gagné des jetons peut perdre de l’argent en dollars lors de leur revente si le slippage est trop important.

Compendium des principales plateformes pour le yield farming

Afin de résumer tous ces concepts, voici les protocoles et plateformes utiles au yield farming dominant le marché. Elles sont regroupées en catégories.

Apport de liquidité sur les DEX

Il s’agit du cas classique des AMM comme Uniswap ou Curve. L’utilisateur fournit de la liquidité dans un pool, collecte et réinvestit ses récompenses (frais et jetons de gouvernance). Liste des principaux DEX du marché :

Pour consulter la liste exhaustive des DEX et de leurs métriques (TVL, volume, etc.), rendez-vous sur DefiLlama.

Lending/borrowing et looping

Le yield farmer apporte des fonds et prête de la liquidité, mais va aussi en emprunter. Grâce à Aave ou Compound par exemple, il peut ensuite redéposer les fonds empruntés, les staker, et créer des boucles. Protocoles de lending leaders du marché :

DefiLlama permet de classer tous les protocoles de lending en fonction de leur TVL ou volume.

Staking et optimisation du yield farming

L’utilisateur profite du staking des jetons de gouvernance en plus des intérêts. Il peut utiliser pour cela des plateformes comme Yearn Finance, Balancer ou SushiSwap. Cette catégorie regroupe également les agrégateurs de yield, plateformes d'automatisation et d'optimisation :

Il existe une multitude de plateformes et d'outils dédiés au yield farming - voir le classement DefiLlama.

Farming en stablecoins

Il offre l’avantage d’une volatilité moindre, et de l’absence d’impermanent loss. En revanche, le yield farming de stablecoins présente moins de rendement. Le protocole dédié le plus populaire est Curve Finance. Il est à noter que la plupart des plateformes centralisées (CEX) proposent des offres de farming.

Les enjeux et tendances du yield farming

Le yield farming est probablement l’activité la plus complexe à mener en finance décentralisée. C’est un univers en perpétuel mouvement. Les protocoles, les taux d’intérêts et les stratégies à la mode changent régulièrement. Les stratégies typiques (à l’ancienne) reposent sur les intérêts composés, le staking de LP tokens et de jetons de gouvernance. Désormais, les stratégies les plus complexes incluent :

  • L’utilisation de produits dérivés sur les différents jetons ;
  • La tokenisation des positions.

La scalabilité

Cet enjeu est commun à la DeFi dans sa globalité. Le yield farmer cherche à éviter les frais trop élevés. Ainsi, il minimise ses transactions sur Ethereum, pour privilégier les couches secondaires. Il y a donc  nécessité d’avoir des L2 liquides, ce qui n’est pas toujours le cas. Avec la multiplication de ces réseaux, les liquidités sont fragmentées. Les Layers 1 les plus scalables comme Avalanche et Solana connaissent donc un franc succès.

Pour tout savoir sur les couches secondaires du moment, consultez L2Beat. N'hésitez pas à lire notre article dédié.

La sécurité

L’histoire des protocoles DeFi étant riche en hacks de grande ampleur, les équipes de développement tendent à se focaliser sur la sécurité de leurs smart contracts. Les entreprises d’audit ont donc le vent en poupe. Il en va de la crédibilité des acteurs de l’écosystème.

Du côté utilisateur, les cryptos et la DeFi requièrent une hygiène numérique irréprochable. Si les plus aventuriers n’hésitent pas à tester des protocoles nouveaux, peu liquides et à fort rendements, le yield farmer précautionneux ne fera confiance qu’aux plateformes bien établies, auditées et éprouvées.

La régulation

La régulation des protocoles DeFi fait l’objet d’un chapitre entier de cette rubrique encyclopédique. Dans le cas du yield farming, nous sommes en pleine zone grise juridique. En l’état du cadre réglementaire actuel, il est très difficile de se prononcer sur la légalité et la fiscalité applicable aux différents protocoles, stratégies et revenus issus de cette activité.

La gouvernance décentralisée

En guise de conclusion, évoquons la gouvernance des protocoles de finance décentralisée. Elle repose sur l’utilisation des jetons dédiés, et chaque plateforme définit ses propres mécanismes. Les enjeux sont philosophiques, mais aussi et surtout financiers. En effet, c’est par la gouvernance décentralisée que l’on fixe les paramètres économiques des protocoles DeFi. Les détenteurs de jetons, par leur vote, en déterminent les variables-clés. Les gros fournisseurs de liquidité ont ainsi un poids décisionnel très important.

La transition est toute faite vers notre prochain article justement consacré à la gouvernance décentralisée. Accrochez-vous ! La DeFi est un monde complexe au premier abord mais qui regorge de nombreuses opportunités.

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