Le dollar, devise majoritaire du panier de devises du stablecoin Libra
D’informations révélées par le média allemand Spiegel, la Fondation Libra a dévoilé la composition exacte du panier de devises qui feront office de sous-jacent au stablecoin Libra de Facebook.
Absence confirmée du Yuan chinois et prédominance du dollar US, que dit cette composition des luttes de pouvoirs derrière cette première « monnaie des GAFAM ».
La question à 1 milliard de dollars
Si l’intégralité du projet Libra provoque des réactions hostiles à travers le monde, contraignant ses dirigeants David Marcus et Bertrand Perez à jouer les VRP internationaux sous l’œil méfiant des régulateurs, une question en particulier revient de manière lancinante : quelle sera la composition du panier de devises qui servira de sous-jacent à la Libra ?
On rappellera en effet que la Libra sera un stablecoin, dont la valeur sera soutenue dans un premier temps par une trésorerie d’1 milliard de dollars. Ce confortable sous-jacent est supposé être réuni par la réunion de 100 membres au sein de la Fondation Libra, chacun d’entre-eux acceptant d’apporter 10 millions de dollars en contrepartie de la gestion d’un des 100 premiers nœuds du réseau. Enfin, conformément au Livre Blanc de Libra, ce milliard de dollars aura vocation a être investi dans un panier de devises fiat, sélectionnés pour leur solidité et leur stabilité.
Ce point en particulier constitue le nerf de la guerre, particulièrement pour les autorités américaines qui ont multiplié les auditions des cadres de Libra devant le Sénat, tout autant que les signes de défiance vis-à-vis du projet, soupçonné de pouvoir impacter la souveraineté des nations (passons), voire concurrencer le dollar (pas question !).
Un peu d’euros, beaucoup de dollars, et un grand absent
C’est ainsi en réponse à la question du régulateur allemand Fabio De Masi, rapportée par le média Spiegel que Facebook a finalement communiqué la nature de la composition du panier de devises Libra qui comportera :
- Du dollar, qui représentera 50% du panier,
- de l’euro pour 18%,
- du yen avec 14%,
- de la livre sterling avec 11%
- et enfin un peu de dollars de Singapour à hauteur de 7%
Pas la moindre trace du yuan chinois. Cette condition faisait en effet partie des exigences du Sénat américain, et plus particulièrement du sénateur Mark Warner qui c’était fait le porte-parole de la position américaine : hors de question que la monnaie nationale chinoise fasse partie du panel de devises du stablecoin.
S’il subsistait le moindre doute, les choses sont désormais officielles : aussi « universelles » que soient les ambitions de Facebook, le projet Libra sera nécessairement américano-centré, ce qui était très précisément ce qu’anticipait la Chine dont Wang Xin le Président de la Banque centrale déclarait il y a plusieurs mois :
« Si [la Libra] est étroitement associée au dollar américain, cela pourrait créer un scénario dans lequel les monnaies souveraines coexisteraient avec les monnaies numériques centrées sur le dollar américain. Cependant, il y aurait essentiellement un seul patron, à savoir le dollar américain et les États-Unis. Si tel était le cas, cela aurait une série de conséquences économiques, financières et même politiques à l’échelle internationale. »
Bien sûr, tout le monde aura remarqué que si Libra semble fondamentalement innovante, il y a tout de même un autre grand absent aux côtés du Yuan chinois. Faisons un peu de prospective : si Libra existe bel et bien un jour, en quelle année le consortium ajoutera Bitcoin ? Qui Libra verra.