Sans compromis – L’utilisation potentielle des cryptomonnaies par la Russie pour contourner les sanctions imposées par les États-Unis et leurs alliés a fait couler beaucoup d’encre chez les médias. Cette possibilité suscitait, d’une part, des inquiétudes chez les dirigeants de l’Ukraine qui appelaient au blocage des utilisateurs russes sur les plateformes cryptos. Elle offre, d’autre part, aux régulateurs et aux législateurs, qui ne portent pas les cryptomonnaies dans leur cœur, une opportunité en or pour appeler à la mise en place d’un cadre réglementaire strict dans l’espoir de tenir Bitcoin (BTC) et ses cadets en laisse. Finalement, c’est la Banque centrale russe qui a décidé de rassurer tous ces acteurs. Non ! Les cryptomonnaies ne serviront pas d’échappatoire aux sanctions imposées à la Russie – c’est du moins ce que l’on pourrait déduire du discours officiel de l’institution.
Non à bitcoin en Russie ! La guerre en Ukraine n’y changera rien
Selon un article du 3 mars 2022 du média local russe Tass.ru, la Banque centrale russe appelle toujours à l’interdiction de l’émission, de l’extraction, et de la circulation des cryptomonnaies au sein de la Fédération de Russie :
« La Banque centrale soutient actuellement la position qui a été précédemment annoncée et publiée sur le site officiel. Par conséquent, il n’y a rien à ajouter aujourd’hui. »
Un responsable de la Banque de Russie
La guerre en Ukraine et les sanctions imposées par les États-Unis et leurs alliés à la Russie, des restrictions qui incluent un retrait de SWIFT des banques du pays et le gel des avoirs à l’étranger des oligarques russes, ne suffisent donc pas à changer la position officielle de la Banque centrale.
Comment expliquer cette rigidité de l’institution, malgré le contexte actuel ? Les pays qui entrent en guerre financent généralement leurs efforts en recourant à la planche à billets. Cette mesure est à l’origine d’une forte inflation qui pourrait pousser une part importante de la population à se tourner vers un actif de couverture, comme les cryptomonnaies, pour protéger la valeur de leurs avoirs.
La forte pression à la vente de la monnaie fiduciaire au profit d’une autre devise, dont les cryptomonnaies, peut ainsi augmenter les taux de change au détriment de la monnaie locale. Une situation qui impacterait négativement le financement des efforts de guerre.
Cette dynamique financière pousse ainsi les pays comme la Russie et l’Ukraine à opérer un contrôle strict des changes en temps de guerre.
Les conséquences négatives sur le rouble suite à une adoption massive des cryptomonnaies pour contourner les sanctions l’emporteraient donc sur les avantages d’une telle mesure.
Ces explications précédentes n’ont bien évidemment qu’une portée théorique. La Banque centrale russe peut tout simplement camper sur sa position pour des questions idéologiques. À la guerre comme à la guerre, certes, mais pas question que Bitcoin et les cryptomonnaies en général remportent une bataille décisive, en gagnant une place confortable dans le système monétaire et financier du pays. En pratique, la Banque centrale russe va-t-elle finalement invalider les théories haussières sur Bitcoin et les cryptomonnaies, qui se basent actuellement sur le conflit armé en Ukraine ?
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