L’Organisation Mondiale du Commerce nous parle de blockchains, de Ripple, d’IoTA…
Chaque année, l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) publie son Rapport du Commerce Mondial, qui vise à identifier les tendances des échanges contemporains, les politiques qui les concernent et leurs éventuels avenirs. Cette année, le rapport se concentre sur la façon qu’auront les technologies numériques de transformer le commerce mondial. Forcément, diverses mentions y sont faites, aux blockchains évidemment, mais aussi à Circle, R3, ou encore IoTA et Ripple.
OMC & blockchain
Au cours de ce rapport ( que vous trouverez ici, si vous avez le temps d’en parcourir les 236 pages…) le terme « blockchain » est mentionné plus d’une centaine de fois. Il semblerait que l’OMC soit très au fait des évolutions de la technologie blockchain, puisque le rapport relève assez justement les points forts et faibles de cette dernière.
« Bien que les blockchains présentent des caractéristiques intéressantes en terme de sécurité, d’immuabilité, de traçabilité, de transparence et d’automatisation, son déploiement à grande échelle repose pour l’instant sur divers challenges. La scalabilité reste limitée, les réseaux et plateformes blockchain ne se « parlent » pas les unes aux autres, et il existe un certain nombre de problèmes légaux non résolus, des problèmes allant du statut légal d’une transaction blockchain à la question de la responsabilité. » Extrait du rapport (page 7)
Les problèmes soulevés sont effectivement des soucis récurrents dans l’espace crypto. L’interopérabilité des blockchains fait fumer les cerveaux de nombreux développeurs depuis un certain temps, et les soucis quant à leur statut légal font danser les régulateurs d’un pied sur l’autre. Le problème de la responsabilité est bien représenté par l’apparition des premiers marchés prédictifs dédiés aux assassinats sur Augur – en effet, qui est responsable si les choses tournent mal, puisque le réseau est décentralisé ? Quant à la scalabilité… Nous n’allons pas vous faire un cours, tout le monde n’a que ce mot à la bouche.
L’OMC relève également les soucis de sécurité apportés par ce nouveau système. Il est précisé qu’attaquer une blockchain reste « économiquement inutile » (ressources déployées > gains potentiels), mais que le risque réside moins sur ce terrain que du côté d’utilisateurs imprudents.
« Qui plus est, bien que la technologie blockchain soit très résistante, des vulnérabilités peuvent exister au niveau des smart contracts et de l’interface utilisateur (les téléphones portables, tablettes ou ordinateurs utilisés pour accéder à Internet). C’est sur ce point que se déroulent la plupart des failles de sécurité dans l’écosystème blockchain, comme le montre l’attaque de TheDAO en 2016, au cours de laquelle des millions de dollars en actifs ont été siphonnés. » Extrait du rapport (page 33)
OMC, cryptomonnaies et startups
Le rapport explore donc les possibilités que pourraient offrir la blockchain, ainsi que celles qu’elle offre déjà. Par exemple, l’entreprise Circle est mentionnée pour son système de paiement international sans frais (de transaction ni de change). Pour les mêmes raisons, le consortium R3 est mentionné, et qualifié comme étant « le plus connu des consortiums de ce type ».
L’OMC développe donc son point de vue, expliquant que ce genre de pratiques pourrait permettre une circulation plus libre des capitaux, qui pourrait beaucoup bénéficier aux pays en développement ainsi qu’aux non-bancarisés de la planète. Mais rien n’est jamais tout blanc ou tout noir, et l’OMC en a bien conscience.
« De nombreuses startups, dont beaucoup sont basées dans des pays en développement, proposent également des paiements internationaux basés sur les cryptomonnaies. La réduction du coût des paiements transfrontaliers dépendra de la cryptomonnaie utilisée, puisque les frais moyens d’une transaction varient de 0 $ à 7 $, sans mentionner que les cours de la plupart des cryptomonnaies sont extrêmement volatils. Qui plus est, un désavantage des paiements transfrontaliers en crypto est le besoin d’une connexion Internet, alors que les paiements mobiles n’ont besoin que d’un téléphone portable ; c’est une considération importante pour les pays en développement. » Extrait du rapport (page 74)
Ici, faisons une petite halte pour préciser que les paiements crypto via téléphone sont tout de même en bonne voie, comme le montrent les travaux récents d’Intuit ou de Cointext.
On peut également relever, en pagaille, les diverses mentions faites aux cryptomonnaies, notamment à Ripple et IoTA.
« Une autre société américaine, Ripple, a l’ambition de contourner le modèle de banque correspondante par le biais de sa plate-forme de registres distribués. Elle permet aux banques de convertir des fonds directement dans différentes devises en quelques secondes, et à peu ou pas de frais, sans avoir recours aux banques correspondantes. L’entreprise possède des licences auprès de plus de 100 banques et institutions financières, mais il semble que seul un nombre limité d’opérations d’envergure ait été réalisé à ce jour. Les banques testent encore le système. » Extrait du rapport (page 74)
IoTA est donc mentionné, mais surtout pour son innovation qu’est le « Tangle ».
« Les blockchains sont le type de DLT le plus connu, mais un nombre croissant d’autres modèles – qui comme les blockchains, sont décentralisés, et utilisent diverses techniques de cryptographie, mais qui sont en train de s’éloigner du concept de « blocs », voire des deux concepts « blocs » et « chaînes ». IoTA en est un exemple, une cryptocurrency conçue pour la communication de machine à machine, dans laquelle chaque transaction est liée à deux transactions précédentes dans le cadre de la validation pour former un « enchevêtrement » plutôt qu’une chaîne. » Extrait du rapport (page 36)
L’OMC paraît donc plutôt bien informée sur l’espace crypto. La technologie blockchain, malgré ses challenges présents et à venir, semble définitivement là pour rester, nous espérons quand même que les problématiques de souveraineté monétaire pourront bientôt prendre le pas sur celles qui concernent la logistique !
Sources : Blockmanity ; WTO || Images from Shutterstock