Un Bitcoin inoffensif et sous la coupe des gouvernements ? Le projet de ces mineurs inquiète
L’entreprise d’analyse blockchain Blockseer vient de lancer un nouveau mining pool pour Bitcoin, basé aux États-Unis. La nouvelle fait grand bruit, car ces mineurs censureront les transactions non-conformes aux exigences des régulateurs.
Censure des transactions Bitcoin par les mineurs
Blockseer est une filiale américaine de la société DMG Blockchain Solutions, basée à Vancouver. Elle est spécialisée dans l’analyse de la blockchain de Bitcoin, et propose notamment le service Walletscore. Il permet de jauger la conformité réglementaire d’une adresse Bitcoin.
Le Blockseer Mining Pool est donc un pool de minage d’un nouveau genre. Les transactions provenant d’adresses jugées à risques seront censurées. Pour ce faire, Blockseer utilisera Walletscore, mais également des listes noires fournies par les régulateurs américains. Par exemple, toute transaction liée à la black list de l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) sera rejetée des blocs minés.
« Tous les utilisateurs du pool de Blockseer sont tenus de passer les protocoles KYC (Know Your Customer). Les blocs publiés sur la blockchain Bitcoin par le pool de Blockseer ne contiendront que des transactions filtrées, utilisant les données d’étiquetage de Blockseer et Walletscore, ainsi que des sources vérifiées, telles que la liste noire de l’OFAC des États-Unis. »
Quelles solutions pour échapper au contrôle ?
C’est donc une grande première dans l’industrie du minage. Riccardo Spagni, ancien lead developer de Monero, s’inquiète de voir ce genre de pratiques se généraliser.
This slippery slope will lead to a soft for where pools following this approach will reject to build on blocks that don't use their filters. Let them have their US coin.
— Join Nostr (@LeoWandersleb) November 11, 2020
« Ce n’est qu’une question de temps avant que la plupart des pools de minage Bitcoin soient obligés d’effectuer ce filtrage des transactions. Il serait peut-être temps de dépoussiérer P2Pool et de se concentrer sur la prise en charge de Stratum v2. Il convient également de noter que l’ajout de plus de confidentialité à Bitcoin empêcherait cela. »
Riccardo Spagni cite le mining pool décentralisé P2Pool, créé en 2011. Quant à Stratum V2, il s’agit d’un protocole de dernière génération permettant aux mineurs connectés à un pool de sélectionner eux-mêmes le contenu de leurs blocs. Utiliser ce type de solutions rendrait la censure des transactions impossibles par un pool de minage. Le développeur, fervent défenseur des transactions anonymes, invite à intégrer au plus vite des solutions de confidentialité pour Bitcoin au niveau du protocole.
Leo Wandersleb, fondateur de Wallet Scrutiny (un site permettant de vérifier le degré de sécurité d’un wallet Bitcoin), envisage une scission à venir chez les mineurs :
« Cette pente glissante conduira à un soft fork, où les pools suivant cette approche refuseront de miner sur des blocs qui n’utilisent pas leurs filtres. Laissez-les avoir leur US coin. »
De nombreux utilisateurs s’inquiètent face à la menace d’un futur contrôle gouvernemental sur les mineurs de bitcoins. Il semblerait que Blockseer pave la voie pour de telles pratiques.
Le pool de Blockseer est pour l’instant en phase de bêta-test privé. La version publique devrait voir rapidement le jour, et l’entreprise incite tous les mineurs intéressés par le projet à initier les procédures KYC requises.