
Budget en France : Bayrou entre espoir et « compromis »
Compte à rebours. La France se trouve au cœur d’un bras de fer politique qui met en péril son budget et sa stabilité financière. Le Premier ministre François Bayrou a mis son poste en jeu en convoquant un vote de confiance sur ses plans fiscaux. Si l’opposition parvient à renverser son gouvernement minoritaire, le ministre des Finances, Éric Lombard, estime qu’un compromis sur les plans de réduction du déficit deviendra « inévitable ». L’enjeu est de taille : d’un côté, la nécessité de restaurer les comptes publics, de l’autre, la fragilité politique du pays dans un Parlement fracturé.
- La France a été plongée dans une crise politique menaçant son budget et sa stabilité financière, suite à la décision du Premier ministre François Bayrou de convoquer un vote de confiance sur ses plans fiscaux.
- L’inquiétude des marchés financiers a été exacerbée par la situation politique incertaine, avec des rendements obligataires atteignant des niveaux inquiétants, rappelant le spectre d’une « crise de la dette à la grecque ».

L’affrontement des visions budgétaires et le scénario du compromis
Le gouvernement de François Bayrou a mis sur la table un plan « ambitieux » visant à réduire le déficit de 44 milliards d’euros par le biais de hausses d’impôts et de coupes dans les dépenses. Ce plan est jugé « indispensable » par l’exécutif pour ramener le déficit à 4,6 % du PIB en 2026 et atteindre la cible européenne des 3 % d’ici 2029.
Face à cela, le Parti socialiste, dont les voix sont cruciales pour la survie du gouvernement, a refusé de soutenir la motion de confiance. Le parti de gauche modérée propose une alternative plus modeste de 22 milliards d’euros, financée en grande partie par un impôt annuel de 2 % sur le patrimoine des particuliers excédant 100 millions d’euros (la fameuse taxe Zucman).
Dans un contexte de forte instabilité politique depuis les élections législatives anticipées, la France a connu une succession de quatre Premiers ministres en deux ans. La position du Parti socialiste est désormais le facteur déterminant et Éric Lombard, conscient de cette réalité dans les colonnes du Financial Times, a qualifié la proposition socialiste « d’allant beaucoup trop loin », mais il a admis que, si le gouvernement tombait, il serait bien « obligé de négocier avec eux », car la composition du Parlement ne changerait pas. Sa capacité à agir comme médiateur, grâce à ses bonnes relations avec les dirigeants socialistes, pourrait être déterminante pour éviter une impasse totale.

L’inquiétude des marchés face à un gouvernement menacé
Cette incertitude politique n’a pas manqué de provoquer l’alarme des marchés financiers. Les investisseurs en actions et en obligations ont exprimé leur inquiétude face au pari risqué de M. Bayrou. En conséquence, les rendements des obligations d’État françaises à 10 ans ont brièvement grimpé au-dessus de 3,6 %, se rapprochant de leurs plus hauts niveaux depuis 2011 et convergeant dangereusement vers ceux de l’Italie.
Le Premier ministre Bayrou a prévenu que la France courait le risque d’une « crise de la dette à la grecque » si rien n’était fait. Éric Lombard, de son côté, a cependant nuancé cette crainte, affirmant avec confiance que la France « s’occuperait des déficits » et ne constituerait pas une menace pour « la stabilité de la zone euro ». Le ministre a d’ailleurs confirmé que les prévisions de croissance du PIB de 0,6 % et de réduction du déficit de 5,8 % en 2024 à 5,4 % en 2025 étaient en bonne voie.

La France face à un vote de confiance joué d’avance
Il a également reconnu que la France n’était pas à l’abri des « signaux du marché », tout en s’engageant à ne pas introduire de nouvelles taxes sur les entreprises. Toutefois, il a concédé que l’imposition des grandes fortunes était un sujet « sur la table », bien qu’il ait mis en garde contre « les risques de fuite des capitaux ». Le bon vieux en même temps, si cher à la Macronie.
Le destin du budget français est désormais suspendu à un vote de confiance le 8 septembre prochain qui s’annonce plus que serré, et bien qu’Éric Lombard espère le maintien du gouvernement, il se montre pragmatique face à la nécessité de compromis avec le Parti socialiste. La divergence sur le rythme et l’ampleur des réductions de déficit laisse néanmoins une « marge de discussion », selon le ministre.
Cette situation met en évidence la fragilité politique de la France et la tension constante entre la nécessité de la discipline budgétaire, la protection de la croissance, le maintien du modèle social tricolore et les réalités d’un Parlement divisé. La capacité du gouvernement, quel qu’il soit, à trouver un consensus sera cruciale pour rassurer les marchés et éviter une crise de confiance, le tout avant la révision de la note de crédit de la France par Fitch le 12 septembre. On n’est pas loin d’une Mission Impossible pour le gouvernement de M. Bayrou.
