Pas de traces du Petro à l’horizon

Pourtant officiellement annoncée par le président du Venezuela en personne, la cryptomonnaie locale, le Petro, aurait dû être émise avec, non seulement des réserves de pétrole comme garantie, mais aussi de l’or et des diamants. Quelques mois plus tard, après une émission importante de cette dernière, le bilan est loin d’être brillant : aucun utilisateur, pas d’investisseur et aucune commodité n’assurent sa garantie.

La révolution crypto au Venezuela ne sera pas pour demain

Le Venezuela n’a pas encore fini de faire parler de lui… et est loin de s’attirer les éloges de la sphère crypto internationale. Après moult interventions du président Nicolás Maduro concernant sa proposition de cryptomonnaie nationale et l’adoption de cette dernière par d’autres États voisins, serions nous en mesure d’avancer aujourd’hui que le Petro est un échec ? L’agence de presse Reuters a publié cette semaine un rapport quelque peu alarmant. Lors d’une interview en janvier dernier, le président avait dévoilé un document expliquant entre autres la mise à disposition des barils de pétrole issus du gisement pétrolier certifié Ayacucho, n°1 dans la ceinture pétrolière d’Orinoco.

Mais quelques mois plus tard, et une fois sur place, de nombreuses questions se posent. Est-ce vraiment ici, à Atapirire, que le pétrole garantissant le Petro est bel et bien situé ?Serait-ce réellement sur ces photos prises dans la région, que nous pouvons apercevoir un quelconque élan du gouvernement qui lui-même assurait mettre 5 milliards de barils de pétrole brut à disposition pour la création du Petro ?

Atapirire-gisement-pétrole
Sources: Reuters

Même si l’infrastructure laisse actuellement à désirer, le doute peut survenir ; pas pour les habitants de la région qui, eux, sont formels; avançant qu’aucun effort n’a été fait de la part du gouvernement. Quand on évoque alors qu’une quelconque révolution financière pourrait être issue de cette contrée, les villageois ne cachent pas leur mécontentement.

“Il n’y a aucun signe du Petro ici”

Questionné sur l’existence d’un quelconque développement d’envergure Igdalia Diaz, un artisan, s’empresse d’avancer ces quelques mots : “il n’y a aucun signe du Petro ici” montrant alors aux journalistes l’école en ruine de la ville, les routes délabrées et mentionne les nombreuses pannes fréquentes qui touchent la totalité des habitants qui mangent rarement à leur faim. Idem pour le manque d’eau courante, la couverture et la qualité des services mobiles…

Cette situation semble bien être la même dans presque toute la totalité du pays et le Petro vénézuélien y est alors très difficile à déceler. Cette même cryptomonnaie ne semble pas être disponible sur les exchanges de taille et aucun magasin local ne semble l’accepter. Rappelons que d’après les dires du président, l’ICO du Petro avait atteint le seuil record de $ 5 milliards, que le « coin » était échangé mais aussi actif. Quant à son ministre, lui semble être plus réservé soulignant que la technologie sous-jacente du Petro était encore en plein développement et que de nos jours, personne ne dispose du fameux token national.

Petro PTR Maduro exchange venezuelaAlors peut-être, faudra-t-il se rendre au cabinet du “surintendant des cryptomonnaies” pour y voir plus clair ou même tout simplement consulter la page internet qui lui y est consacrée ? Ni la première option ni la deuxième option semblent amener des éléments de réponse : le site internet ne fonctionne pas et le réceptionniste du Ministère des Finances (là où est logé le surintendant des cryptomonnaies) répond tout simplement que ce dernier “n’a pas encore de présence physique” dans les locaux.

Le Petro commence mal l’année scolaire… Absent !

Sources : Bitcoin.com ; CCN ; CoinTelegraph || Image from Shutterstock

Jean-Armand Figeac

Jean-Armand est basé à Zürich et travaille depuis 2018 comme Consultant Blockchain pour l’entreprise phare du marché suisse des télécommunications . Son parcours dans la Fintech a débuté en 2016 comme analyste risque de crédit au sein d’une start-up Zurichoise. Il a oeuvré de nombreuses années pour diverses entreprises internationales de renom, des PME et TPME sur trois continents durant ces dix dernières années. Diplômé d’un Master en Banque et Finance de l'Université de Lucerne, Jean-Armand passe la majeure partie de son temps libre à perfectionner ses connaissances dans les langues étrangères telles que le russe, le swahili, l’arabe et l’allemand.