Visa & Facebook sont dans un bateau…. centralisé ou décentralisé ?
Même en ayant quitté le projet d’association Libra il y a quelques semaines, effrayé par les incertitudes en matière de régulation (et très réceptif aux menaces concrètes du fisc américain), VISA semble souhaiter malgré tout laisser la porte entrouverte à de futures coopérations.
Ainsi, même si la Fondation initiée par Facebook pour porter le projet de stablecoin Libra a perdu en quelques semaines, 7 de ses 28 membres originels, tous les espoirs restent permis…. A la condition que le géant des réseaux sociaux et ses (ex-)partenaires s’accordent sur une définition commune du bazar. Et ça, cela ne semble pas gagné.
Je te fuis, tu me suis…
En dépit de leur rupture récente, Libra et VISA conservent de bonnes relations. C’est en tout cas ce qu’il ressort des déclarations de Alfred F. Kelly, PDG du géant des cartes de paiements, dans le cadre d’une interview pour le media Economic Value. A cette occasion, il indique demeurer attentif aux développements actuels du projet de stablecoin hégémonique de la Fondation Libra.
« En tant qu’entreprise curieuse et ouverte – et étant donné le leadership que nous avons dans l’écosystème des paiements – nous voulons nous engager dans tout ce qui concerne l’espace de paiement jusqu’à ce que nous en arrivions à un point où nous pensons que notre engagement n’est plus positif. » Alfred F. Kelly, sur le projet Libra
L’intéressé semble ainsi soucieux de ne pas insulter l’avenir, conservant cependant une posture prudente, attendant que la poussière de la bataille de la régulation ne retombe, afin de savoir qui est demeuré debout.
La centralisation décentralisée
Le grand patron de VISA a dans ce contexte usé d’un argument selon lui essentiel : contrairement à ce qui se dit, la Libra ne serait pas centralisée car « tout les membres de l’association ont le même pouvoir décisionnel ».
Un argument pour le moins solide ! Quel dommage que quelques heures plus tôt, le PDG Facebook Mark Zuckerberg lui-même, ait convenu devant le congrès US que les régulateurs n’avaient pas à se faire de soucis…. précisément en raison de la nature centralisée du projet (« En tant que grande entreprise, nous n’allons pas faire quelque chose qui serait décentralisé ou non réglementé »).
Centralisé ? Pas centralisé ? Le suspense est à son comble tant les acteurs de l’ambitieux projet eux-mêmes semblent ne pas savoir sur quel pied danser…Alors même que Facebook semble maintenant prêt à toutes les concessions – y compris à carrément quitter le projet –, le monde s’interroge : l’éléphant californien finira t-il par n’accoucher que d’une crypto-souris ?