Ordinals : L’avenir des NFT s’écrira-t-il… sur Bitcoin ?

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NFT et Bitcoin, deux sujets que tout semble opposer. Le premier est unique et indivisible, l’autre se veut être l’incarnation de l’échange monétaire numérique du futur. Suite à de nombreux débats autour de la question de la fongibilité de Bitcoin, un compromis a été trouvé en 2014 au sein de la communauté. Mais récemment, ce statu quo a été remis en question par une initiative qui vise à créer des NFT entièrement hébergés… sur Bitcoin.

Bitcoin : monnaie ou base de données ?

Depuis que Bitcoin est Bitcoin, sa communauté est confrontée à une question existentielle : est-ce que la reine des cryptomonnaies est destinée à être utilisée pour des transactions financières ou au contraire, agir comme une base de données sécurisée, destinée à supporter différentes applications ?

La réponse à cette question est cruciale car elle va déterminer où va se situer Bitcoin dans le trilemme de la blockchain : 

  • Si le protocole est prévu pour les transactions financières, l’ensemble de l’historique des transactions ne nécessitera qu’un disque dur externe. Cela permet à n’importe qui de télécharger la blockchain pour y vérifier les informations.
  • A l’inverse, si le protocole est prévu pour être une base de données, les blocs contiendront beaucoup plus de données et il sera plus difficile pour le grand public de vérifier les transactions lui-même.

Cette problématique, qui revient très directement à la taille des blocs a été le sujet de nombreuses controverses, à tel point que cela a engendré une « guerre des blocs » au sein de la communauté des années plus tard. Mais revenons en 2010, époque où Satoshi vivait encore sur le forum bitcointalk.org et a eu le temps de s’exprimer sur cette question. 

BitDNS : un service DNS finalement sur Namecoin

Un an après sa publication, l’idée d’utiliser Bitcoin pour sa robustesse et sécurité pour autre chose que des transactions financières a commencé à apparaître. L’une des premières idées proposées sur bitcointalk fut BitDNS, un service DNS hébergé sur le protocole Bitcoin. 

Bien que l’idée soit solide, le problème restait le même : cela risquait d’augmenter radicalement la taille de la blockchain et s’écartait du but initial de Bitcoin. Finalement, Satoshi Nakamoto s’exprima sur le sujet: 

« Empiler tous les systèmes de quorum de preuve de travail du monde dans un seul ensemble de données ne passe pas à l’échelle. Bitcoin et BitDNS peuvent être utilisés séparément. Les utilisateurs ne devraient pas avoir à télécharger l’ensemble des deux pour utiliser l’un ou l’autre. »

Satoshi (déc. 2010)

Toujours en mettant au centre des priorités l’utilisateur final, Satoshi estime que non, Bitcoin n’est pas fait pour supporter BitDNS mais qu’un autre protocole pourrait très bien le faire. ET c’est ce qui arriva, BitDNS allait finalement être supporté par la blockchain Namecoin, davantage calibrée pour échanger des données.

Mais une autre blockchain, ce n’est pas Bitcoin. Les discussions ont continué jusqu’à trouver un compromis en 2014 lorsque les équipes derrière Bitcoin Core ont adopté la fonction OP_RETURN. Cette fonction permettait d’inclure des messages dans les transactions, d’abord dans une limite de 40 octets puis 80 en 2016.

La fonction OP_RETURN et Taproot

Grâce à la fonction OP_RETURN, les transactions peuvent donc contenir du texte comme par exemple, des haïkus, un lien vers une image ou un hash IPFS. Utilisé par Counterparty pour les RarePepe, Veriblock (un altcoin) ou Omni pour la première version de l’USDT, cette fonction a été de moins en moins prisée au profit d’autres protocoles supportant mieux l’échange de données.

Ces trois projets ont totalisé environ 32 millions de transaction OP_RETURN, ajoutant au passage 10 Go à la blockchain Bitcoin (qui pèse en janvier 2023 450Go environ). Heureusement, ces transactions sont dites « prunables », c’est-à-dire que les nœuds sont obligés de les télécharger mais elles n’ont ensuite plus besoin d’être conservées en mémoire.

En 2021, un nouveau soft fork de Bitcoin allait avoir lieu : Taproot. Son but était d’accroître la confidentialité, la flexibilité et surtout la scalabilité des smart contracts grâce à trois Bitcoin Improvement Proposals (BIP) : 

Mais est-ce que sans le vouloir, la proposition Tapscript n’allait pas permettre de contourner la limite de taille imposée par OP_RETURN ? En 2023, un nouveau protocole NFT sur Bitcoin va répondre à cette question : Ordinals.

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Ordinals, un nouveau protocole NFT sur Bitcoin

Avant d’entrer plus en détail sur le tour de force que tente Ordinals, revenons sur la notion de fongibilité. Un actif dit fongible est interchangeable contre un autre actif de même nature, qualité et quantité. 

On pourrait penser que 1 BTC = 1 BTC mais en réalité, ça dépend de l’historique de leur utilisation car le moindre satoshi peut être retracé à la manière d’un grand livre de compte. Si une activité dans l’historique déplait (par exemple : bitcoins ayant servi pour un achat sur le darknet) à un potentiel acheteur, il préférera peut-être acheter des bitcoin fraîchement minés. Dès lors, la condition qu’un actif doit aussi être de même qualité pour être fongible n’est plus respectée.

Ordinals va utiliser ce principe de fongibilité à qualité variable pour transformer chaque satoshi en NFT potentiel sans sacrifier leur nature ou leur quantité. Pour parvenir à cet équilibre, les échanges ne pourront se faire qu’entre utilisateurs voulant utiliser les satoshis identifiés par le logiciel d’Ordinals. Les logiciels Bitcoin qui ne suivent pas cette méthode utilisent les satoshis comme paiement de frais de transaction et auquel cas, le NFT serait perdu.

Perdu, oui, car les NFT d’Ordinals sont stockés 100% onchain. Mais avec la limite de 80 octets imposée par la fonction OP_RETURN, comment Ordinals a trouvé la place pour des fichiers plus volumineux ? En profitant de la dernière mise à jour Taproot, qui assouplit les limites de taille de données témoins (comme les signatures) dans une transaction.

En conséquence, une transaction Ordinals peut donc remplir les 4Mo d’un bloc Bitcoin, soit 5000 fois la limite imposée par OP_RETURN !

Les revers de cet exploit

Ordinals – Inscription 247

Avoir réussi à profiter de tapscript de cette manière n’était pas prévu initialement par les développeurs de Taproot. Mais même si les transactions Ordinals sont prunables, elles soulèvent un certain nombre de questions et critiques. 

Premièrement, en passant par les données témoins, les frais de transaction sont moins chers qu’en utilisant la fonction OP_RETURN. Ensuite, en occupant tout l’espace d’un bloc, les transactions Ordinals risquent de ne laisser plus aucune place pour d’autres types de transaction financière. 

Bien entendu, d’autres blockchains et services sont plus adaptés pour minter des NFT en nombreuses éditions. Mais aujourd’hui, la possibilité d’avoir des NFT entièrement hébergés sur la blockchain la plus sûre qui existe met fin au statu quo concernant cette partie de l’identité de Bitcoin.

Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Tout comme l’a dit l’auteur qui a inspiré cet article, je ne pense pas être assez intelligent pour répondre à cette question.

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Konohime

Issu d'une formation artistique, et fort d'un parcours professionnel technique, j'évolue depuis plusieurs années dans l'univers blockchain, et plus précisément dans celui des Tokens Non Fongibles. Ma valeur ajoutée dans cet écosystème est de rendre accessible au plus grand nombre les enjeux et opportunités offertes par ces nouvelles technologies

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