Dark web : un rappeur russe fan de Bitcoin coincé par le FBI

Dans l’ombre du défunt exchange MtGox se trouve une autre plateforme d’échange : BTC-e. Cette dernière est soupçonnée d’avoir servi de plaque tournante pour le blanchiment des bitcoins volés sur MtGox. Saisis par la justice américaine en juillet 2017, BTC-e et sa base de données viennent de permettre l’arrestation d’un rappeur russe, accusé de blanchiment d’argent issu du Dark Web, notamment en bitcoin.

Rappeur le jour, blanchisseur la nuit sur le Dark Web

L’affaire, mise en lumière par The Block, concerne un jeune russe de 29 ans appelé Maksim Boiko, qui se faisait connaître sous l’alias de rappeur « Gangass« . Il a été arrêté le 28 mars à Miami par des agents du FBI.

L’homme est accusé d’avoir offert des services de blanchiment d’argent en collaboration avec le groupe international de cybercriminalité appelé « QQAAZZ ».

La découverte par les enquêteurs du FBI d’un compte de messagerie appartenant au rappeur dans une base de données d’utilisateurs de la plateforme d’échange BTC-e serait un des principaux éléments à charge contre l’individu, qui était dans leur collimateur car il étalait beaucoup trop sa richesse sur les réseaux sociaux.

Dark Web Gangass Maksim Boiko Flambeur
Étaler sa richesse sur son compte Twitter lorsqu’on trafique sur le Dark Web : mauvaise idée.

D’après les données saisies lors de la fermeture de BTC-e, le compte de Maksim Boiko aurait reçu près de 388 000 dollars de dépôts, avant de retirer environ 136 bitcoins.

Grillé par un agent spécial du FBI

Dans une déclaration sous serment datée du 27 mars, l’agent spécial du FBI Samantha Shelnick explique que le suspect a « sciemment et intentionnellement conspiré avec d’autres personnes (…) en vue de commettre des actes de blanchiment d’argent ». Et ce, à priori dès 2015, notamment dans le district ouest de l’État de Pennsylvanie.

Le rappeur et ses complices du groupe QQAAZZ offraient comme service à d’autres cybercriminels – via le Dark Web – l’accès à des comptes bancaires contrôlés par leur gang. Ces « clients » pouvaient alors recevoir et blanchir des fonds volés sur ces comptes.

L’erreur fatale de Maksim Boiko a été de conserver son adresse e-mail, qui est associée à son nom dans la base de données de BTC-e, avec qui plus est « Gangass » – son alias de rappeur – comme nom d’utilisateur sur la défunte plateforme.

Avec cette adresse de messagerie, le FBI a notamment pu retracer, grâce à des e-mails et des captures d’écran, des transactions d’au moins 35 000 dollars en bitcoins d’origine illicite, que le rappeur avait déposé sur Binance. Cela représentait 3 482 BTC à l’époque des faits, en juillet 2019.

Sous l’accusation de « conspiration de blanchiment d’argent« , Maksim Boiko et 5 autres suspects du groupe QQAAZZ risquent des peines pouvant aller jusqu’à 20 ans de prison.

Même si Monero (XMR) devient populaire parmi les pirates du Dark Web, on constate que Bitcoin a (malheureusement) lui aussi encore toute sa place au sein des activités de cybercriminalité organisée.

Image : Shutterstock.com

Rémy R.

Issu d’une formation universitaire en Sciences, je m’intéresse aux blockchains et à Bitcoin depuis 2013 et en ai même miné à l’époque. La bulle qui s'en est suivie m'en a détourné, mais je m'y suis replongé depuis 2017 et les étudie depuis avec passion.