Cryptomonnaie : la Chine durcit la lutte anti-blanchiment et cible les transactions crypto
Une bonne nouvelle, vraiment ? On peut lire ici ou là sur les réseaux sociaux que la Chine est sur le point de lever l’interdiction des cryptomonnaies dans le pays, mais la réalité est bien plus nuancée. Dans les faits, tout ce que l’on sait est que la Cour Suprême du pays s’apprête à modifier la loi anti-blanchiment d’argent datant du 1er janvier 2007 et qu’il est question de répertorier les transactions virtuelles comme une méthode de blanchiment. Depuis, des personnalités fortes de l’écosystème comme Justin Sun en ont déduit que cela était un signe positif d’un changement de politique du géant chinois et que cela pavait la route vers un assouplissement de la répression anti crypto. Mais rien n’est moins sûr et d’autres voix s’élèvent pour tempérer l’enthousiasme général. On fait le point sur tout ça avec les dernières informations disponibles.
Les autorités chinoises ont annoncé le renforcement des lois anti-blanchiment d’argent et cité la cryptomonnaie
Le 19 août dernier, lors d’une conférence rassemblant la Cour Suprême, le bureau du procureur et d’autres instances de la justice chinoise, une déclaration conjointe a été faite qui reconnait « les actifs virtuels comme des moyens de faire des transactions ». Voilà pour la bonne nouvelle, car immédiatement, les autorités précisent que ces actifs virtuels sont surtout répertoriés comme l’une des méthodes de blanchiment d’argent !
Le texte datant de 2007 se verra donc amender et les tribunaux reconnaitront désormais que « le transfert et la conversion de fonds illégaux en transaction numérique » sera couvert par les textes de loi qui précisent déjà le caractère illégal de « la dissimulation de la source et de la nature de fonds issus d’activités criminelles ». Les contrevenants sont passibles de sanction allant de 10 000 à 200 000 yuans (soit de 1 400 à 28 000 dollars) pour les infractions les plus graves. Des peines de prison de 5 à 10 ans sont également prévues par ce texte.
Les observateurs sont divisés sur la portée de cette loi et sur sa signification
Voilà la nouvelle qui a donc déclenché les espoirs les plus fous d’une partie de la cryptosphère qui y a vu le début d’un assouplissement de la politique chinoise envers les cryptomonnaies. Est-ce que le simple fait de les reconnaitre comme moyen de paiement, même illégal, peut suffire à être bullish ? Pour Justin Sun, le célèbre entrepreneur crypto, la réponse est oui et il publie dans la foulée le message ci-dessus sur le réseau social X. Cette position a d’ailleurs fait écho à d’autres prises de parole sous-entendant la même chose.
On peut citer par exemple Mike Novogratz, le PDG de Galaxy Digital, qui déclarait début juillet qu’il avait vu et entendu des informations qui suggéraient que « la Chine était susceptible de lever l’interdiction de Bitcoin ». Mais devant cet enthousiasme auto-suggéré, des spécialistes locaux du sujet comme Yifan He, PDG de la société blockchain chinoise Red Date Technology, ont préféré tempérer l’ardeur générale. Pour le capitaine d’industrie Web3, « la Chine ne permettra jamais à ses citoyens d’échanger librement Bitcoin en utilisant la monnaie locale ».
Bien sûr, le Parti communiste ne communique pas sur son agenda secret et même si la finalité est bien de lever un jour l’interdiction de Bitcoin dans le pays, les médias occidentaux seront probablement les derniers informés ! Cependant, en écrivant noir sur blanc les mots actif numérique dans un texte de loi, la Chine a bien officiellement pris acte de leur existence. Et comme l’aurait dit Lao Tseu, le philosophe local : « un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas ».