Bitcoin : Le paradoxe de l’adoption grandissante du BTC

Adopte-moi si tu peux. Le Bitcoin évolue – et résiste – au rythme effréné des innovations du secteur des cryptomonnaies. Une course en avant qui lui a récemment valu de se voir transformé en copie d’Ethereum, avec l’arrivée des jetons BRC-20 et autres NFT Ordinals. Mais une autre étape d’envergure vient également d’être franchie en janvier dernier, avec l’approbation historique de ses ETF au comptant par la SEC des États-Unis.

Un simple changement de paradigme pour certains, mais un véritable paradoxe au regard de ses origines Cypherpunk et libertaires. Car comment justifier que le BTC soit passé d’un projet de monnaie autonome et décentralisée au dernier joujou à la mode de sociétés comme BlackRock ? Cela au point d’avoir possiblement réduit à néant les records volatils de la première des cryptomonnaies…

Bitcoin : de monnaie numérique à actif risqué

Le Bitcoin est en train de vivre un changement de cap décisif, fortement marqué par la récente approbation des ETF au comptant made in US. Car depuis cette période, les acteurs de la finance traditionnelle ont fait du BTC leur nouvel actif risqué de référence, avec un succès sans équivalent sur les 30 dernières années.

Une évolution étrangement soutenue par une importante majorité de maximalistes du Bitcoin. Il faut dire que les rendements promis peuvent paraître plus attractifs que le fait de défendre les idéaux historiques inscrits en toutes lettres dans son white paper par Satoshi Nakamoto. Surtout si l’on considère que la chaîne HBO doit prochainement révéler son identité au grand jour.

La révolution du Bitcoin serait-elle morte avec l’approbation des ETF au comptant ?

« Le commerce sur Internet en est venu à reposer presque exclusivement sur les institutions financières agissant comme tiers de confiance afin de traiter les paiements électroniques. Alors que le système fonctionne suffisamment bien pour la plupart des transactions, il souffre de faiblesses inhérentes au modèle de confiance ».

White paper du Bitcoin

En effet, il s’agit à la base d’un « système de paiement électronique pair-à-pair ». C’est-à-dire en capacité d’effectuer « des paiements en ligne directs d’une partie à l’autre sans passer par une institution financière ». Mais ça, c’était l’objectif en 2009.

Une vocation récemment remise en cause par le très (trop) enthousiaste Michael Saylor. Car sa société MicroStrategy est en train d’acquérir plus de 1 % de la supply du BTC pour gonfler une trésorerie moribonde. Cela tout en annonçant à qui veut bien l’entendre que le statut de monnaie du Bitcoin serait finalement un « malentendu fondamental ».

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D’alternative au dollar à solution pour la dette américaine

Un pari gagnant, en termes de performances. Mais un échec cuisant, si l’on considère que le Bitcoin avait pour vocation d’échapper aux instances qui sont en train d’en prendre le contrôle. Cela au point d’être envisagé par le candidat Donald Trump comme une solution pour régler le problème de la dette américaine. Qui aurait pu l’imaginer !

Et la frontière dressée par Satoshi Nakamoto entre finance traditionnelle et Bitcoin s’efface inexorablement, au détriment de ses valeurs initiales. Avec le risque évident de voir sa volatilité légendaire tenue en laisse par le patron de BlackRock. Ce dernier devenu le défenseur improbable de son statut de « monnaie alternative mondial émergente ». La boucle est bouclée…

L’arrivée de BlackRock sur le marché du Bitcoin est-elle réellement une bonne chose ?

Car les instances de contrôle ont cette capacité à absorber ce qui les rejette pour en faire un nouvel élément de leur succès toujours plus important. Ce qui pourrait donner à terme un BTC totalement corrélé aux mouvements du marché des actions. Et des maximalistes du Bitcoin en train de surveiller les déclarations du président de la Banque centrale des États-Unis (Fed). Et personne ne semble saisir l’ironie en cours ?

De réseau décentralisé à sociétés cotées en bourse

Dans le même temps, les sociétés minières deviennent des géants cotés en bourse. Avec le risque de voir le réseau du Bitcoin perdre son indépendance vis-à-vis des exigences de censure imposées par ceux qui en détiennent les clés réglementaires… ou financières.

Car il suffira ensuite de faire trembler les dividendes des actionnaires pour que ces entreprises décident de suivre les recommandations des instances de contrôle, comme l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) des États-Unis.

Le réseau du Bitcoin est-il résistant à la cupidité ?

Il suffit de se remémorer la politique du Bitcoin « propre » menée par le géant Marathon Digital en 2021. Ce qui consistait alors à exclure de la validation de ses blocs toutes les transactions « figurant sur la liste des ressortissants spécialement désignés et des personnes bloquées (SDN) du département américain du Trésor ». Une question déjà très polémique à l’époque…

« Bien que nous appréciions l’appétit de certains mineurs pour le traitement des transactions sans discernement, nous sommes convaincus qu’en tant que société cotée en bourse basée aux États-Unis et visant à permettre une adoption plus institutionnelle du Bitcoin, il est de notre responsabilité de suivre la réglementation américaine. Nous pensons qu’une telle exploitation minière conforme à la réglementation nous permettra de produire du Bitcoin propre ».

Merrick Okamoto, PDG de Marathon Digital

Quel avenir pour le Bitcoin ?

Des interrogations récemment soulevées par Jason Dehni, cofondateur de la plateforme DeFi Credbull, dans les colonnes du média crypto CoinTelegraph. Avec la perspective d’éviter au Bitcoin de devenir une cryptomonnaie à vocation dystopique, comme cela était déjà envisagé en 2020.

« Le destin dystopique n’est pas un résultat inévitable. La responsabilité d’agir, avec un but, incombe toujours aux natifs du secteur des cryptomonnaies, et plus précisément à ceux qui prétendent être maximalistes du Bitcoin ».

Jason Dehni

Car l’arrivée de la finance traditionnelle et de ses accointances boursières dans l’équation Bitcoin change définitivement la donne. Et elle pose notamment la question de savoir quelle vision l’on souhaite soutenir dans le cadre du développement à venir de cette cryptomonnaie emblématique.

Le Bitcoin se trouve actuellement à la croisée des chemins. Un constat effectué jusque dans le déroulé de son bull run, possiblement inscrit comme la première édition d’une version « Supercycle » débarassée de son lien aux halvings. Deviendra-t-il un nouvel actif au service de la finance traditionnelle. Ou saura-t-il rester cette monnaie numérique hors de tout contrôle ? Le débat est loin d’être terminé…

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Hugh B.

Passionné depuis de nombreuses années par l’univers décentralisé des cryptomonnaies et le développement du Web3 j’attache une grande importance à la vulgarisation pour rendre les choses compréhensibles et accessibles à tous. Je suis également un auteur publié.