Polygon, un hardfork pour améliorer les performances

De l’importance d’une constante remise en question – Il n’aura suffi que de quelques semaines pour que Polygon se décide à effectuer une mise à jour sur sa chaîne en preuve d’enjeu. En effet, l’équipe de Polygon Labs a récemment annoncé avoir décidé d’effectuer un fork afin d’améliorer la résilience du réseau vis-à-vis du risque de réorganisation et de diminuer les frais de transaction lors des pics d’utilisation.

Polygon continue sa course au layer 2

Lancée fin 2017 afin de pallier aux difficultés de mise à l’échelle rencontrées sur Ethereum, Polygon représente aujourd’hui une véritable suite de solutions de scalabilité toutes plus innovantes les unes que les autres, dont la plupart sont encore en phase de développement.

Parmi elles, la célèbre chaîne en preuve d’enjeu constituant une solution de scaling EVM-compatible, tantôt considérée comme une side chain, tantôt comme une solution de seconde couche. Décrite par l’analyste DeFi Finematics comme une Commit Chain, elle est en réalité un mélange des deux :

  • Sidechain car il s’agit d’une chaîne séparée disposant de son propre mécanisme de consensus
  • Layer 2 car elle utilise le layer 1 Ethereum pour certains éléments de son consensus afin d’améliorer la sécurité

Par ailleurs, Polygon développe également des solutions utilisant les zk-SNARKs et les zk-STARKs, entre autres.

Ensemble des solutions proposées par Polygon.
Ensemble des solutions proposées par Polygon
Source : Polygon.technology

Un fork améliorant sécurité et performance

Proposée il y a quelques semaines dans les suites d’un débat animé au sein de la communauté Polygon, la mise à jour implique une scission de la chaîne puisqu’elle touche aux règles propres du protocole. Ainsi, tous les nœuds validateurs devront effectuer la mise à niveau, sans quoi le logiciel client serait caduque. Elle aura lieu aujourd’hui.

L’objectif est double :

  • Diminuer les frais de transaction en période de forte activité : la chaîne en preuve d’enjeu de Polygon est certes une solution de scaling, elle n’en est pas pour autant infaillible. Pour preuve, elle a ponctuellement subi de fortes congestions lors du précédent cycle haussier. La proposition du fork consiste à doubler la valeur « BaseFeeChangeDenominator », conduisant à des frais de bases plus élevés et à un lissage du taux d’augmentation de ces derniers en période de forte sollicitation.
  • Diminuer les réorganisations de la chaîne : rappelons que les réorganisations correspondent à des modifications de l’ordre des derniers blocs de la chaîne, à l’ajout ou au retrait de certains, voire à la suppression d’un bloc préalablement validé en cas d’attaque par concentration de staking. Elles peuvent être induites par une erreur technique du réseau mais surtout par une attaque malveillante. Elles sont permises par l’aspect probabiliste de toute chaîne de bloc, que ce soit en preuve de travail ou en preuve d’enjeu. En quelques mots, il suffit que les noeuds validateurs reçoivent une version plus longue de la chaîne (dite canonique, potentiellement construite par un acteur malveillant). Dès lors, ils occulteront la chaîne initiale dont les derniers blocs peuvent ne pas correspondre à la nouvelle chaîne. Pour prévenir une telle situation, Polygon propose de réduire la quantité de blocs produits à la suite par un même validateur au sein du BOR (Block Producer Layer) de 64 à 16, permettant ainsi de réduire la durée nécessaire pour confirmer les blocs et aboutissant à un risque moindre de réorganisation pendant cet intervalle.

Précisons que ce fork ne concerne aucunement les détenteurs de tokens MATIC pour qui cette transition sera parfaitement invisible. Les applications construites sur le réseau ne seront évidemment pas concernées non plus et bénéficieront pleinement de la réduction des réorganisations dans la fluidité de leurs services.

Polygon affirme donc son dynamisme et son souhait de constamment améliorer la qualité de ses solutions de mise à l’échelle. Un hardfork présente certes des risques, mais s’avère nécessaire afin d’améliorer les fondations d’un protocole blockchain au fil des innovations et des rétrospectives. Celui-ci devrait permettre d’améliorer à la fois la sécurité et la scalabilité de la commit chain Polygon.

Tristan A

Issu du milieu médical, j’ai découvert les protocoles Bitcoin et Ethereum durant l’année 2017. Électrisé par cette révolution technologique en expansion, principalement du fait des propriétés de décentralisation et d'émancipation des tiers de confiance qu’elle tend à développer, je n’ai cessé depuis d’y accorder une grande partie de mon temps libre et souhaite pouvoir contribuer positivement à son développement.