La Banque centrale européenne veut son crypto-euro
Que ce soit en Chine, aux États-Unis ou en Europe, la course à la monnaie numérique de banque centrale (CBDC) est bel et bien lancée ! Benoît Cœuré, membre du Directoire de la Banque centrale européenne (BCE), pousse d’ailleurs autant que possible le développement d’un euro numérique.
La BCE et l’euro doivent se mettre au numérique
Ce 26 novembre, lors d’une conférence commune entre la BCE et la Banque nationale de Belgique, Benoît Cœuré s’est exprimé sur l’impérieuse nécessité de favoriser la création d’une CBDC européenne. Un paradoxe pour quelqu’un qui avait exprimé son profond rejet de Bitcoin, qui serait « le rejeton maléfique de la crise financière » selon lui.
Lors de son discours, Benoît Cœuré a d’abord expliqué ce qui serait pour lui le principal bénéfice que pourrait apporter un « crypto-euro » :
« La BCE continue également de surveiller la manière dont les nouvelles technologies modifient les comportements de paiement dans la zone euro. (…) Une monnaie numérique de banque centrale (CBDC) pourrait permettre aux citoyens de continuer à utiliser la monnaie de banque centrale, même si l’argent liquide venait finalement à ne plus être utilisé ».
En lisant entre les lignes, dans une ère du tout numérique, il s’agit donc bien de faire survivre le système bancaire vieillissant face aux nouvelles technologies de paiements apportés par Bitcoin et les blockchains.
Méfiance absolue envers les stablecoins privés et étrangers
La Libra de Facebook et autres stablecoins de sociétés privées ne sont pas prêts de voir le jour, si l’on en croit la suite du discours de Benoît Cœuré :
« (…) les stablecoins d’échelle mondiale [comme Libra] augmentent les risques potentiels dans un large éventail de domaines politiques, tels que la sécurité juridique, la protection des investisseurs, la stabilité financière et le respect des exigences en matière de lutte contre le blanchiment d’argent. Les autorités publiques ont clairement indiqué que la barre sera placée très haut pour que ces initiatives de stablecoins soient autorisées à opérer ».
De même, il n’est pas question pour l’économiste français de se reposer sur des solutions de CBDC étrangères, afin de préserver la souveraineté monétaire des banquiers centraux européens :
« La dépendance à l’égard d’acteurs mondiaux non européens fait courir le risque que le marché européen des paiements ne soit pas en mesure de soutenir notre marché unique et notre monnaie unique, ce qui le rendrait plus vulnérable aux perturbations externes, telles que les cybermenaces (…) ».
Vous l’aurez compris, pour Benoît Cœuré, il n’y aurait point de salut en dehors d’un crypto-euro. Un discours qui rejoint celui de la Banque de France qui, pas plus tard qu’hier, encourageait également à l’adoption des technologies blockchains, ainsi qu’à la tokénisation des actifs financiers.